Une vingtaine de Belges touchent toujours une pension militaire attribuée par les Nazis
Le Nazi Adolf Hitler pendant un discours. | ARCHIVES EPA/STRINGER
Une commission parlementaire belge a adopté, mardi 19 février, le principe de demander au gouvernement allemand la fin des pensions accordées aux anciens combattants belges ayant collaboré en 1939-45 avec le régime nazi. 27 Belges recevaient encore cette pension en 2017.
La polémique a ressurgi ces derniers jours en Belgique : une vingtaine de Belges touchent toujours une pension militaire complémentaire allemande, 75 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un principe décidé par Adolf Hitler en 1941 pour récompenser les anciens combattants qui ont collaboré avec l’Allemagne nazie. Ces pensions sont aujourd’hui contestées par des associations et des parlementaires.
« Les privilégiés étaient des résidents des Cantons de l’Est et de l’Alsace, qui avaient reçu la nationalité allemande après l’invasion nazie, mais aussi des Belges qui avaient rejoint les Waffen SS pendant la guerre », décrit Alvin De Coninck, un chercheur du groupe Remembrance, une association de survivants des camps nazis.
Ici, un reportage d’un journal télévisé de 2016 à la RTBF, sur ce sujet.
Ils ne payent pas de taxes sur ces pensions
À ces questions éthiques et mémorielles, s’ajoute un aspect fiscal : le Belgique ne connaît pas l’identité de ces pensionnés, ils ne payent donc pas d’impôts sur le montant de cette pension. Ces Belges, qui reçoivent l’argent, sont connus de l’ambassade d’Allemagne, à Bruxelles, mais pas de l’État belge, précise la RTBF.
Les pensions oscilleraient entre 425 à 1 275 € par mois.Etcomble du paradoxe : « Les années passées dans une cellule belge à la suite d’une pénalité de collaboration sont considérées comme des heures de travail. Plus les années d’emprisonnement ont été nombreuses, plus le montant de l’indemnisation est élevé. À côté de cela, les Belges qui ont dû se soumettre au travail forcé en Allemagne n’ont reçu qu’une indemnité de 50 €, un mois après la guerre », poursuit le chercheur.
Seules les personnes touchées par une invalidité et qui n’ont pas été condamnées pour crimes de guerre peuvent en bénéficier. « Mais les critères d’invalidité sont généreux. Quant à la question de la condamnation, dans les années 50, on ne savait pas trop qui avait fait quoi et on ne vérifiait pas avec le même sérieux qu’ensuite. Il y a une zone d’ombre », explique, à l’Agence France Presse, l’historien Christophe Brüll, un spécialiste des relations belgo-allemandes à l’université du Luxembourg.
« S’attaquer d’urgence à ce problème »
Aujourd’hui, des députés réclament plus de clarté. La commission parlementaire belge des affaires étrangères a ainsi adopté, mardi 18 février, une résolution déposée par Olivier Maingain (Défi) et deux PS élus. Ils appellent le gouvernement à « s’attaquer d’urgence à ce problème par la voie diplomatique ».
« La Chambre des représentants demande au gouvernement […] de plaider auprès du gouvernement fédéral allemand la fin du régime des pensions accordées aux collaborateurs belges », écrivent les élus dans ce texte.
« Notre proposition visant à plaider auprès du gouvernement allemand la fin du régime des pensions accordées aux collaborateurs belges durant le régime nazi vient d’être adoptée à l’unanimité », a annoncé sur Twitter Olivier Maingain, député (parti Défi).
27 Belges en 2017
À l’occasion d’une audition devant la Chambre des représentants en 2017, l’ambassadeur d’Allemagne en Belgique à l’époque, Rüdiger Lüdeking, avait affirmé que 27 personnes en Belgique touchaient encore cette pension. « Au total, depuis la fin de la guerre 40-45, 38 000 Belges ont bénéficié de cette pension complémentaire », estime la RTBF.
Ces pensions sont versées en Belgique en vertu d’une loi allemande de 1951, qui permet aux victimes de guerre allemandes de toucher une retraite complémentaire. De nombreux anciens Nazis, voire criminels de guerre, ainsi que des collaborateurs étrangers, pas uniquement en Belgique, ont pu en bénéficier. Depuis 2008, la loi permet aux Länder (les États régionaux allemands), qui versent ces retraites, de les suspendre. Mais cette possibilité a été peu utilisée : 99 retraités se sont vu retirer ce « bonus », contre 50 000 espérés, selon des données de 2017 du ministère allemand du Travail.
Source : Ouest-France
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