Sans drapeau ni honneurs

En 2009, Henri Ménigaud nous avait raconté sa participation au débarquement du 15 août 1944 en Provence. Photo: (Photo d’archives cor. Liliane Fayolle)

Un ancien combattant de Vouneuil-sous-Biard, aux états de service impressionnants, est mort sans honneurs militaires. Son ami s’en émeut.

Henri Ménigaud est décédé le 10 novembre dernier à 93 ans. Inhumé à Vouneuil-sous-Biard, « sans honneurs militaires, sans drapeau », dénonce son voisin et ami Michel Stevenin. Car Henri Ménigaud a un étonnant et valeureux parcours. Nous en avions fait état dans nos colonnes le 14 août 2009. Il est un des seuls, voire le seul ancien combattant de la Vienne, à avoir participé à trois débarquements: en Corse puis en Italie et à Toulon.

Tout commence le 17 mai 1941. Agé de 19 ans, il embarque sur le Sidi Brahim, paquebot à destination d’Alger. A son arrivée, il s’engage dans les troupes coloniales du RICM et il est rapidement envoyé vers le Maroc. Il est à Casablanca quand les Américains débarquent en Afrique, et participe à leur protection le 11 novembre 1942, jour de ses 20 ans.

Protection de de Gaulle

En janvier 1943, il est choisi pour faire partie de l’unité chargée de la protection des présidents de Gaulle, Churchill et Roosevelt lors de la conférence d’Anfa, avant d’être affecté à la 9e Division d’Infanterie Coloniale.

En avril 1944, il est envoyé en Corse et débarque à Ajaccio pour participer à la libération de l’île avant de faire partie des corps expéditionnaires envoyés en Italie pour la conquête de l’île d’Elbe. Il revient en Corse pour préparer le débarquement des alliés dans le midi de la France, à Marseille et Toulon le 15 août 1944. Toulon libérée, il participe à la campagne de France pour repousser les Allemands jusqu’en Alsace et libérer la région avant d’entrer en Allemagne…

Il est choisi pour faire partie de l’unité représentant la première armée à rendre les honneurs aux fusillés du Mont Valérien le 18 juin 1945. Il est démobilisé le 16 novembre 1945, après 56 mois de service.

Il n’était pas adhérent

Pourquoi, avec de tels faits d’armes, Henri Ménigaud, n’a-t-il pas eu d’honneurs militaires rendus à ses obsèques? « Un membre éloigné de sa famille m’a contacté, confirme Georges Boutin, président de la section des anciens combattants de Vouneuil-sous-Biard. Je le déplore, mais nos statuts sont stricts: il n’était pas adhérent. On aurait déplacé des porte-drapeaux et déposé une plaque militaire s’il l’avait été. Moi aussi ça me choque. Il faudrait peut-être revoir les statuts de l’UNC au plan national. Le souci, c’est que si on le fait pour un ancien combattant non adhérent, on devra le faire pour d’autres… » D’après M. Boutin, la famille aurait pu demander aux pompes funêbres de mettre un drapeau et ses décorations.

« Encore faut-il que la famille nous en avertisse »

Au RICM, le lieutenant-colonel Lefèvre a reçu le courrier de Michel Stevenin, en colère de voir le méritant soldat oublié. « Évidemment, lorsqu’un ancien militaire du RICM décède, on envoie une délégation, dans la mesure de nos possibilités. Perdre un ancien du régiment nous touche. Encore faut-il que la famille nous en avertisse et fasse savoir les volontés du défunt. Ce qui n’a pas été le cas pour M. Ménigaud. Nous l’ignorions. »

Ce courrier, envoyé à notre rédaction, et ces explications, auront toutefois permis de rappeler la mémoire de cet homme qui a défendu l’honneur de la France.

Source : Centre Presse

Note de la rédaction de Profession-Gendarme : 

Peu importe qu’il y ait ou non des responsables de cette situation,  nous présentons à cet homme et à sa famille nos condoléances attristées. C’est avec respect et reconnaissance que nous saluons cet ancien combattant.

 

 

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