Un policier mis en examen pour la grave blessure d’un « gilet jaune » à Bordeaux
Olivier Beziade a été blessé à la tête le 12 janvier 2019 par un tir de LBD 40. Plongé dans un coma artificiel, puis immobilisé quatre-vingt-dix jours, il souffre toujours d’hémiplégie.
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Après une enquête qui a duré près d’un an, un policier vient d’être mis en examen à Bordeaux dans le cadre de l’information judiciaire ouverte à propos de la grave blessure à la tête subie par Olivier Béziade, un pompier volontaire originaire de Bazas (Gironde), lors de l’acte IX des « gilets jaunes », le 12 janvier 2019, dans le centre de Bordeaux.
Le fonctionnaire de police est mis en examen pour violences volontaires avec arme ayant entraîné une interruption de travail (ITT) de plus de huit jours, par personne dépositaire de l’autorité publique, a annoncé Me Laurent-Franck Liénard, son avocat, confirmant une information publiée par le quotidien Sud Ouest, mercredi 8 janvier. La « qualification pénale (…) pourrait évoluer selon les conclusions du rapport que doit remettre prochainement un médecin-expert spécialiste en médecine légale », ajoute le quotidien. Le parquet n’a pu être joint.
Lourdes séquelles
Ce membre de la brigade anticriminalité (BAC) est soupçonné d’avoir effectué un tir de LBD 40 qui a atteint à la tête Olivier Béziade. Victime d’une hémorragie cérébrale, M. Béziade, 47 ans, père de trois enfants, était resté quelques jours dans le coma. La scène avait été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux et l’inspection générale de la police nationale (IGPN) avait été rapidement saisie par la préfecture et le parquet.
Le fonctionnaire de police, toujours en fonction, « est extrêmement affecté par les conséquences de ce tir », a expliqué son avocat. « Jamais il n’a voulu faire de mal. Il reconnaît son tir et sa responsabilité, mais il ne comprend pas comment il a pu toucher la tête. Il visait le torse. » Cet homme, « formé et habilité » au maniement du LBD, est un « fonctionnaire exemplaire, remarquablement noté », a ajouté Me Liénard. « Ce n’est clairement pas un cow-boy, pas un violent. » Selon l’avocat, il est nécessaire de mener des expertises balistiques pour voir si le tir à la tête ne serait pas dû à une « défaillance du matériel », arme ou munition.
« Il faut que justice soit faite »
Contacté par Le Monde, Olivier Beziade s’est dit satisfait par cette mise en examen, mais « regrette qu’elle soit la seule ». L’ancien pompier volontaire rappelle qu’il a également été victime d’un jet de grenade de désencerclement émis par un autre membre des forces de l’ordre. Ce jet en cloche, non réglementaire, avait été documenté par plusieurs vidéos.
M. Beziade et son avocat demandent par ailleurs que le supérieur des deux agents de police, qui a dirigé la charge de cette équipe de la BAC et qui est censé avoir donné l’ordre de tirer, soit lui aussi mis en examen. Selon M. Beziade, la charge de la police à son encontre intervenait alors qu’il « ne présentait aucune menace et fuyait les lieux ».
« Je pense à tous les futurs manifestants blessés qui pourraient être évités. Il faut que justice soit faite », ajoute-t-il.
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