SI COLUMBO ETAIT EPIDEMIOLOGISTE
Julie GENDERVILLE & Thomas BITAINE
INTRODUCTION
L’épidémiologie est définie comme « l’étude de la distribution et des facteurs étiologiques (facteurs causals) des états ou phénomènes liés à la santé dans une population déterminée et l’application de cette étude à la prévention et à la maîtrise des problèmes de santé ». (1)
Quand une épidémie est suspectée, une enquête épidémiologique doit être menée de façon exhaustive, afin d’en évaluer la gravité, et en rechercher les causes potentielles. Le principe est le même que celui d’une enquête policière : Trouver le(s) « bon(s) » coupable(s).
Un interrogatoire doit donc être « policier », c’est-à-dire exhaustif, pour ne pas accuser à tort un innocent, tout en laissant le véritable coupable récidiver.
Imaginons un célèbre lieutenant à l’œuvre…
I. Epidémie d’accidents ou crime en série ?
1ère étape : Une personne signale un problème particulier, jugé suffisamment préoccupant pour qu’une enquête soit ouverte. En épidémiologie, il s’agirait de plusieurs personnes présentant les mêmes symptômes, à des intervalles de temps et de lieu assez rapprochés pour qu’une maladie commune soit suspectée.
2e étape: Réaliser un descriptif le plus complet possible de la vie des victimes: âge, sexe, antécédents, mode de vie, déplacements, repas, contexte ayant précédé les symptômes, descriptif des symptômes…Certaines questions plus précises seront posées en fonction de l’interrogatoire des premières victimes afin de rechercher une cause commune.
3e étape : Emettre des hypothèses, et les tester.
Y’a-t-il suffisamment de points communs, de recoupements, et
y’a-t-il un mode opératoire faisant suspecter un sewial, seweial, un seweuyall…un tueur en série, quoi !?
II. En pratique, comment rechercher le coupable ?
Il y a deux techniques d’investigation : la bonne, et la mauvaise !
La mauvaise consiste à dire : « Eurêka, j’ai le coupable ! » sans avoir mené une enquête digne de ce nom, et à risquer de condamner à tort un innocent, tout en laissant quartier libre au vrai coupable !
Dans les enquêtes du lieutenant Columbo, on peut avoir des coïncidences, des personnes qui n’ont pas témoigné, des faux témoignages, des complices, des fausses preuves, une affaire d’argent, de sexe, des secrets inavouables…mais ce n’est pas aux vieux singes que l’on apprend à faire les grimaces !
III. L’épidémiologie est-elle si différente ?
A vrai dire, elle ne devrait pas ! Qu’elle soit judiciaire, criminelle, historique, épidémiologique, administrative, une enquête reste avant tout une enquête !
Il existe en fait plusieurs modèles épidémiologiques radicalement différents :
L’enquête militaire NRBC (Nucléaire, Radiologiques, Biologique, Chimique), l’enquête épidémiologique préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), et l’enquête made in France…
– Le modèle militaire est rigoureux, mais axé sur les armes déjà utilisées dans les conflits passés. Une part importante concerne les armes radioactives ainsi que les armes chimiques, notamment les gaz neurotoxiques, mais l’approche est exhaustive, tout en étant probabiliste. (2)
– L’enquête type OMS est plutôt ciblée sur les causes infectieuses et chimiques et prend en considération le terrain (malnutrition, diabète, tabagisme…) qui influence la gravité potentielle des symptômes. (3, 4)
– L’enquête made in France (5) se concentre uniquement sur UNE cause, exclusivement infectieuse, et occulte un nombre conséquent de causes possibles d’une épidémie.
IV. Quelle méthode utiliser ?
On pourrait utiliser par exemple une classification BioNEC : Biologique, Nucléaire, Electromagnétique, et Chimique, pour être le plus exhaustif, comme notre modèle, avec Bio pour Biologique, et NEC pour Notre Enquêteur Columbo (NEC plus ultra).
Ce serait une adaptation de la classification NRBC au domaine civil, tout en conservant la méthodologie d’enquête préconisée par l’OMS.
Ce type de classification permettrait de prendre en considération la possibilité de déchets radioactifs, mais également l’évaluation de la perturbation électromagnétique liée à l’expansion de technologies sans fil (2G, 3G, 4G, 5G, mais aussi…Wifi 6, Bluetooth, DECT, GPS, WLAN, Zigbee, Z-wave, EnOcean, radiocommunications…)
V. COVID-19 ou la farce de l’épidémiologie
Il serait insultant d’affirmer que l’enquête en période Covid était mauvaise. Non, elle était totalement INEXISTANTE !
Même en commettant toutes les erreurs possibles connues, nous serions à des années-lumière de ce qui s’est produit en 2020!
Quelques malades à WuHan atteints de symptômes divers ont conduit à une hypothèse virale, rapidement mue en « preuve ».
Les patients admis en urgence au Centre Hospitalier de Mulhouse en mars 2020, selon un infirmier de la réserve sanitaire (soumis au devoir de réserve), auraient présenté un tableau d’inflammations diffuses, associant des atteintes pulmonaires, hépatiques, souvent cérébrales, parfois cardiaques, et aucun médecin du service n’avait connu un tel cortège de symptômes aigus.
Le diagnostic probabiliste retenu a été une cause biologique, en l’occurrence un virus, prélevé sur des cellules pulmonaires de malades (un seul patient prélevé dans chaque centre ayant publié sur le sujet), cultivable uniquement sur des cellules Vero (cellules rénales de singe vert), et non sur cellules humaines (y compris cellules tumorales), où le virus ne se multipliait pas.
Le milieu de culture (DMEM) était enrichi en vitamines, acides aminés, glucose, et CO2 (5%, ce qui est égal, voire supérieur au taux de CO2 expiré !), ajout de sérum de cellules fœtales de bœuf, trypsine (enzyme du suc pancréatique permettant la digestion des protéines), antibiotiques, antimycosiques…
L’effet cytopathique ECP lié au milieu de culture seul n’a pas été étudié (on a donc présupposé que le « cocktail » de culture utilisé n’avait pas d’effet sur la cellule hôte…CQFD !).
L’ECP a aussi été testé sur des souris transgéniques exprimant l’Enzyme de Conversion de l’Angiotensine 2 (ACE2), et les symptômes décrits ont été un léger hérissement des poils, et une perte de poids, mais aucun cas de suffocation, aucun décès, aucun cas de dos arqué avant dissection programmée. (6, 7)
Puis la définition de « pandémie », en jachère depuis 2009, malgré les commissions d’enquête (Conseil de l’Europe, Sénat) (8, 9), suite au scandale de H1N1, a été utilisée à nouveau en 2020…
Ce qui était remis en question en 2010 ne l’est plus en 2020 !
La « Covid », initialement grippale, est devenue ensuite protéiforme, puis asymptomatique (tout bien portant est un Covid qui s’ignore), et les modèles mathématiques (séquençage viral, PCR, modèle de projection d’épidémie, modèle de contamination par aérosols…) ont été érigés en dogme, alors que l’épidémiologiste Antoine Flahault twittait le 29 mars : « les modèles math ne sont pas faits pour prédire l’avenir »…Certes, mais ils ont été utilisés sans modération !
Aucune enquête hospitalière (syndicats, associations de patients, journalistes) réalisée, aucune autopsie non plus, aucune statistique demandée aux assurances, pompes funèbres…Pas d’enquête, donc !
VI. Comment Columbo aurait-il mené l’enquête Covid?
Il aurait sans doute interrogé tous les patients et l’entourage des patients du 1er cluster français, notamment ceux qui étaient présents au rassemblement de l’Eglise évangélique à Mulhouse.
Il y aurait sans doute fait faire des analyses de l’air, de l’eau, de conduits, des recherches de gaz neurotoxiques et asphyxiants, de toxiques y compris microparticules, nanoparticules, composés organiques volatils, recherche de légionnelle, d’anthrax, de toxine botulinique, entre autres…
Il aurait procédé à des mesures de radioactivité, et des mesures de radiations (champ électrique et champ magnétique).
Il aurait recherché des facteurs favorisants les formes graves : âge, diabète, hypertension, malnutrition, tabagisme, maladie chronique, traitement, vaccination récente…
Il serait entré en contact avec les médecins de Lombardie, afin de partager les éléments de leurs enquêtes respectives, et il aurait essayé de faire de même avec la Chine.
Dès l’annonce du virus coupable, il aurait tout fait pour comprendre comment il avait été désigné aussi rapidement, qui avait fait l’annonce, et comment il pouvait être aussi catégorique.
Il se serait intéressé à la méthode utilisée pour déterminer qu’un virus était bien LE responsable d’une transmission interhumaine par aérosols. Il aurait bien sûr demandé à rentrer en contact avec un des premiers virologues ayant isolé le virus.
Il lui aurait demandé si l’image de virus isolé était présent chez une personne saine, si ce virus avait été isolé sur une cellule humaine, chez combien de personnes il avait été isolé, et, concernant le portrait-robot (séquençage), il aurait demandé comment on était si sûr que cette séquence était en lien avec l’image vue au microscope.
Si le médecin avait fait preuve de condescendance, le lieutenant Columbo se serait excusé, aurait continué à poser ses questions, et à parler de son épouse (« Ma femme me dit toujours… »), jusqu’à ce que le virologue auto-promu démiurge descende de son nuage et finisse définitivement par craquer !
Si le virologue lui avait expliqué que pour un virus, on ne faisait pas d’analyse sur un sujet sain (contrairement aux bactéries, avec les postulats de Koch), et que c’était indiscutable, le lieutenant Columbo lui aurait demandé comment il pouvait savoir que cette structure au microscope était vraiment dangereuse.
Il lui aurait sans doute demandé comment on pouvait savoir que ce virus était dangereux et en plus contagieux…et le virologue aurait alors reconnu que cette technique avait été utilisée pour TOUS les virus saisonniers…il aurait alors compris qu’il avait ouvert la boîte de Pandore, et se serait ensuite concentré sur l’enquête Covid pour déterminer le déroulement des évènements et trouver le coupable…
CONCLUSION
Une enquête épidémiologique a pour modèle l’enquête policière, et que celui qui n’a pas jamais regardé de série policière jette la première pierre ! Il faut donc avoir un modèle pour comprendre le fonctionnement et ne pas se laisser impressionner par les jargons car la compétence n’est pas proportionnelle à la difficulté ou la longueur des mots (quel que soit le domaine).
L’inspecteur Columbo, est un modèle atypique, laissant apparaître son allure plutôt gauche (l’habit ne fait pas le moine !), dissimulant un sens hors-du-commun pour trouver la faille, et résoudre les enquêtes les plus complexes, sans se laisser impressionner par la célébrité et la richesse des accusés.
Il est difficile de parler de Columbo au passé et encore plus difficile d’utiliser l’imparfait, tant sa capacité à résoudre une enquête est exceptionnelle.
L’utilisation du présent et d’une police américaine contribue à rendre un hommage mérité à ce personnage intemporel.
« Le diable est dans les détails » (Nietzsche)
Références bibliographiques
1) Last JM, A dictionary of epidemiology, Oxford, 2001
https://www.oxfordreference.com/view/10.1093/acref/9780195314496.001.0001/acref-9780195314496
2) Y Buisson, JD Cavallo, JJ Kowalski et al, Les risques NRBC savoir pour agir, Researchgate, 2004
https://www.researchgate.net/publication/265038991_Les_risques_NRBC_savoir_pour_agir
3) B Vivien, J Poignant, JF Marsan et al, Prise en charge d’une victime NRBC,
Le Congrès, Médecins. Les Essentiels, 2012
https://sofia.medicalistes.fr/spip/IMG/pdf/Prise_en_charge_d_une_victime_NRBC.pdf
4) R Bonita, R Beaglehole, T Kjellström, Elements d’épidémiologie, 2e édition, Organisation mondiale de la santé, 2010
https://apps.who.int/iris/handle/10665/44055
5)JC Desenclos, V Vaillant , E Delarocque Astagneau et al, Les principes de l’investigation d’une épidémie dans une finalité de santé publique, Médecine et maladies infectieuses 37 (2007)
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0399077X06003027
6) J Harcourt, A Tamin, X Lu et al, Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 from Patient with Coronavirus Disease, United States, Emerging Infectious Diseases, Vol. 26, N°6, June 2020
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32160149/
7) L Bao, W Deng, B Huang et al, The pathogenicity of SARS-CoV-2 in hACE2 transgenic mice, Nature, Vol 583, 30 July 2020
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32380511/
8) C. Lalo, E. Bouliotte, Grippe H1N1, l’OMS a-t-elle menti ?, TF1, 17 février 2010
9) Rapport Sénat n°685, 29 juillet 2010
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