Tribunal correctionnel de Foix: agression de deux gendarmes à Laroque d’Olmes, un travail d’intérêt général requis contre les 4 prévenus

Tribunal correctionnel de Foix: agression de deux gendarmes à Laroque d’Olmes, un travail d’intérêt général requis contre les 4 prévenus

Vue de l’entrée du palais de justice de Foix
© midinews 2015

«Il serait très formateur qu’ils exercent une activité non rémunérée, à travailler pour le bien commun, à tisser du lien social, sur cette place où ils ont commis des faits absolument insupportables» a indiqué le procureur, François Hebert durant son réquisitoire.

Cet après-midi, Thierry, Clémentine, James et Frédéric, respectivement 24, 20, 18, et 20 ans, ont comparu les deux premiers, pour violences volontaires en réunion et rébellion.

Thierry étant également poursuivi pour outrage, comme Frédéric suspecté d’avoir craché sur un gendarme. James quant à lui est là pour rébellion. Tous quatre sont impliqués à divers degrés dans l’agression de deux gendarmes à Laroque d’Olmes.

Une scène d’hystérie générale selon la présidente du tribunal
Le 23 décembre 2014, aux alentours de 17h30, une patrouille de gendarmes aperçoit un jeune mineur interdit de séjour dans le département au milieu d’un groupe de jeunes gens, rue Saint Jacques à Laroque d’Olmes. Les militaires interviennent et décident alors de procéder à un contrôle d’identité.

Thierry refuse de s’y soumettre. «Désinvolte» selon des témoins, il déclare s’appeler Napoléon et précise que sa date de naissance est consultable sur le net. La situation dérape, quand le jeune homme fait mine de partir et qu’il est retenu par un gendarme, JL.

Une bagarre éclate, tous deux chutent au sol et c’est là que Clémentine «voulant porter secours» à son compagnon donne des coups de pied au militaire. Des renforts sont appelés, un gendarme auxiliaire tente de porter secours à son confrère, aidé par un autre militaire.

L’un d’entre eux sera également frappé par les jeunes gens. Toujours au sol, JL devra se servir à trois reprises de son taser pour se dégager de la mêlée. Grâce au dispositif mis en place pour lutter contre la délinquance en Pays d’Olmes, d’autres patrouilles intervenaient rapidement et procédaient aux interpellations.

Frédéric a été arrêté au domicile de sa mère, c’est de là qu’il aurait craché. Blessé, J.L, était opéré le lendemain de la main pour une fracture (9 jours d’ITT). Selon Thierry considéré comme son agresseur, il se serait fait mal en tombant.

A la barre du tribunal, les versions entre forces de l’ordre et prévenus divergent. Le couple nie «avoir mal parlé»

Ils n’auraient fait que se défendre, trouvant le contrôle injustifié. Clémentine avance avoir reçu une gifle pour justifier les coups portés. Les militaires quant à eux maintiennent leurs déclarations et soulignent la difficulté de leur tâche.

«Depuis 6 mois être agressé verbalement va crescendo» expliquent-ils avant de revenir sur les faits. Un contrôle rendu nécessaire par la présence du jeune mineur interdit de séjour, et le refus du contrôle de Thierry qu’ils ne connaissaient pas.

Quelques jours plus tôt, ils avaient interpellé dans cette même rue deux individus au volant d’une voiture volée. Les militaires rajoutent «regretter la présence sur les lieux, d’un ancien élu qui ne les a pas soutenus»

Avocate des trois gendarmes parties civiles dans ce procès, Me Alzieu a souligné le contexte général : «une montée de la délinquance, un territoire sinistré», avant de rappeler que «les infractions étaient constituées»

Demandant la condamnation solidaire des 4 prévenus, Me Alzieu a réclamé 500 € de dommages et intérêts pour chacun des trois gendarmes, 2000 € pour le second blessé, plus 1000 € pour le crachat dont il a été victime, ainsi qu’une provision de 3000 € pour la main de JL en attendant l’expertise.

Une peine adaptée, éducative
Du côté du Parquet, François Hebert a rendu hommage aux gendarmes, «le bras armé de la justice. Ils sont là pour veiller, parfois au péril de leur vie, au respect des lois»

Dénonçant «l’effet de bande, à plusieurs on est plus bêtes, on est plus violents», le vice-procureur a requis 180 h de travail d’intérêt général pour Thierry et 105 h envers les trois autres prévenus.

Un contrôle d’identité sans fondement
Selon Me Dedieu «l’ordre public régnait jusqu’à l’arrivée des gendarmes»
«C’est un fait objectif» poursuit l’avocat de James et Frédéric pour qui «la procédure a été bâtie sur du vide ; une procédure qui nait d’un soupçon infondé et qui a dégénéré»

Et l’avocat d’enfoncer le clou : «victimes les gendarmes de Lavelanet. Enquête conduite pas la brigade de Lavelanet ; des collègues interrogent des collègues»

Rappelant que certains témoins, dont l’ancien élu, n’ont pas été interrogés, de la même façon qu’une vidéo tournée durant l’altercation n’a pas été visionnée, Me Dedieu  a plaidé pour que James soit écarté de la procédure.

Quant au crachat imputé à Frédéric, «un cracheur d’insultes» avait ironisé François Hebert, l’avocat, remettant en cause l’identification du jeune homme, a plaidé le bénéfice du doute.

Me Baby avocat de Clémentine et Thierry «ne voit que des victimes dans ce climat sécuritaire. Parce que Lavelanet ça brûle, parce que c’est le chaos social, les gendarmes sont en première ligne et doivent marquer le territoire. Mais ça pose un problème» glisse le bâtonnier de l’Ariège.

«A l’évidence, Thierry on le connait, on sait où il habite. Sur la connaissance du terrain, les gendarmes sont infaillibles. On va trahir la vérité, la liberté constitutionnelle d’aller et venir pour un contrôle d’identité sans fondement»

Et Me Baby d’indiquer : «usant de sa liberté mon client veut rentrer chez lui, et on le retient par le bras. On ne peut déserter le terrain. Dans ce climat délétère qui règne à Lavelanet, il leur appartenait, à eux les professionnels, de ne pas s’énerver»

Soulignant «une forme de responsabilité dans ce dérapage», dans ce contrôle d’identité, Me Baby a plaidé la clémence du tribunal.

Le jugement a été mis en délibéré au 30 mars prochain, après que les quatre prévenus ont accepté, avec plus ou moins d’enthousiasme, d’effectuer leur travail d’intérêt général s’ils étaient reconnus coupables.

Source : Ariège News

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