Un ex-gendarme condamné pour avoir volé les armes de ses collègues
Justice – Justice
Ex-adjudant-chef du groupe cambriolages du groupement 31, Emmanuel avait fait croire à un cambriolage à la gendarmerie pour masquer la perte de sa propre arme, fin septembre 2013, à Toulouse.
La gendarmerie c’était sa vie. Aujourd’hui, Emmanuel, ancien adjudant-chef de la cellule cambriolage du groupement de Haute-Garonne, à Toulouse, n’en fait plus partie. Radié. La trajectoire professionnelle de ce brillant garçon de 39 ans promis à une éclatante carrière d’officier a explosé en plein vol. Mercredi, c’est devant la barre du tribunal correctionnel et face à ses anciens collègues que le prévenu s’est expliqué sur un vol d’armes de service au sein de sa propre unité.
Bien noté par sa hiérarchie, investi dans son travail, Emmanuel est aussi un ambitieux, une sorte de Rastignac balzacien, en quête de reconnaissance, affichant son envie de réussir avec fierté, parfois au mépris de ses collègues. Mais l’homme a aussi ses failles. Étourdi, tête en l’air, il peut oublier à plusieurs reprises son arme de service sur son bureau ou dans les toilettes. Fin septembre 2013, il perd son pistolet automatique. Prétendant l’avoir laissé dans sa voiture de service, au fond d’un sac à dos qui lui aurait été volé. Pour ce futur officier c’est la tuile. Rongé par le sentiment d’avoir fauté mais voulant à tout prix ne pas perdre la face par amour-propre, il va faire croire à un cambriolage au sein du groupe, dans les locaux de la compagnie Saint-Michel, à Toulouse, pour se dédouaner. Le 7 octobre 2013, avant la prise de service, il s’introduit dans ses propres locaux, s’empare de quatre autres pistolets appartenant à ses collègues et remisés dans un placard sécurisé, débranche des fils électriques, ouvre une fenêtre d’un bureau et dérobe des scellés judiciaires (billets et stupéfiants). 63 cartouches de 9 mm disparaissent également. Pendant une semaine et alors que l’inspection générale de la gendarmerie enquête sur ce vrai faux cambriolage, tous les regards se tournent vers Emmanuel dans une ambiance électrique, où les enquêteurs du groupe se regardent en chien de faïence tentant de démasquer le ver dans le fruit de leur vénérable institution. Interrogé à plusieurs reprises, le brillant adjudant-chef craque et reconnaît avoir mis en scène cet improbable scénario pour ne pas avoir à déclarer le vol de sa propre arme préjudiciable pour sa carrière. Les quatre pistolets automatiques sont retrouvés mais pas le sien. L’adjudant-chef qui rêvait de galons vient de précipiter, par son geste insensé, ses collègues en grande détresse après des interrogatoires musclés. Un geste vécu comme une trahison. «Je regrette profondément. Je fais un travail sur moi-même pour comprendre pourquoi j’ai fait ça. Après le vol de mon arme, je n’ai pas pu en parler à mes chefs. Je me suis enfermé dans une autre logique. J’ai échafaudé ce plan d’une absurdité confondante.» Salarié dans une société de sécurité incendie en région parisienne, Emmanuel tente de tourner la page. Il a été condamné à 1 an de prison avec sursis avec inscription de sa condamnation sur son casier judiciaire.
«Pas l’intention de nuire»
«Il s’est d’abord nui à lui-même car il refusait l’idée d’être pris à défaut sur le vol de sa propre arme de service dans sa voiture, explique l’avocat de l’ex-gendarme, Me Frédéric David, pour atténuer les responsabilités de son client. Car après ce vol, tout s’est écroulé pour lui.» Le procureur Patrice Michel avait requis 18 mois de prison avec sursis et préférant s’en remettre au tribunal quant à l’opportunité de la non-inscription de la condamnation sur son casier. Pour le discrédit «jeté» sur la gendarmerie l’institution s’est portée partie civile, comme deux autres collègues de l’ex-adjudant-chef qui ont obtenu, chacun, la somme de 1 500€ pour le préjudice moral. «Des hommes qui se sont sentis trahis par leur supérieur», a soutenu leur avocat, Me Legros-Gimbert.
Source : La Dépêche
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