Saint-Denis : mort après avoir refusé de servir un homme en état d’ébriété
Le gérant d’un café du centre-ville s’est écroulé après avoir été frappé par un client qui réclamait de l’alcool.
Saint-Denis, mercredi 21 août. Le gérant d’un café du centre-ville est mort après avoir frappé par un client qui réclamait de l’alcool. LP/G.B.
Le rideau de fer est resté baissé, ce mercredi matin, au café de la Place. Devant l’établissement, situé à deux pas de la mairie en centre-ville de Saint-Denis, quelques clients et amis éplorés se sont rassemblés. « C’était un homme serviable, tellement gentil », sanglote une femme.
L’émotion est vive après la mort brutale, dans la nuit de mardi à mercredi, du gérant du café. Makhlouf, 66 ans, s’est écroulé vers minuit, juste après avoir été frappé par un homme à qui il avait refusé de servir de l’alcool.
Une enquête a été ouverte pour « coups mortels » et confiée à la Police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Ce drame suit de près la mort tragique vendredi dernier d’un serveur de 28 ans, abattu par un client – toujours recherché – à l’autre bout du département, à Noisy-le-Grand.
Les secours n’ont pas pu le ranimer
A Saint-Denis, le cafetier est décédé dans l’enceinte de son commerce. « Les secours ont essayé de le ranimer pendant 30 minutes, mais il est mort vers une heure du matin », indique son fils Amar, accouru sur les lieux juste après l’agression de son père. Selon les premiers éléments de l’enquête, deux hommes très alcoolisés seraient arrivés en fin de soirée dans le café.
Pour Amar, l’identité de l’auteur des coups ne fait aucun doute. Il évoque un homme âgé d’une cinquantaine d’années, figure familière du quartier. « On le connaît. Mon père a déjà refusé de le servir, parce qu’il avait trop bu. Avant les vacances, il avait agressé des clients avec un sabre, affirme-t-il. Hier soir, des clients l’ont fait sortir du café, parce qu’il parlait mal à mon père. Depuis l’extérieur, il l’a insulté. Mon père est allé le voir pour discuter, et c’est à ce moment-là qu’il l’a frappé au cou. »
La garde à vue du suspect levée en raison de son état de santé
La victime a juste eu le temps de rentrer dans son café avant de perdre conscience. Arrivé sur place, Amar, en état de choc, s’en est pris à l’agresseur de son père, lui portant plusieurs coups : « Je voyais noir », confie-t-il. Le suspect a ensuite été interpellé, puis placé en garde à vue. Mais celle-ci a été levée ce mercredi du fait de son état de santé, indique une source proche de l’enquête.
Rachid esquisse un sourire amer devant le rideau baissé. Il fait partie des habitués, dans ce petit établissement où le maire vient aussi de temps en temps boire une tasse. « Je viens matin et soir, parce que le café est bon, explique cet agent de sécurité. Makhlouf était gentil mais il n’hésitait pas à refuser de servir à boire quand il voyait que le client avait dépassé ses limites. D’ailleurs il disait toujours : Ici, c’est un café, pas un bar. »
« Refuser de servir un client en état d’ébriété, c’est faire correctement son travail, personne ne devrait être agressé pour cela », réagit la mairie de Saint-Denis dans un communiqué, espérant « que le responsable de l’agression sera puni à la hauteur de son crime ».
Arrêté anti-alcool
Depuis 2013, la municipalité tente de limiter la consommation d’alcool sur la voie publique, au gré d’arrêtés régulièrement renouvelés. Un arrêté en vigueur depuis le 7 juin, et valable jusqu’au 31 octobre, interdit aux épiceries situées en zone de sécurité prioritaire (ZSP) – dont fait partie le centre-ville – de vendre des boissons alcoolisées entre 21 heures et 6 heures du matin. Deux épiceries ont depuis fait l’objet d’une fermeture administrative.
« Si j’ai un message à faire passer aux autres patrons de café, c’est : refusez de servir quelqu’un qui est déjà alcoolisé. Aujourd’hui, c’est mon père, demain, cela pourrait arriver à quelqu’un d’autre », glisse Amar.
Source : Le Parisien
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