Tribunal de Béziers : sa main remonte trop haut jusqu’à l’entrejambe de la fille
Les faits ont eu lieu sur la place De-Gaulle.
Le prévenu a besoin d’une interprète tant son français est imparfait. Il a 26 ans et doit répondre d’atteinte sexuelle. La semaine dernière, en début d’après-midi sur la place De-Gaulle, il interpelle un groupe de trois filles et un garçon sortant du lycée. Certains sont mineurs.
Il leur pose des questions sur leurs origines, la drogue, leurs rapports sexuels. Une entrée en matière quelque peu intrusive et dérangeante… et qui se termine par une caresse sur la cuisse d’une jeune majeure. La main remonte haut, trop haut, jusqu’à son entrejambe. Jusqu’au vagin, selon la victime.
Nique la police, je sais qu’il y a des caméras
Au-delà du geste interdit, il est aussi reproché au jeune goujat d’avoir fourni deux fausses identités aux policiers, lors de son interpellation rapide, puis au cours de sa garde à vue. Deux chefs d’accusation pour lesquels il décide d’être jugé immédiatement, en comparution immédiate.
Dans le box du tribunal, il est à quelques mètres de la victime. Elle est en pleurs quand l’assesseur, Inès Papin, revient sur les faits. Sur l’attitude trop tactile du prévenu « qui a touché le bras de vos deux amies, a demandé de leur faire un bisou », sur son regard insistant dans les décolletés, sur ses flatteries indélicates.
« Quand la victime s’est levée du banc, elle raconte que vous avez mis votre main sur son genou gauche et remonté jusqu’à l’intérieur de sa cuisse. Elle vous a dit d’arrêter. Les amies de la victime étaient parties parce qu’elles avaient peur. Puis, le groupe s’est retrouvé pour aller au commissariat. Vous l’avez suivi, mais quand vous avez compris ce qu’il allait faire, vous êtes allé vous cacher en disant : « Nique la police, je sais qu’il y a des caméras ». »
Fausses identités
Toute la bande est entendue par les policiers et la version de la victime est corroborée. Le prévenu minimise son attitude malsaine. Il n’a pas dit ces mots-là. Quant à son geste : « Elle m’a donné un coup dans le coude avec son genou quand elle s’est relevée. Ça a provoqué une décharge et je l’ai repoussée. Je l’ai touchée, mais ça n’a rien de sexuel », mime-t-il dans le box. Et sur les fausses identités ? « J’ai menti, parce que je suis en situation irrégulière sur le territoire français. Je ne connais pas vos lois. Je m’excuse à la France. » Il est là parce que son frère, à Agde, l’a invité. Il n’a pas de casier judiciaire.
« Même comportement chez vous ? »
Me Le Coz, pour la victime, est clair : « C’était volontaire […] La mère de ma cliente l’a mise à la rue cet été. Cette jeune fille a déjà un dur vécu et je suis effondré que ces agissements tombent sur cette battante. » Elle se constitue partie civile et son avocat réclame une expertise psychiatrique pour elle et une provision de 3 000 € de dommages et intérêts pour le préjudice moral.
Elsa Teurnier, pour le parquet : « La loi d’août 2018 aggrave votre peine de 5 à 7 ans encourus. Mais, avez-vous le même comportement chez vous ? On peut, en France et ailleurs, se promener dans la rue en portant des décolletés, des minijupes ou des jeans moulants et on n’a pas pour autant à se voir imposer par un inconnu, qui a dix ans de plus, en pleine sortie des classes, ce genre d’attouchements. »
Elle requiert 15 mois de prison avec maintien en détention et regrette de ne pas pouvoir l’interdire du territoire national, suite au nouveau texte de loi. Elle ne demande pas de suivi sociojudiciaire pour maintenir l’accusé en France, mais son inscription au FIJAISV.
Est-ce que toucher le genou peut constituer une atteinte sexuelle ?
L’avocate de la défense demande de le relaxer parce que, selon elle, il n’y a pas d’atteinte sexuelle. « Jamais, dans les déclarations, on nous dit qu’il a touché le vagin de la victime. Alors, est-ce que toucher le genou peut constituer une atteinte sexuelle ? Selon moi, non. » Sur les fausses identités, elle réclame un sursis et de réduire la provision de demande de la partie civile.
Il a été déclaré coupable et écope de huit mois de prison avec sursis mis à l’épreuve pendant 5 ans et le tribunal l’a inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.
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