Services publics face à l’islamisme : des témoignages édifiants
EXCLUSIF. Deux députés ont auditionné hauts fonctionnaires et acteurs de terrain. Cette enquête détaille l’état de la radicalisation islamiste en France.
Par Laureline Dupont
Un rapport parlementaire sur « les services publics face à la radicalisation » ? Voilà qui devrait faire du bruit. Depuis l’automne dernier, deux députés (Éric Diard pour LR et Éric Poulliat pour LREM) reçoivent à tour de bras à l’Assemblée nationale de hauts fonctionnaires (préfets, patron de la DGSI…), des acteurs de terrain (policiers, pompiers, syndicats de transports, etc.), des chercheurs qui témoignent de la situation des services de l’État confrontés à la radicalisation islamiste. Du côté des fonctionnaires mais également du public.
Leurs conclusions et leurs préconisations seront rendues publiques le 26 juin. Le Point a eu accès à l’intégralité des auditions conduites à huis clos. Si la plupart des intervenants semblent soucieux de ne pas sombrer dans le pessimisme, certains d’entre eux ne cachent pas leur inquiétude. Beaucoup expriment aussi leur sentiment d’être démunis, mal encadrés, législativement mal outillés, mal formés aussi.
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Faille dans l’arsenal législatif
Parmi les récits troublants, celui d’un syndicaliste de la RATP qui révèle que « des locaux sont interdits aux femmes dans des terminus », que « des musulmans pratiquants sont en train de cibler femmes croyantes non pratiquantes », mettant même à l’écart une collègue qui avait choisi de partir à Ibiza pendant le ramadan. Des policiers narrent, quant à eux, leur difficulté à révoquer des agents de police radicalisés, faute d’arsenal législatif. Un colonel de la Fédération des sapeurs-pompiers relate, lui, ses interventions de secours durant lesquelles on lui interdit de pénétrer dans une pièce occupée par des femmes et même de porter assistance à une femme sous prétexte qu’il est un homme.
Également auditionné, Nicolas Lerner, le patron de la DGSI, tire le signal d’alarme. Aujourd’hui, « les lieux de culte ne sont plus les incubateurs qu’ils ont pu être, car les pouvoirs publics se sont donné les moyens de les contrôler et les autorités religieuses ont également pris conscience du rôle qui était le leur. (…) L’environnement éducatif, et de manière plus générale tout ce qui touche à la formation des esprits, nécessite aussi une certaine vigilance ».
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