Régime spécial de retraite de la police maintenu : comment Castaner a retourné les syndicats
« Castaner a été malin, il a attaqué tout de suite… », raconte un participant. Ce jeudi après-midi, face aux organisations syndicales de la police, le ministre de l’Intérieur s’est d’entrée montré « déçu » de ne pas avoir été entendu lors des précédentes réunions. « Mais enfin, vous ne m’écoutez pas, je vous ai toujours promis de vous accorder un statut de policiers », a rappelé le ministre en substance. Coupant ainsi l’herbe sous le pied des trois syndicats de gardien de la paix, très remontés, Christophe Castaner leur a annoncé d’emblée que la « dangerosité » de leur métier était reconnue. Elle entraine que leur bonification de trimestre actuelle, tous les cinq ans, serait maintenue. C’est le budget du ministère de l’Intérieur, déjà plombé par les dépenses de personnel, qui financera la mesure, a annoncé le ministre. Virulent, Yves Lefebvre, secrétaire général Unité SGP Police-FO, a tenté de demander en sus que le régime spécifique de la « pénibilité » (dont bénéficieront par exemple les infirmiers) soit aussi appliqué, en plus de celui de la « dangerosité », aux policiers qui travaillent de nuit, mais Christophe Castaner l’a renvoyé dans ses buts en lui précisant que c’était l’un au l’autre…« Un jeu de rôle », ironise un participant.
Le ministre de l’Intérieur a aussi promis aux policiers que leur âge de départ à la retraite (52 ans pour les hommes en tenue, et 57 ans pour les commissaires) serait également maintenu. « Un âge de départ possible, mais uniquement avec les droits cotisés, précise un syndicaliste, ce qui fait que l’âge moyen de départ aujourd’hui est de 58 ans pour les gardiens et 64 ans pour les commissaires ». Inconnue de la réforme cependant, les âges de départ dans le nouveau système seront-ils « obligatoires » ? « Personne ne comprend rien à l’âge pivot nous concernant et si on devra automatiquement partir quand tous les droits seront atteints », dit un participant.
« Pensions équivalentes » promises
Autre inconnue de taille, le calcul exact des pensions. Actuellement, les policiers partent à la retraite avec la moyenne de leurs payes des six derniers mois, hors primes. « Le ministre nous a promis que dans le nouveau système, notre retraite serait calculée comme tout le monde, sur la totalité de la carrière, mais en intégrant toutes les primes. Il nous a promis que cela aboutirait à des pensions équivalentes à celles d’aujourd’hui. » Mais pour l’instant, le montant du futur « point » de retraite restant inconnu, impossible de savoir si la promesse du ministre de l’Intérieur sera tenable ou non. « Il s’est engagé à nous mettre tout cela par écrit ce week-end et à mettre à disposition un simulateur en janvier », explique un syndicaliste.
« Pour l’instant, nous avons obtenu gain de cause sur l’essentiel, mais nous aller rester vigilant », ajoute ce policier. Dès jeudi soir, les organisations syndicales ont appelé leurs adhérents à cesser les mouvements de protestation. Grogne étouffée dans l’œuf. L’Elysée et Matignon ont pu pousser un ouf de soulagement dans la perspective de la grève du 17 décembre. Selon nos sources, pour la manifestation de ce jeudi 12 à Paris, trois compagnies de CRS se sont fait porter pâle en fin de matinée. Leur défection n’a finalement pas porté à conséquence au vu du peu de manifestants présents entre Nation et République. Mais sur un dispositif prévu de 26 unités de forces de l’ordre, cela fait quand même un ratio de 11% de défection dans les rangs CRS… De quoi donner des sueurs froides au gouvernement avant les mobilisations à venir.
Source : Marianne
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