Saint-Malo Justice. « Fast and furious » entre Plerguer et Saint-Hélen
Des villages traversés à 160 km/h, des stops grillés à la chaîne, des coups de volant pour percuter les gendarmes… De mémoire de magistrats, on a rarement vu sur le secteur un chauffard aller aussi loin dans la grande délinquance routière.
« C’est juste de la folie ». La présidente du tribunal correctionnel devant lequel comparaissait lundi dernier Sébastien B., n’a pas de mot pour qualifier autrement l’incroyable rodéo routier auquel s’est livré samedi 30 mai cet homme de 37 ans. Tout a commencé par un contrôle de vitesse à hauteur de la nationale 176 (Dinan-Dol), où notre homme est flashé à 160 km/h par un radar mobile.
Un peu plus loin, un gendarme se positionne au milieu de la route et lui fait signe de s’arrêter. Mais à la vue de l’uniforme, Sébastien semble perdre tout contrôle : au lieu de freiner, il accélère et fonce droit sur le militaire. « Il n’a même pas essayé de mettre un coup de volant pour m’éviter », raconte ce dernier à la barre du tribunal. « Si je ne m’étais pas jeté sur le bas-côté, c’était le choc assuré ».
Rond-point à l’envers
Le chauffard, qui a pris la direction de Plerguer, est immédiatement pris en chasse par un motard de la gendarmerie. S’engage alors une course folle qui par miracle, ne fera ni mort, ni blessé. Car pour commencer, Sébastien, au volant de son Opel Vectra, va traverser le bourg de Plerguer à au moins 150 km/h. Après avoir pris un rond-point à l’envers et grillé à plein tube un premier stop, il s’embarque à 180 km/h sur la 4 voies en direction de Saint-Pierre de Plesguen, avec toujours le motard à ses trousses. « Lorsque je me portais à sa hauteur », témoigne ce dernier, qui fera preuve d’un incroyable sang-froid tout au long de ces 26 km de rodéo, « il donnait de grands coups de volant pour tenter de me faire chuter ».
Stoppé dans un champ
Un peu avant Saint-Pierre, l’automobiliste fou quitte brutalement la Nationale, passe sous la 4 voies et repart en direction de Saint-Malo non sans avoir encore grillé un stop à très vive allure. Puis il bifurque à gauche pour prendre une petite départementale en direction de Dinan. « Pour le faire stopper, je suis passé devant lui », poursuit le gendarme à moto. « Mais lorsque je freinais pour le faire ralentir, il accélérait pour tenter de me percuter ».
La course-poursuite se terminera finalement dans le fossé d’un champ à Saint-Hélen, après une tentative de demi-tour raté… Sébastien essaiera alors de prendre la fuite à pied, avant d’être définitivement stoppé par son courageux poursuivant.
Pas d’explication
Après 48 heures de garde à vue, le chauffard, qui avait 1,5 gramme d’alcool dans le sang, a été jugé lundi par le tribunal correctionnel. Totalement hagard, il s’exprime avec difficulté et ne donne aucune explication cohérente à sa course folle.
Le chauffard évoque tour à tour sa peur d’aller en prison à la vue des gendarmes, ou encore la découverte récente que sa mère avait d’autres enfants, ce qui lui a causé un choc… Des bribes d’explications d’un homme qui semble cependant être à mille lieux de se rendre compte de sa folie routière : sur 26 km avalés à une moyenne de 150 km/h environ, il a grillé 4 stops à pleine vitesse, traversé au même rythme villages et lieux-dits, tenté de renverser un gendarme et d’en percuter un autre à plusieurs reprises…
« C’est un dossier proprement hallucinant », résume le procureur, qui confie n’avoir jamais vu une affaire pareille. D’autant que le prévenu, qui conduisait sans permis et sans assurance, n’en est pas à son coup d’essai. Son casier comporte 25 condamnations, dont beaucoup sont liées à des affaires de grande délinquance routière. Il cumule ainsi près de 10 ans de prison pour des infractions de toutes sortes au volant d’une voiture.
« C’est un miracle qu’il ne soit pas encore mort ou qu’il n’ait encore tué personne », avance son avocat, qui doute fortement de la santé mentale de ce danger public, incapable de prendre la mesure de la gravité de ses actes. « A-t-il simplement conscience des faits qu’on lui reproche ? Je n’en suis pas sûr », conclut Me Laurent, qui estime que ce prévenu hors norme relève plus de la psychiatrie que de la justice.
C’est pourtant en prison qu’il va retourner pour la énième fois. Sébastien a écopé de 3 ans ferme, devra verser 1000 euros de dommages-intérêts au motard de la gendarmerie et a interdiction de repasser son permis d’ici deux ans. Un document dont il n’a pas vu la couleur depuis très longtemps…
Source : Le Pays Malouin
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