Val-d’Oise : condamné pour avoir suivi et intimidé une policière

Un père de famille a été condamné à une amende après s’en être pris à une policière qui quittait son service à Argenteuil. Il voulait des explications après l’interpellation de son petit frère un peu plus tôt.

IJTGWMUQIG3B3WVQBL6CCNOKGQIllustration. Une policière qui sortait du commissariat d’Argenteuil a été intimidée par des proches d’un jeune homme interpellé plus tôt dans la journée. LP/Olivier Boitet

 

« Tu fais moins la maline sans ton uniforme! » Jeudi, un jeune de 17 ans s’en prend à une policière d’Argenteuil, quelques heures après son interpellation. Avec son frère aîné, ils l’avaient suivie à sa sortie du commissariat de police pour lui demander manifestement des comptes. Entre-temps, un troisième frère venu lui aussi réclamer des explications à une patrouille de police avait été placé en garde à vue.

Les deux aînés de 33 et 34 ans, tous deux pères de famille, ont été jugés en comparution immédiate ce lundi soir, à Pontoise. Selim, 33 ans, a été condamné à 100 jours-amendes à 10 euros (soit une amende de 1000 euros à payer sous peine de faire 100 jours de prison) pour rébellion et menaces de crime lors de son interpellation par une patrouille. Ramazan, 34 ans, a écopé de 60 jours-amendes à 10 euros pour violence en réunion sur la policière après l’avoir suivie. Il devra l’indemniser à hauteur de 300 euros.

La policière a peur que sa famille soit menacée

Un état de choc, le sentiment d’être ciblée : la psychologue qui a examiné la policière d’Argenteuil, absente à l’audience, lui a délivré cinq jours d’incapacité pour raison psychologique. Elle évoque « la perception d’un danger imminent, la crainte que son domicile puisse être identifié et sa famille menacée » et requiert un suivi psychologique après les faits de jeudi.

Tout avait démarré par l’interpellation près de la mairie d’Argenteuil d’un adolescent, qui appelle en pleurs un grand frère. Selim s’en prend alors à une patrouille de police. « Vous avez fait quoi à mon petit frère ? » Il parle de « volaille » et de « poulet », assure qu’on ne lui fait pas peur et la situation dégénère.

D’abord menacée au cours de l’intervention

Il résiste à son interpellation et lance à un fonctionnaire : « J’ai retenu ton visage, je me souviendrai de toi. Ne t’inquiète pas. Ce n’est pas des paroles en l’air. Je vais te défoncer. Je vais te buter. » Des propos reconnus et regrettés à l’audience. « C’est la colère. J’ai eu mon petit frère qui pleurait au téléphone, cela m’a fait mal au cœur. Je suis comme un père pour lui. »

Le second épisode débute à 17h30. L’aîné de la famille, Ramazan, récupère l’adolescent et tous deux attendent devant le commissariat. La policière quitte son service, le mineur la désigne de la tête à son frère qui lui réclame des explications, en la suivant sur le chemin de la gare. Celle-ci refuse, ils insistent.

«Le but recherché, c’était l’intimidation»

La policière prend peur et fait demi-tour vers le commissariat. « Je ne l’ai pas menacée. Je peux sentir qu’elle s’est sentie agressée mais de là à l’empêcher de prendre son train… Ce n’était pas dans le but de l’effrayer plus que ça », admet-il. « Cela ne se fait pas, je le reconnais. »

« Le but recherché, c’était l’intimidation, a insisté le procureur qui a requis à son encontre 8 mois de prison dont 4 avec sursis et mise à l’épreuve. Il minimise les faits. Sur la vidéo, on le voit qui guette avec son petit frère. Ils attendent. »

Concernant Selim, il a demandé 10 mois de prison dont 4 avec sursis et mise à l’épreuve. « Les faits se déroulent dans un quartier de reconquête républicaine, un quartier ou le travail de la police est rendu difficile par les agissements de certains. C’est exactement ce qui s’est passé. Les deux frères décident qu’il n’y a pas de respect à avoir de la police, et pour la défense du petit frère, on fait n’importe quoi. »

«Il n’a jamais été question de faire peur à cette femme»

« Il faut remettre tout cela dans le contexte, a plaidé Me Valérie Pelet-Roy, pour la défense des deux frères, demandant la clémence du tribunal qui l’a au final entendu. Tout démarre par un gamin de 17 ans qui ricane avec des copains, dans la rue. »

Son interpellation sera pour elle « disproportionnée », et « musclée ». « Il y a eu une forme d’intimidation. La policière n’avait pas de compte à rendre, nous sommes bien d’accord. Les frères avaient aussi légitimement besoin de savoir ce qui s’était passé. Ils étaient devant le commissariat pour attendre la sortie de Selim. et savoir pourquoi le petit frère a reçu des coups. Il n’a jamais été question de faire peur à cette femme. »

Source : Le Parisien

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