Violences conjugales : un groupe de gendarmes spécialisés dans le Nord
Ce samedi 25 novembre, c’est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Dans le Nord, une brigade spécialisée a vu le jour au sein des gendarmeries d’Estaires et de Merville. Autre initiative dans la région : le téléphone grave danger.
La journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes a lieu ce samedi 25 novembre. En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. Selon une enquête menée ces cinq dernières années par l’observatoire national des violences faites aux femmes, 225 000 femmes déclarent, en moyenne chaque année, avoir subi des violences physiques de la part de leur conjoint, mari, ou ex compagnon. Seule une sur cinq dépose plainte, une sur dix se tourne vers une association, une sur dix seulement appelle l’un des numéros verts, par exemple le 3919.
Groupe spécialisé chez les gendarmes des Flandres
Pour mieux protéger les femmes victimes de violences, la gendarmerie a créé, dans les Flandres, un groupe spécial « atteintes aux personnes », au sein des brigades de Merville et d’Estaires. Ce groupe est composé de cinq gendarmes, trois femmes, deux hommes. A chaque fois qu’une personne se présente, pour des violences, elle est reçue par l’un des membres de cette cellule spécialisée. Arnaud Degaigne, l’un des enquêteurs, à Estaires, constate qu’il n’est pas « toujours évident de pousser la porte d’une gendarmerie. Le but de ce groupe, c’est d’avoir des personnes qui ont les bons réflexes, pour apporter les bonnes réponses« .
On rentre dans la sphère familial des gens
La phase suivante, c’est celle de l’enquête. La présence de ce groupe, 365 jours par an, permet d’aller plus vite. Vianney Vanagt commande la compagnie de gendarmerie d’Hazebrouck, et il constate que « c’est un travail très long et difficile. On rentre dans la sphère familiale des gens, sans témoins, et c’est souvent parole contre parole. Il y a un énorme travail d’enquête« .
Reportage auprès du groupe « atteinte aux personnes » des gendarmerie d’Estaires et Merville
Téléphone grave danger
Parmi les autres dispositifs qui existent dans la région pour protéger les femmes victimes de violence : le téléphone grave danger. Un téléphone directement connecté avec les secours, pour les femmes dont l’ex-conjoint risque de réitérer ses agressions.
A l’arrière du téléphone, un petit bouton permet, d’une seule pression, d’être mis en relation avec une plateforme, qui peut prévenir immédiatement police ou gendarmerie en cas d’agression. Trois femmes en sont dotées aujourd’hui par le Parquet de Lille, toutes séparées du conjoint violent, qui lui fait l’objet d’une interdiction d’entrer en contact avec sa victime. Le téléphone grave danger est géo-localisable, les secours savent donc où intervenir, en quelques minutes. Ils connaissent également toutes les données qui permettent d’accéder au plus vite au domicile de la victime (étage, code, numéro d’appartement…).
On évite des drames
Marie-Eve Brunet, substitut du procureur, rencontre toutes ces femmes avant de leur remettre l’appareil, elle explique que ces femmes ont ainsi « un sentiment de reconnaissance de leur statut de victime, du danger qui pèse sur elles. Avec ce téléphone, elles se sentent en sécurité. On évite des drames« . Depuis sa mise en service dans la métropole lilloise, il y a un an, le téléphone grave danger a été activé une fois : l’homme violent avait quitté les lieux avant l’arrivée de la police, en moins de dix minutes.
Politique de fermeté face aux violences faites aux femmes
Face aux violences au sein du couple ou dans la sphère familiale, la réponse pénale se veut ferme et rapide. Le procureur de la République de Lille, Thierry Pocquet du Haut-Jussé, rappelle que « c’est un axes prioritaires de la politique pénale. On essaie de faire en sorte qu’à tous les niveaux, même le plus bas, il y ait une protection. Et aussi une réflexion du mis en cause sur ses actes, quand les faits sont les moins graves. Mais une réaction très ferme, de type comparution immédiate, éloignement du mis en cause, lorsque les faits sont plus graves. »
Thierry Poquet du Haut-Jussé, procureur de la République de Lille
Source : France Bleu
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