Tensions zone des Dunes à Calais, un véhicule incendié, deux policiers et deux gendarmes blessés

Ce mercredi 22 avril a été émaillé d’affrontements entre migrants et forces de l’ordre. Deux gendarmes et deux CRS ont été blessés et un véhicule associatif a fini en cendres.

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Ce mercredi après-midi, vers 15h30, un bref passage rue des Garennes permettait de cerner le climat qui y régnait encore quelques minutes plus tôt. Du verre éclaté, des pierres grosses comme des balles de tennis et une partie de goudron totalement noircie. Quelques heures en amont, en milieu de matinée, un véhicule utilitaire de l’Auberge des migrants utilisé par l’association britannique Collective Aid avait été volontairement incendié (lire ci-dessous). « Cela fait très longtemps que nous n’avions pas vu une telle tension », expliquaient plusieurs intervenants venus calmer la situation. « Comme tous les deux jours, les gendarmes sont venus retirer les tentes (pour un démantèlement), livrait un exilé croisé rue des Huttes, au plus fort de l’émeute. Mais là, ils en ont réveillé certains qui étaient encore en train de dormir et ça a dégénéré. »

 

Associatifs et préfecture confirment l’information d’un démantèlement sur l’ancienne station Shell qui a découlé sur des jets de pierre. « Des migrants ont refusé de quitter le terrain illégalement occupé, détaille le service communication de la préfecture du Pas-de-Calais. Ils ont dû alors être évincés par les forces de l’ordre. Un peu plus tard, une quarantaine de migrants (ils étaient en réalité au moins une soixantaine) ont jeté des projectiles sur les forces de police et de gendarmerie mobile. »

 

Au cours des affrontements, un policier et deux gendarmes mobiles de l’escadron de Valenciennes ont été touchés. Les deux gendarmes, âgés de 26 et 30 ans, touchés à la jambe et dans le bas-ventre, ont été transportés au centre hospitalier de Calais pour des examens de contrôle. « Deux CRS également, précise le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Pascal Marconville, pour des blessures au pied et au genou. »

 

Les sapeurs-pompiers de Calais et Marck, dépêchés sur site, ont quant à eux dû patienter pour intervenir lors de l’incendie de l’utilitaire. Les affrontements étant toujours en cours, ils n’ont pu refroidir la carcasse du véhicule qu’en fin de matinée.

« On va encore nous laisser longtemps vivre dans cette insécurité permanente ? »

Un riverain de la route de Gravelines, croisé au même moment, livrait sa colère. « Déjà lundi soir il y a eu des affrontements. La semaine dernière, ça s’est battu à coups de bâtons devant chez moi. On va encore nous laisser longtemps vivre dans cette insécurité permanente ? » Il aura fallu attendre 15h pour retrouver un semblant de calme. CRS, gendarmes et policiers pouvaient libérer la rue des Garennes, jusqu’au prochain incident… De son côté, la préfecture assure que les opérations de mise à l’abri vont se poursuivre et que « les services de police et de gendarmerie continueront à assurer par tous moyens appropriés la protection et la sécurité des riverains ».

 

Un véhicule d’association brûlé, une première

Pour François Guennoc, responsable de l’auberge des migrants,« il y a encore plusieurs centaines de personnes qui vivent là dans des conditions compliquées et ont l’impression d’être bloquées. Nous avons moins de bénévoles et depuis deux semaines nous ne distribuons pas de vêtements. De son côté, la Vie active ne distribue plus de repas chauds, seulement des sachets. J’étais là ce mercredi. Le démantèlement a été plus important que d’habitude et c’était très tendu avec des Soudanais. »

 

Concernant l’incendie de l’un de leurs utilitaires, « c’est la première fois que ça nous arrive. Au temps de la Jungle nous avions eu parfois des vitres brisées, mais jamais un véhicule incendié. On m’a indiqué que c’était un incendie volontaire.   Il se pourrait également que les deux bénévoles aient tout de même voulu emprunter la rue des Garennes alors que les forces de l’ordre leur avaient déconseillé. Le véhicule a été ensuite bloqué et brûlé, mais les deux bénévoles sont indemnes. Ceux qui ont fait ça ont probablement confondu la voiture avec une autre, sans savoir que c’était associatif. Lors de tensions, c’est toujours très compliqué. Il n’y avait pas de produits alimentaires à l’intérieur, logiquement, seules quelques tentes et sacs de couchage. »

Source : Nord Littoral

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