Un gendarme clermontois, blessé par balle en 2011, double vainqueur aux Invictus Games de Londres

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Portrait de l’adjudant-chef Franck Robin, blessé par balles en 2011 en Guyane et qui vient de remporter deux médailles d’or lors des jeux paralympiques militaires à Londres. Photo Remi Dugne – DUGNE Rémi

Franck Robin a failli perdre la vie lors d’une mission en Guyane. Trois ans plus tard, l’adjudant-chef en poste à Clermont vient de briller aux Jeux paralympiques des blessés de guerre. Récit d’un parcours qui force le respect.

«La vie est différente, mais elle n’est pas moins belle. » Voilà la maxime que Franck Robin et son épouse se répètent, comme un leitmotiv, depuis trois ans. Quelques mots forts qui ont pris une signification toute particulière le 13 septembre dernier.

Ce samedi-là, l’adjudant-chef de 36 ans, cheveux ras et regard bleu acier, s’aligne au départ de deux épreuves de handbike (vélo à bras) dans le cadre des Invictus Games, un rendez-vous sportif inédit pour les militaires blessés, à Londres (*). Contre-la-montre le matin puis course en ligne, pendant quarante minutes, l’après-midi. Et au bout de l’anneau de bitume, la récompense : le gendarme clermontois décroche deux médailles d’or.

Touché par une balle lors d’une opération contre des orpailleurs

« La deuxième, c’était vraiment au finish, raconte-t-il. Un Américain m’avait doublé sur la fin du parcours alors que j’avais fait toute la course seul en tête. Il a fallu que je m’arrache au sprint pour le battre ! » L’adjudant-chef triomphe sous les yeux de sa femme, venue l’encourager. Émotions garanties. « Bien sûr que ça a une saveur particulière, glisse-t-il sobrement. On va dire que c’est le début d’une belle aventure à vivre. »

Son chemin à lui aurait pourtant pu s’arrêter le 2 septembre 2011, au c’ur de l’inextricable forêt guyanaise. Franck Robin est alors affecté au prestigieux GI2G (Groupe d’intervention de la gendarmerie de Guyane). Objectif, notamment : lutter avec ses collègues contre l’orpaillage illégal. Mais l’une de ces missions périlleuses tourne mal.

« L’un des types, en nous voyant arriver, a fait feu sans nous toucher et s’est enfui. J’ai pris un quad qu’il avait laissé derrière lui pour aller chercher du renfort, sachant que des militaires qui participaient à l’opération avec nous étaient à proximité », raconte le jeune père de famille. Mais l’homme recherché, qui avait en fait contourné le dispositif, ressort subitement de nulle part, face à lui. Et tire. Le projectile atteint Franck Robin sous l’aisselle gauche, juste à l’extérieur du gilet pare-balles, et va se ficher au niveau de l’omoplate opposée. Le fuyard s’avance alors vers le gendarme touché. « Il voulait me finir. J’ai réussi à l’abattre in extremis avec mon arme. »

Le gendarme a sauvé sa peau, mais il est cloué au sol. La balle a sectionné la moelle épinière et perforé les poumons. « Je ne pouvais ni me relever, ni crier. Aucun son ne sortait. J’ai dû tirer en l’air pour alerter les autres sur ma position ».

Quatre heures plus tard, le blessé est évacué en hélicoptère vers Cayenne, puis rapatrié vers l’hôpital militaire du Val-de-Grâce. « Le voyage retour a été catastrophique, sans antidouleur, avec des réserves insuffisantes en oxygène, se souvient-il. Je suis arrivé à Paris dans un sale état. Ils ont dû m’opérer d’urgence ». La vie de Franck Robin vient de basculer. Il s’efforce de l’accepter jour après jour, sans aigreur : « En partant en Guyane, je savais à quoi je m’exposais. On connaît les risques sur place, on est préparé aux dangers. Je garderai quand même la satisfaction d’avoir vécu cette expérience à fond. »

« Montrer à mes enfants que la vie continue »

Avec le soutien de sa famille et de sa hiérarchie, le battant au mental d’airain relève vite la tête. « J’ai voulu reprendre le travail rapidement. Pour montrer à mes trois enfants que même dans un fauteuil, la vie continue. »

La famille a de nouveau posé ses valises à Clermont-Ferrand il y a un an. Dans l’enceinte de la caserne Frobert, Franck Robin a retrouvé l’Escadron de gendarmerie mobile qu’il avait déjà fréquenté de 2001 à 2008. Ses fonctions, forcément, ont changé : le voilà désormais chargé de l’instruction, notamment pour le tir.

Parallèlement, le solide trentenaire a donc découvert les joies du handbike. Quand la météo le permet, il lâche son vélo d’appartement et file au grand air sur les petites routes de campagne du département. Direction Pont-du-Château, Lezoux ou Volvic.

Ses deux médailles d’or lui ont ouvert l’appétit. Sourire : « Il y aura peut-être une deuxième édition des Invictus Games l’an prochain, aux USA… Y a pire comme perspective, non ? » Les Jeux paralympiques, les « vrais », sont encore un rêve. Quoi que… « Pour Rio, en 2016, ça va faire juste. Mais pourquoi pas Tokyo, en 2020 ? »

(*) Cette compétition, initiée par le prince Harry, a rassemblé dans la capitale britannique plus de 400 militaires venus de 13 pays, du 10 au 14 septembre

Stéphane Barnoin

Source : La Montagne

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