Taser : un nouveau décès réveille les inquiétudes

Des policiers municipaux portent à leur ceinture des pistolets à impulsions électriques Taser, à Nice le 27 mai 2010.

Un gendarme a mis fin à une rixe dimanche par un tir de pistolet à impulsions électriques. L’enquête devra déterminer les causes de la mort.

Ala Ferté-Saint-Aubin (Loiret), un Réunionnais de 21 ans est mort dimanche après avoir reçu un coup de Taser, pistolet à impulsions électriques, tiré par un gendarme qui tentait de le séparer de son cousin lors d’une bagarre. Une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte par le procureur d’Orléans, Franck Rastoul, afin «d’établir s’il y a un lien de causalité directe entre l’usage du Taser et le décès. Pour l’instant, rien n’est avéré, ni écarté.»

Autopsie. A ses yeux, le militaire du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) d’Orléans a utilisé «le Taser dans des conditions normales, dans un contexte de violence et d’attroupement». Il a été entendu par la section de recherches (SR) d’Orléans, en charge de l’enquête. «Aucune faute n’est, à cette heure, retenue contre lui. Le Taser est en cours d’exploitation, notamment pour connaître précisément le temps d’utilisation.» L’autopsie de la victime est prévue aujourd’hui.

Le Taser est présenté comme une arme non létale. Mais son emploi a précédé à plusieurs reprises, en France, la mort de personnes ayant subi des décharges électriques, sans que la cause du décès soit imputée au Taser, mais à une maladie préexistante. Ce fut le cas pour un Malien sans papiers de Colombes ayant péri après des tirs de Taser le 30 novembre 2010. Intervenus pour mettre un terme à un «différend» entre cet homme ayant «pété les plombs» et son colocataire, les policiers l’avaient poursuivi mais avaient reçu des coups de marteau. Le juge saisi de ce dossier a rendu un non-lieu en 2012, estimant que les décharges électriques «n’avaient pas joué un rôle direct et certain» dans le décès dû, selon l’autopsie, à une maladie génétique de l’hémoglobine, la drépanocytose. L’avocat de la famille du Malien, Me Canu-Bernard, a fait appel car «des fautes ont été commises par les services de police». Le Défenseur des droits leur reprochait en effet «un usage abusif» du Taser, «en mode contact» avec le Malien.

Usage. Le Défenseur des droits veut encadrer davantage l’emploi du Taser et souligne que son usage a nettement augmenté en 2012 tant par la police (+26%) que par la gendarmerie (+30%). «C’est toujours préférable à une arme à feu», estime le procureur de Quimper (Finistère), Eric Tufféry, qui enquête sur la mort d’un «forcené» de Crozon ayant «menacé avec un couteau son ex-épouse, ses enfants et les gendarmes» avant de recevoir des décharges électriques. Cet homme de 45 ans, qui n’était «pas en grande forme», avait pris des «médicaments en grande quantité». En attendant de savoir si son arrêt cardiaque est lié au Taser, le procureur souligne une constante : «Ce n’est ni judiciairement ni médicalement prouvé, mais des gens en mauvaise santé meurent après l’utilisation d’un Taser.»

 

Patricia TOURANCHEAU

Source : Libération

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *