Une femme colonel à Cyr … et alors ?
A la tête de la promotion Général Saint Hillier de l’ESM Saint-Cyr qui défilait sur les champs Elysées il y avait une femme, le colonel Catherine. Fidèles à leurs habitudes respectives, les journalistes et les communicants militaires ont pu resortir leurs maronniers préférés sur « la féminisation des armées ». Sujet à décliner selon la sensibilité politique des différentes rédactions et leur appetit pour les polémiques depuis « Youpi y a des femmes dans les armées c’est beau » à « En vrai de vrai, les armées sont toujours des ramassis de machos » #Bref
Ce qui n’a pas manqué, non plus, c’est qu’on s’est donné la peine de porter à ma connaissance que « y avait une femme Colonel qui défilait, tu sais, ça serait bien si… » je n’ai laissé le temps de finir cette phrase à aucun de mes interlocuteurs. Je crois que je connais trop bien la suite, et que j’aurai été navrée de découvrir qu’ils avaient à ce point la mémoire courte.
Ce n’est pas faute d’avoir dit, expliqué, martelé fermement, ré-expliqué…
Non, réduire des personnes talentueuses, qui ont parfois des palmarès à faire pâlir de jalousie n’importe quel être vivant, à leurs deux chromosomes X est à la fois ridicule et offensant. Pour mémoire, ces chromosomes sont juste, le seul élément de leur vie sur lequel elles n’ont eu aucun pouvoir ou influence: elles sont nées avec. Point.
Réduire ces personnes brillantes au fait qu’elles soient *femmes* pour des besoins de com’, d’égalitarisme, de féminisme ou que sais-je encore c’est niais. Je trouve cela surréaliste et je refuse de contribuer moi-même à ce genre de mascarade. Certains collègues rigolent en disant que c’est ma crise de féminisme aigu à moi, d’autres que je passe à coté « de plein d’opportunités géniales, tu te rends compte, une fille qui photographierait des filles… »
Mais voilà, je ne photographie pas les filles. Je photographie des gens qui travaillent, parfois ce sont des hommes, parfois ce sont des femmes, parfois ce sont même des chiens ou des chevaux ! C’est leur engagement à remplir leur mission qui m’intéresse, pas leur genre. Autant dire que dans ces conditions je n’avais pas spécialement envie de traiter l’information « Catherine ». Ca ne m’a pas empêché de lire ce qui s’écrivait à son endroit, notamment ce bel article précis et documenté relayé par Philippe Chapleau, qui met en lumière une carrière plutôt qu’un genre. Et quelle carrière !
Colonel Catherine de l’ESM Saint Cyr lors des répétitions du 14 juillet [Ref:4518-08-0230]
EXIF | Ouverture: ƒ/6.3 | Appareil photo: Canon EOS 5D Mark III | Prise de vue: 12/07/2018 | Copyright: Sandra Chenu Godefroy – Photographe d’action | Focale: 400mm | ISO: 400 | Vitesse d’obturation: 1/1000s |
Je l’ai prise en photo, tout de même, lors des répétitions du défilé; ni plus ni moins qu’un ou une autre, juste parce qu’elle était là, elle faisait partie de l’histoire qui se jouait devant mes yeux. Ce qui a attiré mon regard de prime abord a été le fait qu’elle défilait en pantalon, ce qui n’est pas très commun. Une femme qui pourrait défiler en jupe, mais qui défile en pantalon. Quelques clichés, et je suis passée à autre chose, il y a tellement à observer pendant ces défilés (et ce sont souvent les petites anecdotes les plus sympa) qu’il est difficile de se consacrer plus que quelques secondes à un sujet.
La photo n’a pas fait partie de mon premier éditing restreint de ces répétitions, trop d’autres choses à montrer… Et quelques jours plus tard, je croisais Christophe Lafaye au FILM. En tant que bons voisins de table pendant ces 2 jours consacrés à la littérature militaire, nous avons beaucoup discuté. Pour ceux qui ne le « remettraient pas » Christophe Lafaye est historien, il a notamment écrit « L’armée française en Afghanistan. Le Génie au combat 2001-2012 » (livre que j’ai découvert dans les mains d’un soldat de sentinelle à l’occasion d’une pause en vigie). Parmi les nombreux autres sujets que nous avons abordé, nous avons parlé du Colonel Catherine ! Et c’est dans les mots de mon interlocuteur, dans les nuances de sa voix, qui décrivait un chef qui l’a marqué, qui racontait un morceau d’histoire, c’est dans le respect profond qu’il lui témoignait que j’ai eu envie de jeter un œil à mes photos de la personne qui avait inspiré ça.
Et plutôt que regarder ses yeux -forts jolis-, ou son pantalon, puisque c’est ce qui avait attiré mon regard, j’ai regardé son « placard ». Je vous le mets ci-dessous, je pense qu’il n’y a rien d’autre à ajouter.
Détail du « placard » du Colonel Catherine de l’ESM Saint Cyr [Ref:4518-08-0230]
VOIR + Reportage photo sur les répétitions du défilé du 14 juillet 2018
Source : Reporter photographe
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