Un dentiste-acupuncteur du Loiret mis en examen pour l’agression sexuelle de 40 patientes

la Cour d‘appel a confirmé son maintien en détention. De son coté, le commissariat de Montargis poursuit ses auditions à la recherches de nouvelles victimes.

la Cour d‘appel a confirmé son maintien en détention. De son coté, le commissariat de Montargis poursuit ses auditions à la recherches de nouvelles victimes. – Wikimedia
Un dentiste-acupuncteur du Loiret a été mis en examen pour agressions sexuelles et viols. 40 femmes auraient déjà déposé plainte. Les policiers ont découvert plus de 1000 photos de sexes de patientes prises à l’aide d’une caméra espion.

 

Des femmes défilent au commissariat de Montargis dans le Loiret. « Au départ elles ne savent pas pourquoi, et elle ressortent de là bouleversées… » , révèle le père de l’une d’elle. Solange (le prénom a été modifié à sa demande) aujourd’hui âgée d’une trentaine d’années s’est donc retrouvée voilà quelques jours devant une enquêtrice de la police de Montargis. Celle-ci lui a d’abord parlé d’une opération dentaire, d’un retrait des dents de sagesse, pratiquée il y a une quinzaine d’années, à l’hôpital d’Amilly de l’agglomération montargoise. Solange était mineure à l’époque. Elle n’a d’abord pas compris pourquoi la police s’intéressait à cette vieille intervention médicale. Mais elle a vite fait le lien. « Cela fait longtemps que je savais bien, au fond de moi, que ce dentiste m’avait fait des choses… » confie-t-elle à Marianne. Solange a longtemps cru qu’elle « était la seule ». Elle sait désormais que c’est loin d’être le cas. L’enquêtrice de la police lui a montré une centaine de photos de sexes féminins prises par ce drôle de praticien de Châlette-sur-Loing, dans la banlieue de Montargis. « Ce n’était pas la peine de me montrer davantage de photos… Au total, il y en a plus de mille, toujours les mêmes », glisse Solange, encore sous le choc. Un ordre de grandeur du nombre de photos confirmé à Marianne par une source locale. La quasi totalité des prises de vue sont des gros plans de sexes féminins, mais il y aussi de rares photos de sexes masculins, et aussi quelques vidéos. Le plus souvent une main d’homme, celle du dentiste, est posée sur une cuisse, proximité du gros plan. Ces mille photos déjà découvertes couvre la période 2018-2011. Mais d’autres disques durs du dentiste ont été retrouvés en partie brûlés par les enquêteurs. Des expertises techniques sont encore en cours pour voir si eux aussi contiennent des photos, voire des vidéos de patientes nues.

Selon nos informations, une quarantaine de femmes ont d’ores et déjà déposé plaintes pour viols et agressions sexuelles contre Stéphane S, un praticien âgé de 58 ans. L’enquête a été confiée au juge d’instruction Arnaud Desplan du tribunal d’Orléans. Après l’affaire du chirurgien de Jonzac en septembre, c’est une deuxième affaire de viols et agressions sexuelles présumées commises par un membre du corps médical. Là encore sur des jeunes patientes… et sur une longue période de temps, puisque l’affaire de Montargis couvrirait une période de trente ans, de 2018 à 1988…

Tout a commencé au début de cette année par la colère du compagnon d’une jeune patiente. Le garçon, persuadé que le praticien s’était livré à des gestes déplacés sur sa compagne, menace alors le dentiste sur les réseaux sociaux. Le Dr S. dépose plainte pour diffamation. Mal lui en prend. La compagne du garçon furieux est interrogée. Elle confirme les soupçons évoquant de curieuses « anesthésie ». Le dentiste-acupuncteur avait apparemment « un mode opératoire » bien particulier. A de jeunes patientes, « généralement brunes et de moins de 20 ans », précise Solange, il proposait une anesthésie dentaire via des aiguilles chinoises. « Il nous demandait nous dévêtir et pouvait nous placer des aiguilles sur tout le corps, raconte la jeune femme. Moi, une fois, j’avais été gênée par un de ses gestes, et il m’avait laissé en plan plus d’une heure avec les aiguilles pour que la fois suivante je ne dise plus rien», se souvient-elle. Opérée des dents de sagesse à l’hôpital d’Amilly, « un matin tôt parce qu’il avait insisté pour que cela se passe tôt », la jeune femme avait eu des complications opératoires à l’époque inexplicables. « J’avais été malade pendant mon sommeil et au réveil, le dentiste m’avait parlé d’une allergie due à l’anesthésie. Mais des années plus tard, quand j’ai accouché dans le même hôpital, j’ai mentionné cette allergie, mais il n’y avait bizarrement aucun dossier, aucune trace de ce qui m’était arrivée… » Alors Solange s’interroge aujourd’hui sur ce qui a bien pu se passer. « A l’époque j’avais demandé à des gens qui allaient chez ce dentiste s’il leur faisait aussi son acupuncture, et j’avais découvert qu’il n’en faisait qu’aux jeunes. Cela avait renforcé mes soupçons, mais j’avais laissé tomber…» précise-t-elle.

En février dernier, une perquisition opérée au cabinet dentaire de Chalette-sur-Loing a permis de mettre à jour un drôle de système vidéo espion, actionnable à distance par le praticien. C’est ce système qui aurait permis la prise de vue de l’intimité de tant de patientes alors qu’elles étaient « anesthésiées » et « manipulée sur la table » par ce drôle de dentiste. Dans sa « collection » de photos retrouvée dans son ordinateur, chaque cliché était classé avec des initiales de patientes et une « date de règlement ».

D’abord mis en examen pour agression sexuelles, et laissé en liberté, en février dernier, le dentiste, toujours présumé innocent, a été mis en examen pour viol en mai dernier et écroué.

Le 12 septembre, selon la République du Centre, il a fait une demande de mise en liberté devant la chambre de l’Instruction de la Cour d’appel d’Orléans. Interrogé en visioconférence depuis sa prison de Saran, le dentiste aurait assuré que ces photos auraient été « prises dans un cadre privé ». « En vingt-cinq ans de service, je n’ai jamais eu de souci avec le personnel féminin de l’hôpital de Montargis. Je ne suis pas le prédateur qu’on a voulu dépeindre », s’est-il défendu. Malgré ces dénégations, et au vue du dossier d’instruction et des témoignages déjà recueillis, la Cour d‘appel a confirmé son maintien en détention. De son coté, le commissariat de Montargis poursuit ses auditions à la recherches de nouvelles victimes.

Source : Marianne

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