Ukraine : le Chaudron de Lysichansk. Moral en baisse. Plus de provocations
par Moon of Alabama.
L’ancien gros bonnet de la CIA et du renseignement, Graham Fuller, prédit une sombre issue à la guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie en Ukraine. Sombre pour l’Ukraine, les États-Unis et l’Europe :
« Contrairement aux déclarations triomphalistes de Washington, la Russie est en train de gagner la guerre, l’Ukraine de la perdre. Les dommages à long terme pour la Russie sont sujet à débat. …
Les sanctions américaines contre la Russie se sont avérées bien plus dévastatrices pour l’Europe que pour la Russie. L’économie mondiale a ralenti et de nombreux pays en développement sont confrontés à de graves pénuries alimentaires et au risque d’une famine généralisée. …
Des fissures profondes apparaissent déjà du côté européen de la soi-disant « unité de l’OTAN ». L’Europe occidentale regrettera de plus en plus le jour où elle a aveuglément suivi le joueur de flûte américain dans sa guerre contre la Russie. En effet, il ne s’agit pas d’une guerre ukraine-russie mais d’une guerre américano-russe menée par procuration, jusqu’au dernier Ukrainien. …
Contrairement aux déclarations optimistes, l’OTAN pourrait en fait en sortir affaiblie. Les Européens de l’Ouest réfléchiront longuement à la sagesse et aux coûts importants qu’ils devront subir pour avoir provoqué de graves confrontations à long terme avec la Russie ou d’autres « concurrents » des États-Unis. …
L’Europe reviendra tôt ou tard à l’achat d’énergie russe bon marché. La Russie est à sa porte et une relation économique naturelle avec elle sera, en fin de compte, d’une logique écrasante. …
L’Europe perçoit déjà les États-Unis comme une puissance en déclin, avec une « vision » erratique et hypocrite de la politique étrangère, fondée sur le besoin désespéré de préserver le « leadership américain » dans le monde. La volonté de l’Amérique d’entrer en guerre à cette fin est de plus en plus dangereuse pour les autres. »
Tout ce qui précède a déjà été dit sur ce site, fin février et en mars. Mais il est bon de voir que des spécialistes chevronnés du renseignement arrivent maintenant à des conclusions similaires.
Il y a deux semaines, j’écrivais que les Ukrainiens allaient bientôt atteindre un point de rupture. La « liste des pertes » publiée aujourd’hui par le ministère russe de la Défense contient une partie supplémentaire concernant les pertes de troupes ukrainiennes qui vient étayer cette hypothèse :
« Depuis le 19 mai, au cours du mois, rien que la 14e brigade mécanisée des FAU a perdu 2100 personnes, tuées ou blessées. En raison de conditions morales et psychologiques défavorables, 800 personnes destinées à reconstituer les pertes de cette unité ont refusé de se rendre dans la zone opérationnelle et ont accusé les officiers d’incompétence, de corruption et de copinage dans le paiement des allocations. …
Une centaine de militaires d’une unité de reconnaissance de la 10e brigade d’assaut de montagne ont été relevés de leurs fonctions de combat et transportés à Kremenchug pour enquête. …
Une partie considérable des commandants de la 30e brigade mécanisée des FAU se sont retirés de la gestion de leurs unités et refusent de remplir des tâches de combat. Toutes sortes de prétextes sont utilisés pour simuler la maladie. La majorité des unités se sont déjà retrouvées sans aucun officier. »
Une brigade mécanisée compte environ 3500 soldats. En un mois, la 14e brigade ukrainienne a perdu deux tiers de ses effectifs. Les remplaçants ne sont pas formés pour utiliser les équipements mécanisés (chars, APC), qui de toute façon n’existent probablement plus, et ne peuvent donc être utilisés que comme infanterie non protégée. Il n’est pas étonnant qu’ils refusent d’être envoyés dans des conditions si désespérées.
Les dirigeants ukrainiens continuent d’envoyer de nouvelles unités vers le chaudron de Lysichansk, à l’est. Cela ne dérange pas les Russes. Leur travail consistant à « démilitariser » l’Ukraine, coincer davantage de troupes pour les anéantir d’un seul coup facilite cette tâche.
La distance entre la zone rouge tenue par les Russes, en haut, et la zone en bas, au niveau de la brèche la plus étroite, n’est que de 15 kilomètres. Elle n’est traversée que par une seule route ouverte d’ouest en est, qui sert à acheminer le ravitaillement des troupes ukrainiennes à Lysichansk.
Les combats se déroulent actuellement au-dessus de Mykolaivka, au bas de cette carte détaillée. À cinq kilomètres au nord, se trouve la raffinerie de Lysichansk. Elle sera la prochaine cible. La dernière route vers Lysichansk passe directement au nord de celle-ci. Lorsque cette route sera sous le feu direct des Russes, le chaudron sera fermé et ceux qui s’y trouvent coincés commenceront à bouillir. Pour ces 20 000 soldats cela signifiera se rendre ou mourir.
Si cela est encore possible, le moral des autres troupes ukrainiennes n’en sera que plus bas.
Il est intéressant de noter que les troupes s’adressent également au général Zaluzhny, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes (FAU). C’est la première fois que j’entends cela. L’idée de se battre à Lysichansk jusqu’au bout est venue de Zelensky et de ses conseillers civils. Zaluzhny s’y serait opposé. Il voulait que ces troupes et d’autres se retirent et mènent une campagne plus mobile. Cela aurait raccourci la ligne de front et donné une chance de créer des réserves pouvant se reposer et se préparer à une contre-attaque ultérieure. Selon certaines rumeurs, les conseillers de Zelensky font maintenant pression pour remplacer Zaluzhny, qui a accru sa présence dans les médias. Ils craignent probablement un coup d’État.
La Russie a annoncé hier qu’elle avait tué 50 généraux et officiers supérieurs des forces armées ukrainiennes par un tir de missile. Le groupe se réunissait pour planifier la suite des combats dans la région sud d’Odessa et de Kherson. Cette info semble maintenant avoir été confirmée :
La nuit dernière, probablement en réponse à la frappe sur les officiers, les Ukrainiens ont tiré un missile contre une plate-forme de production de gaz et de pétrole dans les eaux proches de la Crimée. L’installation a été endommagée. La Russie considère qu’il s’agit d’une attaque directe contre une infrastructure précieuse située sur son territoire et elle y répondra probablement avec force.
Hier, la Lituanie a annoncé qu’elle interdirait immédiatement aux marchandises russes visées par les sanctions de l’UE de transiter du Belarus vers l’enclave de Kaliningrad, située sur les rives de la mer Baltique, qui est un territoire russe. Cette mesure est contraire à plusieurs accords internationaux qui garantissent un accès sans entrave de la Russie à la ville. La Russie n’a pas encore annoncé de réponse à cette nouvelle provocation.
source : Moon of Alabama
traduction Wayan, relu par Hervé, pour Le Saker Francophone
Source : Reseau International
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