Zineb, Jeanne d’Arc 2.0 d’une France d’attardés
La France adolescente
Zineb El Rhazoui en septembre 2019 © Olivier-Guy Demoulin / BELGA MAG / Belga / AFP
La polémique suscitée par les propos de Zineb El Razhoui au sujet des émeutes de Chanteloup et du Val-Fourré démontre que la France est retombée… en adolescence.
Notre pays semble être tombé dans le piège de l’adolescence! Qu’est-ce qu’un adolescent ? C’est un parasite qui ne produit pas encore (contrairement à l’adulte), ne défend pas son pays (contrairement au soldat) et qui navigue dans les limbes de l’impunité car il n’est pas encore tout à fait quelqu’un c’est-à-dire un citoyen. Il est d’ailleurs couvert par un code pénal spécial pétri de douceur et obsédé par l’oubli. En somme, l’adolescent n’est pas responsable de ce qu’il fait, il ne devrait pas être pris au sérieux mais notre civilisation décadente lui prête l’oreille et se pâme d’effroi à chacun de ses états d’âme.
La France aujourd’hui est une nation teen voire girly. Elle se fabrique des tempêtes dans un verre d’eau comme les sœurs Kardashian font semblant de se disputer autour d’un brunch dans une de leurs résidences de Los Angeles. C’est du pur spectacle où l’on ne sait pas s’il y a quelque chose à retenir, un enseignement à emmener chez soi pour le méditer. Les sens sont sidérés par les courbes généreuses alors que l’esprit tourne à vide.
Pire, les hommes et les femmes politiques ajoutent au médiocre de la situation en acceptant de cohabiter sur des plateaux télévisés avec des rappeurs mal-élevés et des humouristes qui ont troqué les bons mots pour les éléments de langage de la « mauvaise » diversité. Aucune parole ne porte, tout est superficiel et interchangeable. La preuve en est que certains « artistes » se sentent obligés de menacer voire d’appeler à la persécution de leurs adversaires afin d’exister dans le débat public qui est devenu une sorte de flux continu d’images et de sons. On se croirait sur MTV tard dans la nuit : les clips défilent les uns après les autres et n’émergent que les femmes aux fesses les plus rebondies et les répliques de kalachnikof les plus réussies. Si la vie est devenue un clip de hip hop, alors faire de la politique revient à gesticuler et être la caricature de soi-même.
Jeanne d’Arc 2.0
Pour la première fois de ma vie, je serais d’accord avec Sayid Qutb et les islamistes du monde entier : le monde occidental, avec la France à sa tête, n’a plus rien à dire à l’Humanité sur le plan moral, bien qu’il garde encore sa primauté industrielle et scientifique. Nous sommes des Néron connectés au wifi et nous confondons les avancées de l’électronique avec la grandeur et la puissance. C’est pour quand l’incendie de Rome ? Il a peut-être déjà commencé à Chanteloup et au Val-Fourré.
Et Zineb El Razhoui dans tout cela ? Elle est une héroïne malgré elle. Elle se retrouve à vivre sous protection policière et à occuper le rôle d’une « Jeanne d’Arc 2.0 » alors qu’elle n’a commis aucun acte de bravoure. Zineb a simplement rappelé la loi, c’est-à-dire la légitime défense des policiers. Elle n’a fait que souligner le fondement même de la civilisation : le monopole légitime de la violence accordé à l’Etat et à lui seul. Cette preuve de bon sens lui vaut aujourd’hui d’être haïe par les uns et portée au pinacle par les autres: c’est la preuve que la France est en débâcle.
Bientôt, le simple fait de payer la facture EDF sera un acte d’extrême courage, un geste digne de l’appel du 18 Juin… Dire bonjour à son voisin de palier un prétexte pour recevoir la Légion d’Honneur… Triste France !
Zineb est une héroïne, non pas parce qu’elle sort de l’ordinaire. Elle mérite le respect parce qu’elle aime la France plus qu’une grande partie des élites qui ont trahi, plus encore que le peuple qui sent que son pays est à la dérive mais ne fait rien pour s’opposer au cours des choses. Les uns ont vendu le match (les élites ou une partie d’entre elles), les autres attendent un homme providentiel (le peuple). Zineb, elle, prend ses responsabilités: elle rappelle les Français à la loi.
Inversion des valeurs et enfer sur Terre
Oh les pauvres petits enfants traumatisés par l’idée même qu’un policier puisse utiliser son arme de service! Oh les pauvres élus des banlieues qui risquent de voir trente ans de vivre-ensemble ruinés par une patrouille de la BAC! Oh les pauvres experts qui frôlent l’infarctus à l’idée même de déplaire aux musulmans ou à ce qu’ils estiment être leurs représentants!
Personnellement, si quelqu’un estime qu’un rappeur qui chante « nique ta mère » à tout bout de champ me représente en tant que musulman, eh bien il aura mon mépris en retour. Un musulman qui se respecte est représenté par un homme ou une femme de caractère, un être qui s’élève au-dessus des pulsions et des instincts pour tutoyer l’Histoire. La question qui tue est la suivante: mais où sont-ils ? où sont-elles ?
Personne n’est obligé d’être d’accord avec Zineb sur l’Islam, l’islamisme et la place de la religion dans une France multiethnique. Personne n’est obligé de lui répondre ou de polémiquer avec elle.
Sur ses déclarations relatives à Chanteloup, je lui signe toutefois un satisfecit. Sans aucune arrière-pensée. Elle n’a fait que son devoir républicain.
Cojones...
Et je permettrai aussi de rendre hommage à ces policiers qui risquent le traumatisme crânien à chaque intervention. De tirer mon chapeau aussi pour ces centaines de CRS et de gendarmes d’origine maghrébine, du Sahel ou des Antilles : personne ne pense à eux. Les seuls arabes et noirs qui semblent intéresser le camp du politiquement correct sont les délinquants et les marginaux, jamais les policiers, les magistrats ou les universitaires. Enfin, je m’incline devant ces parents, ces mères seules, ces pères humiliés par le chômage, qui cohabitent au quotidien avec ces sauvageons. Plusieurs d’entre eux n’ont pas su transmettre à leurs enfants les valeurs nécessaires pour éviter la drogue, les incivilités et l’échec scolaire. Tout cela il faut le dire et le reconnaître mais il faut admettre aussi le drame intime de ces adultes qui, du jour au lendemain, doivent obéir à leurs enfants. Quelle inversion de valeurs! Quelle vision de l’enfer sur terre! Je préfère mille fois le patriarcat à la tyrannie des adolescents mal-élevés ou la dictature des grands frères.
Pour conclure, je rendrais aussi hommage aux féministes. En effet, le courage de Zineb et sa détermination prouvent qu’avoir des « cojones » n’est pas une question de biologie ou d’hérédité. Ces attributs s’acquièrent par le travail sur soi et la conscience politique. La posture et l’attitude sont des constructions morales et non physiologiques. Oui, Zineb a plus de « cojones » que plusieurs hommes ou assimilés.
France, méfie-toi de l’envahisseur tibétain!
Est-ce que Zineb ou tant d’autres femmes lucides peuvent défendre la France contre les dangers qui l’encerclent? Je crains que non. Une nation adolescente est une nation « prenable » car elle crache sur ceux qui doivent la défendre: ses parents. L’autorité est laminée car les politiques ont cru que refuser de gouverner allait leur assurer la popularité.
Ils se rendent compte, petit à petit, que les gens les détestent précisément parce qu’ils sont des mauvais chefs. Et quand on déteste son chef, on n’a pas tendance à porter les armes pour le défendre ni à se sacrifier pour les valeurs qu’il incarne. Nous sommes comme les Balkans à la fin du XVe siècle : une terre fatiguée de ses seigneurs, en colère contre ses « grands » et prête à être prise par le premier envahisseur venu. À l’époque, la « délivrance » portait le nom du Grand Turc. De nos jours, n’importe quel gang de moines tibétains peut prétendre nous soumettre: il suffira de jeter des parpaings sur la BAC et crier au racisme à chaque cocktail molotov tiré…
Source : Causeur
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