Un éditeur français interpellé à Londres puis relâché: une arrestation qui interroge

RFI
https://www.rfi.fr/ Article de Baptiste Coulon • mercredi

Ernest Moret, collaborateur de la maison d’édition française La Fabrique, a été arrêté et placé en garde à vue mardi 18 avril à Londres, dans le cadre d’une loi antiterroriste. Il devait participer à la Foire du livre de la capitale britannique, un événement incontournable du secteur.

Ernest Moret, collaborateur de la maison d’édition française « La Fabrique », a été arrêté et placé en garde à vue mardi 18 avril à Londres, dans le cadre d’une loi antiterroriste. © TOLGA AKMEN – AFP

« Je suis inquiète de ce qui est en train de se passer. J’attends vraiment que l’on apporte une réponse claire et précise à mes légitimes interrogations », commente auprès de RFI l’avocate française Marie Dosé. Son client, Ernest Moret, 28 ans, collaborateur de la maison d’édition française La Fabrique, a été interpellé lundi 17 avril au soir, par deux policiers britanniques en civils, à la descente de son train, dans la gare Saint-Pancras de Londres.

Ernest Moret se rendait à la Foire du livre, un événement incontournable dans le monde de l’édition, qui se tient du 18 au 20 avril 2023 à Londres. Le Français avait une trentaine de rendez-vous programmés et déjà en main son billet retour, à destination de la France. Le lendemain, mardi 18 avril, il a été formellement arrêté et placé en garde à vue dans la matinée, car il a refusé de communiquer aux forces de l’ordre britanniques les codes d’accès à son téléphone portable et son ordinateur saisis par les policiers. Une mesure possible dans le cadre de la loi antiterroriste invoquée par les forces de l’ordre lors de son arrestation. L’homme a été relâché mardi après-midi sans qu’aucune mise en examen ne soit prononcée.

Arrêté en vertu d’une loi antiterroriste

La loi antiterroriste britannique en question s’appelle le Terrorism Act 2000. Elle autorise les contrôleurs aux frontières à interpeller, fouiller, interroger les personnes voyageant dans des ports, aéroports ou des zones frontalières. « Je comprends mal ce choix qui a été fait s’agissant d’une interpellation dans un cadre antiterroriste en Angleterre qui vise à interroger un justiciable français sur des questions exclusivement françaises et qui n’ont aucun rapport avec le terrorisme », commente Marie Dosé.

Ces questions, en l’occurrence, ont davantage porté sur la participation d’Ernest Moret aux récentes manifestations contre la réforme des retraites en France, sur ce qu’il pense du président français Emmanuel Macron, de la gestion de la crise du coronavirus, ou de certains auteurs « subversifs » publiés aux éditions La Fabrique, une maison figure de la gauche radicale en France qui publie régulièrement des essais de collectifs ou militants engagés à gauche.

Auprès du journal Le Monde, son avocat britannique Richard Parry, ainsi que la maison d’édition, n’excluent pas une commande de l’État français, sans preuve formelle à ce stade : « Cela pose la question du rôle de l’État français dans cette affaire. La police britannique a-t-elle fait le sale travail pour son compte ? » Aujourd’hui, Ernest Moret est libre et peut retourner en France, mais il « est convoqué dans quatre semaines à Londres pour être présenté à la cellule antiterroriste britannique », précise La Fabrique, dans un communiqué publié mercredi midi sur les réseaux sociaux.

Dans ce même communiqué, la maison d’édition « exige l’arrêt de toutes les procédures et poursuites à l’encontre de son responsable […] ». À ce stade, ni la police londonienne, ni le ministère de l’Intérieur français n’ont fait de commentaire.

Source : MSN.com

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