VIDEO. Affaire Lelandais : une ex-compagne témoigne
Pour la première fois, une ex-compagne de Nordahl Lelandais témoigne à la télévision. Elle évoque son « histoire assez fusionnelle » avec un homme à la fois « plutôt froid » et « très emporté », qui aurait tourné au harcèlement et à la terreur quand elle a décidé de rompre. Dans cet entretien pour « Envoyé spécial », elle estime que la gendarmerie ne l’a jamais prise au sérieux quand elle est venue porter plainte.
Elle a partagé la vie de Nordahl Lelandais pendant près d’un an et demi, de mai 2015 à décembre 2016. Soit quelques mois avant l’arrestation de l’ancien militaire. Aujourd’hui, Karine (le prénom a été modifié) a donné rendez-vous aux journalistes d' »Envoyé spécial » à Grenoble. Voici son témoignage.
De celui dont elle a fait la connaissance via un site de rencontre, elle fait le portrait suivant : « plutôt froid », « très emporté », « extrêmement jaloux », capable de « coups de colère disproportionnés ». Selon elle, le meurtrier présumé de la petite Maëlys et du caporal Arthur Noyer est alors un homme instable, infidèle, cocaïnomane.
Mais c’est lorsqu’elle décide de le quitter qu’une face plus sombre se serait révélée. Son ex-compagnon ne l’aurait pas supporté. Il aurait alors commencé à la traquer. « Un harcèlement », selon elle, qui consistait à être « toujours dans [s]on champ de vision », « à une intersection en voiture, en footing… ». Détail glaçant, il sème sur sa route, raconte-t-elle, « des pyramides de galets [pour qu’elle sache] qu’il était là ». Selon son récit, il lui « met la pression » et installe autour d’elle un climat de terreur.
« Je pense que c’est quelqu’un qui avait envie de créer de la terreur »
« Je pense que c’est quelqu’un qui avait envie de créer de la terreur, confie-t-elle, visiblement encore sous le coup de la peur, qu’il y avait une forme de sadisme à avoir sa proie. » Ainsi, un jour d’avril 2017, elle le rencontre dans les bois. La jeune femme décrit une scène de film d’horreur. Ne pouvant s’enfuir, elle décide de faire face, en attendant un coup de poing. Au lieu de cela, il serait passé à côté d’elle « froidement ». « Et c’est là que je vais voir une tronçonneuse en sacoche, dans le dos. Je suis partie en courant, j’avais très peur. »
« Je considère que j’ai été maltraitée par la gendarmerie »
N’en pouvant plus de se sentir « prisonnière », « piégée », elle affirme être allée quatre fois à la gendarmerie, sans être prise au sérieux. Pas même en juillet 2017, quand elle vient porter plainte : son ancien compagnon lui aurait foncé dessus en voiture. Mais Nordahl Lelandais est passé avant, raconte-t-elle, pour faire un tout autre récit, qui discrédite totalement le sien. Au point, précise-t-elle, choquée, que le gendarme qui finit par prendre sa déposition aurait eu cette phrase : « Et puis vous, vous arrêtez de le provoquer, un peu ! »
Karine considère qu’elle a été « maltraitée par la gendarmerie », même après l’arrestation de Nordahl Lelandais, et n’a pas été prise au sérieux. Les gendarmes auraient alors mis en doute ses propos. Elle vit depuis deux ans avec un grand sentiment de culpabilité envers les familles des victimes. Son avocat veut porter plainte contre la gendarmerie pour non-assistance à personne en danger. Sollicités, ni le service de communication de la gendarmerie, ni l’avocat de Nordahl Lelandais n’ont souhaité réagir aux propos de la jeune femme.
Une interview diffusée dans « Envoyé spécial » le 24 octobre 2019.
Source : France TV Info
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