Un homme d’affaire poursuivi pour outrage envers trois gendarmes de Bessines

Photo d'illustration - Gendarmerie - Archives Eric Roger

L’homme d’affaire parisien, poursuivi pour outrages envers les gendarmes de Bessines-sur-Gartempe, se dit lui-même offensé par les militaires.

Il est revenu. C’est une question de principe. Entouré de ses deux avocats, Michel T., brillant homme d’affaire parisien de 62 ans, s’est présenté mardi au tribunal correctionnel de Limoges pour mener la deuxième bataille dans sa guerre contre les gendarmes de Bessines-sur-Gartempe. « C’est une lutte pour le droit des citoyens, pour que chacun soit libre de s’ériger contre la toute puissance policière », déclame un de ses défenseurs.

Condamné en septembre dernier pour refus de se soumettre aux vérifications relatives au véhicule et excès et vitesse, ce financier spécialisé dans la gestion de patrimoine est poursuivi cette fois-ci pour dénonciation calomnieuse et outrage envers trois gendarmes de la brigade.

Banal ou dangereux ? Le conflit remonte au 8 mai 2013. Michel T. circule sur l’A20 quand il se fait arrêter par un motard de la gendarmerie de Bessines après avoir été contrôlé à 127 km\h au lieu de 100. « Un acte basique et banal », selon le président Jean-Pierre Desbordes. Mais pour le charismatique homme d’affaires, « cela n’était ni basique ni banal. Il pleuvait et je roulais dans une file ininterrompue de voitures depuis Paris quand un motard a surgi sur ma gauche, raconte-t-il. Un comportement dangereux ! Ma passagère a hurlé. J’ai été saisi. J’ai trouvé cela inadmissible. Puis il m’a fait des gestes désagréables au possible », assure-t-il avant de mimer le geste en question : un moulinet avec le bras pour faire signe de se rabattre.

Selon lui, un des gendarmes l’aurait traité de « guignol » après qu’il a refusé de présenter ses papiers à une personne autre qu’un officier de police judiciaire. Le motard a dû faire appel à son supérieur hiérarchique qui s’est déplacé sur les lieux… pour rien ; Michel T. n’acceptant finalement de montrer ses papiers qu’à la gendarmerie où il a déclaré vouloir déposer plainte contre le motard. Les militaires ont dû lever le contrôle routier en place pour l’escorter jusqu’à leurs locaux.

« Ils ont mis deux heures à prendre ma déposition qui ne fait pourtant qu’une feuille, reprend le prévenu. Après quoi ils m’ont pris en photo comme un vulgaire délinquant avant de relever mes empreintes digitales. Cela m’a exaspéré ». Outré par ce comportement « inadmissible », l’homme d’affaires a écrit une lettre à un haut gradé de la gendarmerie pour porter plainte contre trois gendarmes de Bessines qui ont été convoqués pour répondre de ces faits. Une dénonciation calomnieuse pour ces militaires, qui se sont retournés contre l’homme d’affaires.

Arrogant et discourtois. À l’audience, les trois gendarmes en habit ont exposé une tout autre version de l’altercation. « Cela fait 24 ans que je suis motocycliste. Nous sommes dans la répression donc confrontés tous les jours à des gens mécontents mais c’est la première fois que je vois ça, affirme le motard incriminé. J’ai fait les gestes de contrôle habituels. Quand monsieur est descendu de son véhicule, il m’a incendié, refusant de donner ses papiers, me demandant les miens, disant que j’avais eu un comportement dangereux et m’appelant « mon vieux ». Il m’a même pris en photo. »

Pour les gendarmes, c’est Michel T. qui s’est montré arrogant et discourtois, répondant au téléphone, coupant la parole, se tenant avachi sur sa chaise. « Quand on lui a pris les empreintes, il a demandé si on ne voulait pas aussi prendre une empreinte de son « cul » ou de son « zob » », racontent les victimes. Rires dans la salle.

Pour l’avocat parisien, dire de son client – qu’il a « l’honneur infini de défendre » – qu’il se tenait « avachi » est une insulte. Il décrit le prévenu comme un « homme d’honneur épris de liberté et de littérature – d’ailleurs avez-vous lu ses vers monsieur le Président ? -, qui ne fait que réclamer justice pour des faits insupportables ! »

Le procureur Dartenset, qui félicite les gendarmes d’avoir gardé leur calme, qualifie quant à lui leur comportement d’exemplaire et réclame à l’encontre du prévenu, qu’il estime de mauvaise foi, « une peine d’amende suffisamment conséquente ». La décision de cette affaire pour le moins particulière sera rendue le 3 juin prochain.

Source  : Le Populaire

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