Risques psycho-sociaux en Gendarmerie (Les suicides).
Le 27 Janvier 2013, Armée Média publiait « Suicides de militaires de la gendarmerie : Statistiques 2013 ». Ces statistiques faisaient état de 16 suicides au cours de l’année.
Quelques lecteurs nous ont informé qu’en fait leur nombre serait en réalité de 23, mentionnés dans une note gendarmerie publiée sur le site Gendcom et intitulée «Prévention des risques psycho-sociaux en gendarmerie ».
Après lecture de cette note nous avons voulu vous en soumettre quelques extraits et vous faire partager notre analyse :
Face au sujet sensible et douloureux que constitue la commission des actes auto agressifs, la gendarmerie développe son dispositif de prévention.
En effet il s’agit d’un sujet sensible et douloureux. Douloureux pour celui qui commet un acte auto agressif, douloureux pour sa famille, ses enfants et ses camarades. De quel dispositif de prévention s’agit-il ?
L’année 2013, avec 23 décès, a connu un nombre de suicides inférieur à la moyenne de la dernière décennie.
Ici nous constatons que la Gendarmerie reconnaît 23 suicides en 2013, alors que nous n’avons connaissance que de 16 d’entre eux, dont 6 au mois de décembre. Combien y en a-t-il eu réellement dans la dernière décennie ? Pourquoi si peu de ces suicides ne sont mentionnés dans les médias et que beaucoup d’entre eux restent « cachés » ?
Chaque suicide étant de trop, le fatalisme n’est pas de mise.
C’est tout à fait exact, le fatalisme n’est pas de mise et il appartient à chacun de se saisir du sujet et de participer à la prévention.
C’est pourquoi nous sommes tous mobilisés afin de prévenir les passages à l’acte désespérés de ceux d’entre nous qui, pour des raisons souvent intimes, toujours complexes mais jamais acceptables, commettent l’irréparable, dans la solitude.
Je rejoints la aussi les propos de cette note. Nous devons tous nous mobiliser. Il est également exact que c’est pour des raisons intimes et dans la solitude que ces suicides se produisent. Les raisons en sont certainement très complexes. Le harcèlement et l’incompréhension en font parti, alors pourquoi ne pas le dire et le cacher presque systématiquement ? Pourquoi insister et tenter d’y trouver une cause familiale ?
Comment expliquer les disproportions des pourcentages des suicides ? au niveau national environ 10 /100.000, pour l’Armée de l’Air et la Marine 15/100.000, pour l’Armée de Terre 34/100.000 et pour la Gendarmerie 36/100.000 .
Pourquoi ces différences ? D’autant plus que lors de son intégration en école le Gendarme est soumis à toute une batterie de tests permettant d’apprécier sa force morale et sa capacité à subir toutes sortes de contraintes…
Si ces actes auto agressifs avaient pour cause principale des problèmes familiaux il n’y aurait aucune raison que ces actes soient plus de 3 fois supérieures à la moyenne nationale…
La Gendarmerie aurait-elle des lacunes dans son recrutement ? Non je ne le crois pas !
Cette mobilisation trouve notamment sa traduction dans la feuille de route, avec de nouvelles mesures qui complètent encore les dispositifs de prévention existants.
Des mesures empêchant et surtout sanctionnant le harcèlement de certains petits chefs seraient d’excellentes mesures. Il n’y a aucune gêne à le dire et surtout à l’écrire. C’est par là que nous arriverions à éradiquer ce fléau.
Cette politique globale poursuit l’objectif principal d’un mieux-être au sein de l’institution.
L’objectif principal du mieux être se trouverait peut être dans le fait de relâcher la pression sur les personnels, en donnant des heures de travail raisonnables, des effectifs suffisants pour assurer les missions, du matériel adéquat et des chefs ayant un véritable sens du commandement. Sens du commandement pourtant bien décris dans le règlement militaire mais trop souvent lu en diagonale.
Décliné dans chaque région, ce plan comporte un volet de proximité pour faire de nous tous des sentinelles vigilantes.
Où se situe la proximité de ce volet dit de « proximité » ? Comment le déclencher sans en subir les conséquences ?
En effet, ces dispositifs ne seront efficaces que si chacun de nous réagit à son niveau, à l’égard de son camarade, de son subordonné, voire de son chef, qu’il percevrait en souffrance.
Voila de très belles intentions, et il est exact que chacun doit réagir à son niveau. Mais pour ce faire il est nécessaire de libérer la parole et de ne pas se retrancher derrière un devoir de réserve non défini législativement.
Pour éviter, autant que possible, la répétition de nouveaux drames, faisons preuve, individuellement et collectivement, de la nécessaire attention qui fait de nous tous des acteurs essentiels d’alerte et de prévention, dans la tradition de solidarité et de cohésion qui fait la force de notre gendarmerie.
Il est ici des mots très plaisant à lire et pleins d’espérance, qui en théorie devraient résoudre une grande partie du problème : faire preuve d’une nécessaire attention, de solidarité, de cohésion…
Mais cela fait-il encore aujourd’hui, réellement, « la force de la Gendarmerie » ?
Tant que l’expression ne sera pas libérée, tant que la peur de s’exprimer sera là, tout ceci ne restera que des mots.
Puisse cette analyse faire que chacun, à tous les niveaux, davantage individuellement que collectivement, se rende compte que nous sommes tous responsables, d’une manière ou d’une autres, des suicides de certains de nos camarades.
Le gendarme exerce un métier dangereux et si parfois il est victime de la route ou du délinquant, même si cela semble dur à dire, ce n’est que « les risques du métier » et de son engagement.
Par contre un suicide, quel qu’en soit les motifs, reste toujours intolérable pour la collectivité des Gendarmes.
N’oublions pas que c’est un fléau que nous devons ensemble éradiquer et qu’il touche tous les grades, les sous-officiers comme les officiers.
Libérons la parole, que le devoir de réserve soit une bonne fois pour toute encadré et non laissé à la discrétion du petit « chefaillon » et alors là nous aurons posé les bases d’une véritable éradication de ces suicides à répétitions qui entachent malheureusement notre belle Gendarmerie.
Ronald Guillaumont.
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