S’asservir sans servir : le mantra des énarques macronistes

La devise officielle de l’énarchie est « servir sans s’asservir ». Mais les informations collectées auprès des insiders montrent l’exact inverse : la haute fonction publique est désormais enfermée dans une tour d’ivoire où le service public et l’intérêt général ne sont plus que de lointains souvenirs. L’asservissement à un Président réputé inexpugnable, invincible et tout-puissant tient lieu de guide de conduite. La caste est tout entière absorbée par l’obéissance à un seul homme, qui ne s’entoure d’aucun avis, décide seul et n’explique rien. La naufrage de l’idéal gaulliste de 1945 est complet. Récit de dîners d’insider.

S’asservir sans servir, la nouvelle devise des énarques

Il y a quand même une question que nous nous posons tous : comment se fait-il que tant d’esprits brillants, notamment tant d’énarques, pour qui le contribuable a investi des sommes colossales pour les former à l’esprit public, démissionnent en bloc face à l’autoritarisme macronien, et obéissent sans broncher à une utilisation de plus en plus liberticide, verticale, autoritaire du pouvoir ? J’ai commencé une enquête à bas bruit pour en savoir plus.


L’obéissance résignée comme maître mot

Le sel de la macronie ne tarde pas à se révéler. Quand on discute avec un énarque « dans l’active », c’est-à-dire encore en poste dans un ministère, l’explication vient assez rapidement. Elle se décompose en plusieurs temps que je détaille de façon méticuleuse parce que l’anatomie du problème est devenue essentielle.

Première question : ceux qui « font » le macronisme au jour le jour dans l’appareil d’Etat soutiennent-ils tous Macron au jour le jour ?

La réponse est plutôt négative. Macron n’est pas un homme qui suscite la sympathie. Sa politique est froide, métallique, implacable. Elle est aussi extrêmement verticale. Le sentiment qui domine dans la machine bureaucratique et technocratique est celui d’une dépossession, d’une déresponsabilisation par l’exercice solitaire du pouvoir à l’Elysée. Les décisions sont prises tout en haut, sans consultation, sans explication. La méthode ne soulève aucun enthousiasme.

En même temps (la vieille technique macronienne), dès lors que Macron protège l’intérêt des fonctionnaires, il ne suscite pas d’hostilité collective. Il ne diminue pas le salaire des énarques, il ne supprime pas de poste, il ne remet pas en cause le privilège des fonctionnaires en matière de retraites. Donc, s’il n’a pas les qualités d’un homme qu’on aime, il a l’habileté de ceux qu’on ne déteste pas plus qu’on ne les combat.

Deuxième question : ceux qui « font » le macronisme mesurent-ils l’impopularité des politiques qu’ils exécutent ?

La réponse est franchement négative. Dans leur immense majorité, les énarques sont aujourd’hui claquemurés dans une obsolescence terrifiante, étrangers au monde d’Internet qui sévit et réinforme, englués dans la presse subventionnée qui les maintient dans une forme d’hypnose avancée, convaincus par la gnose officielle selon laquelle tout dissident est un complotiste groupusculaire. La séquence qui se trame est bien celle d’une confiance aveugle dans l’évaluation autorisée, gouvernementale du rapport de force, selon laquelle les seuls qui souhaitent la fin du macronisme sont des illuminés d’extrême droite perdus dans la complosphère, ou (tendance grandissante citée par Edouard) de dangereux mélenchonistes équipés d’un couteau entre les dents. Dans tous les cas, ce sont des marginaux.

Cette sous-évaluation du risque permise par la confiance aveugle dans la propagande véhiculée par le cartel de la presse subventionnée est l’un des éléments-clés qui expliquent la soumission passive au pouvoir macroniste.

C’est aussi la raison principale pour laquelle l’énarchie accepte de ne massivement pas servir l’intérêt général pour servir exclusivement l’intérêt de la caste. 

S’asservir sans servir

Troisième question : l’énarchie mesure-t-elle la fragilité du pouvoir macroniste ?

La réponse est catégoriquement négative. Les énarques font un pari cynique : celui de sacrifier le peuple pour protéger leur carrière. Que Macron pratique un « malgoverno » ne les trouble pas : Macron gagnera car le peuple est faible, couard, et finira par obéir, dut-il absorber d’interminables et de plus en plus brutales intimidations. Qu’ils haïssent pourvu qu’ils craignent !

Majoritairement, les énarques ont intégré dans leurs anticipations une disparition de la démocratie au profit d’un système autoritaire où le peuple obéit, sans possibilité de remise en cause de l’ordre. Et, soucieux de préserver sa carrière, le haut fonctionnaire obéit avec zèle à un ordre qu’il sait injuste… partant du principe que le Français ordinaire est un pleutre sur lequel on s’essuie légitimement les pieds.

Les prochaines semaines nous diront si cette compréhension de la réalité est légitime. 

Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/03/29/sasservir-sans-servir-le-mantra-des-enarques-macronistes/

Source : L’Echelle de Jacob

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