Un gendarme du Loiret harcelait et agressait sexuellement ses collègues féminines
La gendarmerie de Beaune la Rolande où sévissait le gendarme. (Photo Christiane Pierron) © Pierron Christiane
Devant le médecin psychiatre, à l’examen duquel il a refusé de se soumettre, l’ancien gendarme avait promis de livrer aux juges « des informations pertinentes ».
Las. Manifestement très occupé par sa reconversion professionnelle opérée dans l’activité de maraîchage, Nicolas n’a pas trouvé le temps de se rendre, jeudi 17 octobre, à l’audience du tribunal correctionnel, où il devait pourtant répondre de harcèlement et de deux agressions sexuelles.
Entre septembre 2013 et février 2018, ce militaire de 38 ans, affecté à la brigade de Beaune-la-Rolande à la suite d’une mutation disciplinaire, n’a eu de cesse de pourrir l’existence des jeunes gendarmes féminines adjoints volontaires.
Un comportement « récurrent »
Grand amateur de blagues graveleuses et de réflexions déplacées, ce père de famille lâchait volontiers, au détour d’une conversation: « Tu viens me sucer ou, si tu veux, je peux t’apprendre ». Un autre jour, à la faveur d’une patrouille, il proposait à sa collègue de « la baiser dans la forêt ».
Elles sont cinq à s’être finalement résignées à saisir l’inspection générale de la gendarmerie nationale (l’équivalent de la police des polices) et à dénoncer, d’une même voix, les agissements répétés de Nicolas, son comportement hors-norme « récurrent » et ses propositions sexuelles permanentes. « Il n’y a rien d’anormal à ce que, dans une gendarmerie, tout le monde couche avec tout le monde », se plaisait à déclarer le militaire. Des propos qu’il se gardait pourtant bien de tenir en présence de gradés.
« C’est affligeant, lamentable et condamnable »
Cette attitude a malheureusement laissé des traces chez les jeunes gendarmes, comme en témoignent les expertises psychologiques réalisées dans le cadre de l’enquête. « Je me sentais en sécurité à la brigade et puis, un jour je me suis surprise à fermer à clé la porte de mon logement », a raconté, à la barre, une victime. Comme ses quatre collègues, elle a été destinataire de plusieurs SMS la conviant « à venir boire une bière à la maison .
Entendu par les enquêteurs, l’ancien gendarme a reconnu « parler tout le temps de cul ». Il a même revendiqué l’usage d’un langage un peu « gras ». À l’entendre cependant, ses collègues se sont méprises sur ses intentions, puisqu’il entendait seulement distraire son entourage en usant de « plaisanteries ».
Sauf que Nicolas ne s’est pas contenté de tenir des propos malsains et navrants. Il lui est également arrivé de poser sa main sur le sein d’une première collègue et sur la cuisse d’une seconde. Des agressions sexuelles dont il a nié la réalité.
« C’est affligeant, lamentable et condamnable. Qui est ce type ? Comment a-t-on pu le garder ? Il est absent à l’audience parce qu’il est incapable d’assumer ses propos, et c’est une deuxième humiliation pour les victimes », s’est exclamé Ludovic de Villèle, avocat des parties civiles.
Un profil inquiétant aux yeux du ministère public
Un avis largement partagé par Marie-Cécile Santin. « Le prévenu, glorieusement absent aujourd’hui, a tendance à dire que c’est de l’humour. Mais ce n’est pas drôle ! », s’est emporté le procureur de la République. « Il espérait bien, par ses propos insistants, obtenir des faveurs sexuelles de ces jeunes femmes », a dénoncé la magistrate que « le profil inquiétant » de l’ancien gendarme inquiète.
À son encontre, la représentante du ministère public a requis dix-huit mois de prison, assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve comprenant une obligation de suivre des soins et d’indemniser les victimes.
« Il a réfléchi sur ce qui s’est passé et a pris conscience que son discours était devenu un véritable mode de vie. Il a changé intégralement », a soutenu l’avocate de Nicolas. Pour autant, Me Anne Carroger a défendu l’innocence de son client dans les deux agressions sexuelles dont on l’accable. Délibéré au 12 novembre.
Source : La République du centre
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