Sud Radio dans le collimateur de YouTube
Vidéo à voir sur le site source en fin d’article
Le site de partage de vidéos menace de supprimer le compte de la radio, à cause du discours tenu par plusieurs invités sur le Covid.
EXCLU CAPITAL
Le 29 mars, Sud Radio a fièrement annoncé son 300.000ème abonné sur YouTube, ce qui la classe 5ème radio du pays derrière France Inter, RTL, Europe 1 et Skyrock. Il faut dire que les vidéos de la station du groupe Fiducial cartonnent. Selon SocialBlade, elles cumulent 78,3 millions de vues en 2020, trois fois plus que l’année précédente.
Mais la love story entre Sud Radio et YouTube pourrait s’arrêter net, selon les informations de Capital. C’est ce que craint le directeur général de la station, Patrick Roger. Dans un email envoyé fin mars à ses équipes, il explique : “pour Youtube, il nous [faut] conserver une rigueur dans la sélection des invités sous peine de se voir sous la menace d’une suppression purement et simplement de la chaîne”.
Si YouTube s’énerve, c’est au sujet du discours sur le Covid tenu à l’antenne de Sud Radio. La filiale de Google a durci sa politique, et interdit désormais les “informations médicales incorrectes contredisant celles des autorités sanitaires locales ou de l’OMS”. Son site détaille les fake news désormais interdites, notamment concernant la transmission du virus, les vaccins, les remèdes miracles, etc. En pratique, YouTube a mis en place des sanctions graduées, qui commencent par la suppression d’une vidéo, continuent avec l’interdiction de publier pendant une puis trois semaines, et culminent avec la fermeture de la chaîne. Une punition ultime que YouTube a déjà infligée à France Soir, ou à Thana TV, la chaîne des producteurs du film Hold up.
Dans le cas de Sud Radio, le Californien a d’ores et déjà supprimé une première vidéo : une interview du professeur Christian Perrone datant du 2 décembre. Dans cet entretien, toujours disponible sur le site de Sud Radio, l’infectiologue controversé affirme que les vaccins contre le Covid, “faits à la va vite”, sont “très dangereux” et inutiles car “le virus ne tue plus”. Il ajoute que les vaccins à ARN messager ne sont “pas du tout des vaccins, mais des produits de thérapie génique. Il y a supercherie. On joue aux apprentis sorciers… Je suis terrorisé… Ce n’est pas possible” (cf verbatim ci-dessous).
Malgré cela, Sud Radio a invité à nouveau Christian Perronne ce 1er avril, où il a encore tiré à boulets rouges sur ces vaccins qui “ne protégeront pas”. Toutefois, pour limiter les risques, Sud Radio n’a pas posté cette interview sur YouTube mais seulement sur Dailymotion.
Christian Perronne est un habitué de Sud Radio, qui l’a invité dix fois depuis début 2020. Le 16 juin 2020, l’infectiologue y déclare que ceux qui critiquent la chloroquine sont “ »achetés par l’industrie pharmaceutique. […] Il y a une véritable corruption qui a plongé des dizaines de milliers de Français dans la mort ». Le 22 septembre 2020, il prétend que la seconde vague d’augmentation du nombre de cas « est totalement bidon ». Le 25 octobre 2020, il claironne : « on est train d’inventer une deuxième vague artificielle ! ».
Surtout, le 15 octobre 2020, il assure que les services de réanimation « gardent [les patients Covid] longtemps parce qu’avoir un malade Covid dans son service c’est le jackpot, y a plus d’infirmières, il a plus de moyens ». Cette affirmation est “regrettable et ne repose sur aucun élément tangible”, déplore alors le ministère de la santé. L’AFP publie un article démontrant une par une ses affirmations. La Fédération française contre les maladies vectorielles à tiques (FFMVT) le démet de ses fonctions de vice-président et de président du conseil scientifique. Et l’AP-HP, en raison de ces propos “indignes”, met fin à ses fonctions de chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital de Garches, et porte plainte devant l’Ordre des médecins .
Mais la question ne se limite pas à Christian Perronne. En effet, la station donne largement la parole aux “rassuristes” qui minimisent l’épidémie et ses conséquences. “On sait très bien que 9 cas positifs sur 10 sont des faux positifs”, déclare par exemple l’animateur André Bercoff lui-même en mars 2021. La radio a aussi invité Christophe Cossé, co-auteur du documentaire Hold up. Ou encore le cardiologue Jean-François Toussaint, qui prétend le 16 septembre 2020 : “il n’y a pas de deuxième vague en termes de mortalité actuellement […] Nous sommes toujours dans cette phase de reflux, entre 20 et 40 décès par jour”. Le 11 octobre 2020, il ajoute : « la maladie est 50 à 100 fois moins létale” qu’avant. Autre exemple : l’épidémiologiste Laurent Toubiana. qui assure le 5 octobre 2020 : « on ne peut pas parler de vague épidémique… Une épidémie, c’est quand il y a des malades sévères et quand il y a des morts. » Et bien sûr Didier Raoult, dont l’interview a été vue 1,5 million de fois sur YouTube.
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En théorie, Sud Radio, détenteur de fréquences terrestres, est régulé par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel). Mais le gendarme de l’audiovisuel indique n’avoir pris aucune sanction concernant tous ces propos, ni avoir aucune instruction en cours à leur sujet. Il précise que ces instructions sont lancées soit par le CSA lui-même, soit à la suite de signalement d’auditeurs, ce qui représente désormais “la grande majorité” des cas. En l’espèce, le régulateur ne s’est pas auto-saisi, et n’a reçu aucun signalement.
A la différence de RMC, que le CSA a mis en demeure suite à des propos tenus par le même Christian Perronne le 31 août 2020 dans les Grandes gueules, tels que : “Aujourd’hui, l’épidémie régresse, […] A moins de dix décès par jour en France, c’est pas plus que n’importe quel virus respiratoire chaque année […] il y a plus d’épidémie. [C’est] un virus qui ne tue plus”. Après cette mise en demeure, Olivier Truchot, co-présentateur des Grandes Gueules, s’était interrogé : “le professeur Perronne a fait la tournée des plateaux. Ça tombe sur nous, pourquoi ?”
Source : Capital.fr
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