Servir ou se servir…
Les français aiment la France ! Et en particulier, nos politiques, gens admirables, qui aiment la France, jusqu’à l’abnégation…
Il y a quelques années, un homme politique de très très haut niveau – il siégeait à l’époque au « perchoir », était sous les feux douillets d’un journaliste aux ordres, qui s’était permis de suggérer que le salaire octroyé à ce grand serviteur, non seulement n’était pas négligeable, mais qu’il flirtait allègrement avec le confortable… Notre homme de ne point se démonter et de déclarer, avec tout le sérieux qui sied : « Les affaires de la République sont tellement importantes que quiconque est appelé à s’en occuper, doit être totalement affranchi des contingences matérielles ».
Que voilà un argument assurément hors du commun, et qui montre, avec quelle aisance, quelle attention, quel soin, nos politiques prennent au sérieux leur grande et noble mission, celle qui consiste à s’occuper, à notre place, de nos affaires, de nos besoins, de nos souhaits, de notre quotidien, voire, de notre façon de penser ! Quel désintéressement ! Quel altruisme…
Au su de cette brillante déclaration, on comprend mieux combien nos politiques aiment la France et sa République des Valeurs, d’ailleurs, celle-ci le leur rend bien et la Généreuse leur octroie, sans sourciller, salaires, émoluments, prébendes, primes, indemnités diverses et autres avantages adipeux, plus ou moins obèses, discrets ou connus, le tout sans rien n’exiger en retour, avec une impunité totale en cas de résultats douteux ou de comportements scandaleux, pour ne pas dire, de désastre ou de ruine… A tel point que même un politique qui aurait trempé dans des magouilles financières, et qui aurait été lourdement condamné pour cela, pourrait prétendre à l’accession préférentielle d’un confortable fauteuil dans une des plus hautes institutions de la République, république devenue exemplaire au fil des années… La République de France a même poussé la sagesse jusqu’à créer des postes totalement inutiles – et même souvent néfastes, et ce, dans le seul but de recaser, plus ou moins provisoirement, ces grands politiciens qui ont pu, à un moment de malchance, être temporairement dégagés des fonctions républicaines, mais en aucun cas, des « contingences matérielles »…
Cependant, il existe des personnes sincères, ainsi, il y a quelques années, un politique qui passait à une émission de la radio d’état, reconnaissait, avec grand mérite, qu’il avait cherché, toute sa vie de politicien, les postes les plus lucratifs, les cumuls de mandats, les avantages, offert des promesses qu’il savait qu’il ne tiendrait jamais – car intenables, et que, non seulement, il n’en éprouvait aucun regret, aucun remord, mais qu’il en était même plutôt fier. Il avouait humblement que cette recherche effrénée était totalement justifiée du fait qu’il était régulièrement réélu, et que, si les électeurs le reconduisaient dans sa charge, c’est qu’ils étaient parfaitement conscients de sa valeur et de son importance, sinon, ils auraient voté pour quelqu’un autre… Qui pourrait douter de l’honnêteté et de la sincérité d’un tel héros au service du bien public ? Merci monsieur !
On ne peut qu’être admiratif devant tant de bonne foi, de valeurs supérieures affichées par toute cette élite qui trouve son épanouissement suprême dans l’altruisme, dans ce grand souci des autres… Certes, certains esprits chagrins repenseront peut être aux « contingences matérielles », mais ne nous y trompons pas : les français n’aiment pas l’argent, les français méprisent l’argent, à tel point que la finance peut devenir l’ennemi à abattre pour un candidat présidentiel, déclenchant ainsi la chaleur et l’enthousiasme des foules enivrées de reconnaissance, et si tout un chacun méprise l’argent – tout en espérant en avoir le plus possible, il est évident que le seul côté à retenir, c’est cet amour désintéressé des politiques à l’endroit de la République, et quand on est pétri de telles valeurs, on ne peut qu’imposer le respect dû à l’élite républicaine… La République le sait, et elle récompense généreusement, comme il se doit, la valeur et la vertu…
Roger FER
Source : Volontaires Pour la France
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