Un gendarme de Blois en mission à Mayotte
Un véhicule de la brigade de Mamoudzou et en arrière-plan le bac qui relie Petite-Terre à l’île principale de Mayotte.
Un adjudant-chef de la cellule d’appui judiciaire a passé trois mois sur l’île pour renforcer la brigade de gendarmerie de Mamoudzou, la capitale de l’île.
Appelons-le Pascal. Ce gendarme ne souhaite pas divulguer son identité ni montrer son visage car au quotidien, il travaille dans une unité de recherche. Adjudant-chef au sein de la cellule d’appui judiciaire basée au groupement départemental, il a effectué récemment une mission de trois mois à Mayotte. Une expérience professionnelle et humaine qu’il qualifie de « très riche ». La gendarmerie a constitué une force opérationnelle constituée de près de 30 officiers de police judiciaire. Ces enquêteurs aguerris se portent volontaires pour aller renforcer leurs collègues basés à Mayotte mais aussi en Guadeloupe, en Guyane et à Saint-Martin. Pascal s’est aussitôt porté candidat. « J’ai commencé ma carrière de gendarme à l’escadron de gendarmerie mobile de Blois, ce qui m’a donné l’occasion de me rendre en Nouvelle-Calédonie, en Guyane, en Martinique et en Corse. Je souhaitais découvrir Mayotte à la fois sur un plan professionnel et personnel. Le colonel Chuberre a validé ma demande et je suis parti de la fin avril jusqu’au mois d’août. »
L’adjudant-chef a été affecté à la brigade de Mamoudzou, la capitale économique de l’île à la fois siège du conseil départemental et de la préfecture.
« La brigade compte près de 40 gendarmes, dont plusieurs sont des natifs de l’île et d’origine mahoraise. Ce qui est indispensable pour nous métropolitains car beaucoup d’habitants ne parlent pas le français mais le shimaoré. L’unité est aussi renforcée par un peloton de gendarmes mobiles. » Comme dans la plupart des territoires d’outre-mer, un escadron de gendarmerie stationne en permanence à Mayotte pour y maintenir l’ordre. Avec une particularité : ces militaires sont aussi chargés des procédures d’étrangers en situation irrégulière (ESI). Mayotte est, en effet, confrontée à une forte immigration illégale qui a beaucoup de conséquences sur la vie de l’île, en particulier sur la délinquance qui connaît une très forte hausse.
L’activité de la brigade de Mamoudzou porte principalement sur des agressions physiques, sexuelles et de nombreux cambriolages. « L’unité est compétente sur un territoire important composé de communautés de villages avec des délais d’intervention relativement longs car l’unique route nationale est souvent embouteillée. »
« De nombreux enfants isolés dans les rues »
À son arrivée, Pascal a hérité d’une pleine bannette de procédures judiciaires en cours. « Les semaines de travail étaient très chargées avec un seul jour de repos hebdomadaire. Moi qui ai l’habitude de travailler en civil à Blois, j’ai dû remettre l’uniforme. Même si les conditions de vie sont difficiles sur l’île et qu’il y règne de fortes tensions, j’ai apprécié l’accueil des habitants qui se sont toujours montrés polis et respectueux envers nous. Ce qui m’a le plus touché, ce sont les nombreux enfants isolés dans les rues. » Malgré un emploi du temps chargé, le gendarme blésois a pu découvrir les charmes de l’île, en particulier son fabuleux lagon dans lequel il a nagé auprès des tortues géantes et des dauphins. Cette expérience lui a donné envie de se porter à nouveau candidat pour une autre mission, cette fois-ci sur l’île de Saint-Martin aux Antilles.
Une île soumise à des tensions
> Située dans l’Océan indien à 295 km au nord-ouest de Madagascar, Mayotte, peuplée de 248.000 habitants, est la plus ancienne des quatre grandes îles de l’archipel des Comores.
> Mayotte fut vendue en 1841 par le sultan Andriantsoly au roi Louis-Philippe pour être placée sous protection française.
> Dans les années 1970, l’archipel des Comores devient indépendant, seule l’île de Mayotte demande à rester attachée à la France
> Après un référendum, Mayotte est devenue le 101e département français le 31 mars 2011.
> La vie de l’île est régulièrement troublée par des grèves et des manifestations sociales parfois très violentes, notamment en octobre 2011 où un manifestant a trouvé la mort dans un affrontement avec les forces de l’ordre.
> L’île est confrontée à une immigration de masse en provenance des îles voisines. Un habitant sur trois serait un étranger en situation irrégulière.
> Les conditions de vie, notamment sanitaires, sont difficiles, l’île ne compte qu’un seul hôpital, l’analphabétisme est extrêmement important.
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