Violences policières : RSF et 13 journalistes déposent plainte
Des CRS lors d’une manifestation à Nantes, le 17 décembre 2019. (LOIC VENANCE / AFP)
« Des journalistes et des photoreporters ont été violentés ou blessés dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions mais l’institution judiciaire ne semble pas s’en émouvoir. »
RSF a déposé plainte vendredi 20 décembre aux côtés de treize journalistes s’estimant victimes de violences policières pendant les manifestations des « gilets jaunes », a annoncé l’ONG. RSF a déposé plainte auprès du parquet de Paris pour « violences volontaires et atteintes aux biens commises par personnes dépositaires de l’autorité publique », précise l’ONG dans un communiqué.
A La Rochelle, le photographe Xavier Léoty avait eu le genou fracturé suite à un tir de LBD le 12 janvier 2019. A Rennes, le photographe Jean-Claude Moschetti avait reçu un impact de grenade lacrymogène à l’oeil, suscitant une perte de vision partielle pendant plusieurs jours.
La plupart de ces journalistes déclarent avoir été délibérément visés, comme le photographe Adrien Lévy-Cariès, matraqué le 1er décembre 2018 dans un restaurant près de l’Arc de Triomphe. Carine Schmitt, Frédéric Scheiber (agence Hans Lucas), Pierre Angelergues (Konbini) ou Lucas Léger (RT) font également partie des plaignants.
« Nous portons plainte aujourd’hui afin que ces violences soient sanctionnées et leurs auteurs condamnés », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, « mais aussi pour amener les pouvoirs publics à revoir en profondeur la gestion du maintien de l’ordre dans les mouvements sociaux, pour qu’enfin les journalistes ne soient plus ciblés par certains fonctionnaires en charge du maintien de l’ordre ».
350 médias et journalistes ont dénoncé des « multiples violences d’Etat »
RSF avait dénombré au moins 54 cas de journalistes blessés durant les seuls six premiers mois de manifestations, dont 12 sérieusement par les forces de l’ordre.
« Des journalistes et des photoreporters ont été violentés ou blessés dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions mais l’institution judiciaire ne semble pas s’en émouvoir. Cela est inadmissible », ajouté l’avocat Emmanuel Daoud, qui représente les treize journalistes et RSF.
Plus de 350 médias et journalistes de terrain avaient dénoncé en mai dans une tribune des « multiples violences d’Etat » et demandé au gouvernement de prendre « les mesures nécessaires pour que les forces de l’ordre cessent » de les « harceler » et les laissent travailler « librement ». Emmanuel Macron avait alors promis que « des actions » seraient engagées pour sanctionner les violences policières délibérées contre des journalistes pendant ce mouvement.
Mais le 5 décembre encore, dans un cortège parisien contre la réforme des retraites, le journaliste turc Mustafa Yalcin avait été grièvement blessé à l’oeil par une grenade de désencerclement.
Source : Le Nouvel Obs
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