Rassemblement au Trocadéro contre le pass sanitaire : entretien avec Didier Maïsto
France Soir : Demain aura lieu la manifestation contre le pass sanitaire au Trocadéro, vous devez y prendre la parole ?
Didier Maïsto : Oui, le collectif « Ami entends-tu« , que je ne connaissais pas et que j’ai découvert à cette occasion, m’a contacté et m’a demandé une prise de position sur le sujet : depuis le début je n’ai pas varié là-dessus.
Le pass sanitaire, pour vous est vraiment une ligne rouge pour vous? C’est la simple continuité de votre engagement ?
Je trouve que déjà depuis depuis trois, quatre ans, les libertés publiques se sont réduites comme peau de chagrin. Liberté de manifester, loi anti-fake news… On réduit un peu tout, la liberté de penser, la liberté d’écrire, la liberté de manifester, la liberté de circuler aussi, puisqu’on a été confinés avec des couvre-feux qui n’ont, jusqu’à preuve du contraire, pas fait la preuve de leur efficacité. Et puis, j’en avais parlé déjà dans mon bouquin écrit en août 2019, donc avant le covid, je disais qu’on allait de toute façon vers une société à la chinoise, avec ce contrat social, avec des points qu’on vous attribue… On va vraiment vers soi. Dans l’absolu, effectivement, déjà, il y a une ligne rouge puisque je n’ai pas envie qu’on me dise ce que j’ai le droit de faire et ne pas faire, respirer, sortir, montrer patte blanche… Dans l’absolu, donc, c’est un problème de principe, mais je dirais plus : on pouvait éventuellement faire fi de nos principes si on était sûr qu’en faisant cela, si tout le monde se vaccinait, on était sûr d’éradiquer le virus, pas d’effets secondaires et qu’on pouvait retrouver une vie normale. Mais ce n’est pas le cas ! Dans la mesure où on peut continuer à être contagieux. On se demande à quoi ça sert, un vaccin avec lequel on peut malgré tout, on peut à nouveau contracter la maladie. Donc, je ne vois pas bien sur quoi on se base pour un pass sanitaire. Ça n’a aucun sens, si on vous dit que vous pouvez être contagieux, mais que vous avez un pass sanitaire, ça veut dire que vous avez le droit de contaminer ? Je ne vois pas la logique de tout ça. Et je trouve que petit à petit, on réduit, on réduit les libertés publiques. Regardez aujourd’hui où on en est : s’il faut montrer un passeport pour aller au restaurant, au théâtre… J’ai vu la liste publiée par l’organe officiel de la Macronie, le JDD, c’est quand même délirant ! On ne sait pas sur quels critères ils se fondent. On se contamine au théâtre mais pas aue au supermarché… Ce n’est pas une logique sanitaire.
Vous avez été assez impliqué auprès des Gilets jaunes, faites-vous un parallèle avec ce qui se passe ?
Oui, regardez le chemin parcouru en deux ans et demi, depuis les Gilets jaunes. Ils manifestaient pour justement avoir plus de liberté, plus de démocratie participative, plus de référendum avec le RIC (référendum d’initiative citoyenne)… Regardez comme on a régressé en deux ans et demi ! Il y avait tous ces gens qui se sont rendus visibles, qui étaient à la base des légalistes, qui avaient tout bien fait, se serrer la ceinture et tout respecter, payer leurs impôts… Qui se sont rendus visibles et ont dit « maintenant, ça suffit, on existe, il faut changer de trajectoire ». Et là, aujourd’hui, c’est sûr que le pass sanitaire…
Voir aussi : Pass sanitaire : plus de 80 personnalités dénoncent un projet « liberticide »
Il n’y a pas de grand complot international, il y a juste une opportunité pour des exécutifs en grande difficulté de faire taire toute contestation au nom d’un impératif sanitaire. Cela paraît évident, limpide. Et deuxièmement, je pense qu’il y a une agrégation de communautés d’intérêts avec les laboratoires pharmaceutiques qui veulent nous vendre à tout prix, sans qu’on ait le recul suffisant, puisqu’on a quand même une autorisation provisoire de mise sur le marché…
Tout cela ne procède pas d’une logique populaire, non, c’est le moins qu’on puisse dire. Il y a vraiment deux France, une France protégée qui n’a pas forcément de conscience politique au sens large, et qui prétend retrouver sa vie d’avant avec des bouts de papier et que le télétravail n’emmerde pas, ils sont en général dans des grosses boîtes ou dans des statuts protégés qui font que ça change rien à leurs statut, dans leur maison de campagne, ils vivent tranquilles. Et puis tous les autres qui rament, les ouvriers, les salariés, les artisans, les commerçants, les indépendants… Quand les mannes vont s’arrêter, les PGE (prêts garantis par l’État) et le reste, il va y avoir des faillites en cascade et un chômage qui va exploser. Ils commencent à le dire, d’ailleurs, ils le reconnaissent, disent qu’on va fermer le robinet.
Beaucoup d’initiatives complémentaires, parallèles, coexistent. Samedi, la mobilisation se veut ouverte à tous, sans oeillère, mais toutes ces initiatives cumulées restent légères en nombre par rapport à la masse des Français qui semblent suivistes ou résignés… Quel sera le déclencheur de la fin de cette apathie, selon vous ? Le robinet qui s’arrête, ou une prise de conscience ?
Malheureusement je crois qu’il faut toujours taper les gens au portefeuille, parce que c’est le nerf de la guerre, donc je crois qu’il va y avoir deux phénomènes concomitants, les gens qui vont se retrouver dans la galère financière quand tout ça va s’arrêter, d’une part, et deuxièmement, si à la rentrée il y a un variant du variant du variant du variant, ce qui ne manquera pas d’arriver, reconfinement général, on va encore culpabiliser les citoyens, « vous vous êtes relâchés, ce n’est pas sérieux… » Et là ça va encore monter d’un cran, si en dépit de tous les efforts, c’est une rebelote, ça peut durer mille ans sinon… Si on rentre dans cette logique stupide, ça peut durer toute la vie cette histoire.
Et puis tout le monde va peut-être se rendre compte que l’âge médian des décès, c’est finalement l’âge de l’espérance de vie, même si on perd quelques mois… Bon, on est dans une logique complètement folle ! Et au delà de ça, ce qui m’effraie un peu, c’est cette vision hygiéniste et presque transhumaniste du monde où finalement, des gouvernants voudraient nous faire croire que si on se protège, on va vivre dans une bulle – j’ai entendu Jean Castex commencer à parler des masques de façon permanente pour la grippe, ben continuons ! Bientôt des tenues de cosmonaute, on va avoir un pass pour respirer l’air non-vicié… C’est complètement dingue ! Si on fait un flash-back deux ans en arrière et qu’on se dit dans deux ans, ça sera comme ça, mais on vous dit « vous êtes dans la dystopie, vous êtes un dingue ! ».
C’est quand même des méthodes un peu médiévales, Raoult a raison là-dessus, si on pouvait apporter la preuve que confinements et couvre-feux fonctionnent, on voit aux Etats-Unis que les courbes sont absolument identiques entre différents États, quelles que soient les mesures, c’est la même dynamique, donc malheureusement, les virus enjambent les portes et les fenêtres. En plus, aujourd’hui, on sait, et même depuis le début, que c’est à l’intérieur qu’on se contamine, pas à l’extérieur. Donc, enfermer tous les gens après leur avoir permis de travailler, de prendre les transports en commun serrés comme des sardines, et puis aller se confiner à la maison, c’est quand même pas terrible !
Rendez-vous samedi à 14 heures !
Auteur(s): FranceSoir
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