Rappel historique Palestine.
Thierry Meyssan* nous brosse un historique de la création d’Israël intéressant et rapporte quelques précisions sur l’affaire du 7 octobre.
Il amène de l’eau au moulin de ceux qui affirment depuis longtemps que ce conflit est de la responsabilité quasi exclusive des Britanniques qui continuent de gérer le panier de crabes qu’ils ont créé. (Cf. l’expression ne pas toucher à leur hamas, nos fils de putes disent-il !).
* Son grand-père maternel a été témoin de l’attentat du 17 septembre 1948 contre la délégation de l’ONU et on comprend son intérêt pour l’histoire de cette région.
La narration du 7 octobre contredite par l’Histoire
Nous reproduisons le texte d’une conférence donnée le 4 mai à Boulogne-sur-mer. Thierry Meyssan y explique que le conflit actuel en Palestine n’est pas imputable aux populations arabes et juives. Il a été organisé, dès 1915, par la puissance coloniale avec l’idée que jamais le ou les États à venir ne devaient parvenir à assurer leur sécurité. À leur insu et à leurs dépens, les Palestiniens et les Israéliens, en jouant l’opération du 7 octobre et sa réplique, ne font que mettre en œuvre cette politique. En ne parvenant pas à arrêter le nettoyage ethnique des Gazaouis, les Anglo-Saxons ne manifestent pas leur insensibilité, mais le fait qu’ils considèrent les massacres comme de simples variables d’ajustement.
*
par Thierry Meyssan
Bien que les massacres au Soudan et au Congo soient beaucoup plus meurtriers qu’en Palestine, c’est de ces derniers dont je vais vous parler aujourd’hui. En effet, c’est la première fois que l’on assiste, en direct sur nos téléphones portables, à un nettoyage ethnique. Je voudrais revenir sur diverses informations que j’ai déjà traitées dans divers articles, mais que, manifestement, certains médias ne veulent pas intégrer à leurs analyses. Je voudrais vous dire qu’il n’y a pas de fatalité communautaire : ce conflit n’a pas été provoqué par les populations de Palestine, qu’elles soient juives, chrétiennes ou musulmanes, mais par des puissances extérieures qui, depuis un siècle ont souhaité qu’elles ne connaissent jamais la paix.
La création d’Israël par les Britanniques
Pour me faire comprendre, je vais, avant toute chose, vous parler du Royaume-Uni. Vous avez assisté au couronnement du roi Charles III. Vous vous souvenez qu’au milieu de la cérémonie, il a ôté ses riches habits et s’est habillé d’une toile de lin. Ses pages ont dressé des paravents pour que l’assistance ne soit pas éblouie. Lorsque l’on a ôté les paravents, il était devenu roi. On lui a alors remis les symboles de son pouvoir, le sceptre et le globe. Que s’était-il passé durant ces quelques instants hors de la vue du public ? Le prince de Galles avait vu Dieu, comme Moïse devant le buisson ardent1. Cette explication vous paraît probablement saugrenue et vous vous demandez comme ses sujets peuvent croire un tel conte à dormir debout. En réalité, depuis Jacques VI, au XVIe siècle, les souverains britanniques se déclarent rois d’Israël2. C’est contre sa conception du droit divin, qu’Oliver Cromwell renversa son fils Charles et proclama le Commonwealth. Cependant le Lord Protecteur était tout aussi illuminé, il professait qu’il fallait regrouper tous les juifs en Palestine et y reconstruire le temple de Salomon3. En définitive, les dynasties se succédèrent en entretenant ce mythe. Elles ont adopté divers rites et en ont imposés d’autres à leurs sujets, comme la circoncision juive, pratiquée d’office dans les maternités au XXe siècle sur tous les nouveau-nés mâles du Royaume à leur naissance.
Deux ans avant la déclaration Balfour (1917) qui annonça la création d’un foyer national juif en Palestine, un diplomate juif et futur ministre des Affaires étrangères, Lord Herbert Samuel, rédigea un mémorandum sur le Futur de la Palestine (1915). Il y plaidait pour un État juif qui permettrait de placer toute la diaspora au service de l’Empire. Un peu plus tard, il précisa que ce nouvel État ne devrait jamais pouvoir seul assurer sa sécurité afin d’être éternellement dépendant de la Couronne d’Angleterre. C’est très exactement ce à quoi nous assistons aujourd’hui. C’est le sort qui a maudit la population de Palestine.
La déclaration de Lord Arthur Balfour a été suivie des 14 points du président états-unien Woodrow Wilson. Il y décrit les objectifs atteints par son pays durant la Première Guerre mondiale. Le point 12 est étrangement rédigé, mais lors de la Conférence de Paris qui rédigea le Traité de Versailles, il précisa par écrit ce qu’il fallait comprendre : la création de l’État d’Israël en Palestine (et du Kurdistan en Turquie). La Guerre mondiale avait provoqué un rééquilibrage des forces, de sorte que désormais, Washington travaillait aux côtés de Londres dans la défense d’intérêts communs.
Durant l’entre-deux-guerres, l’immigration juive dans la Palestine mandataire se passa bien. Les propriétaires terriens arabes vendirent sans problème une partie de leurs terres aux juifs. Cependant, dès 1920, des terroristes arabes assassinèrent des juifs. Parmi les assassins, Mohammed Amin al-Husseini fut condamné par les Britanniques à 10 ans de prison, mais ils ne les lui firent jamais exécuter. Bien au contraire, Lord Herbert Samuel (celui qui avait écrit qu’il ne devait jamais avoir de sécurité en Palestine), qui était devenu le haut-commissaire britannique en Palestine, le gracia et le nomma grand mufti de Jérusalem, prétendument pour maintenir un équilibre entre les deux grandes familles locales.
Survint un salafiste (c’est-à-dire un musulman souhaitant vivre comme les compagnons du Prophète au VIIe siècle), Izz al-Din al-Qassam, qui avait déjà organisé une révolte contre les Français en Syrie et qui devint imam à Haïfa. Il décida le djihad, non pas contre l’occupant britannique, mais contre les immigrés juifs. Il s’en suivit divers attentats et pogroms de juifs. Pour maintenir la paix civile, les Britanniques tuèrent al-Qassam, ce personnage a donné son nom aux actuelles Brigades al-Qassam du Hamas.
La mort d’al-Qassam n’avait rien résolu du tout. Les Britanniques, fidèles à leur technique coloniale du «Diviser pour régner», ont toujours développé d’une main ce qu’ils combattaient de l’autre. En 1936, Lord Willam Peel, à la tête d’une commission officielle assura que l’on ne pourrait rétablir la paix qu’en séparant les populations arabes et juives en deux États distincts. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui la «solution à deux États».
Durant la Seconde Guerre mondiale le grand mufti de Jérusalem est devenu l’allié du chancelier Adolf Hitler. Il a notamment levé les musulmans des Balkans pour les engager dans la SS et a soutenu la «solution finale de la question juive». De leur côté, les fascistes juifs (les «sionistes révisionnistes») de l’Ukrainien Vladimir Jabotinsky, combattirent aux côtés de l’Axe contre les Britanniques. Les sionistes quant à eux, se battirent aux côtés des Alliés tout en contestant les limites que les Britanniques imposèrent en théorie à l’immigration juive ; en théorie seulement.
L’historien fasciste Benzion Netanyahou et son fils, Benjamin Netanyahou.
Source : Office du Premier ministre
Ils se réunirent en mai 1942 à l’hôtel Baltimore de New York, sous la présidence de David Ben Gourion. Ils fixèrent les principes du futur État d’Israël. Jusqu’à présent, on nous a assuré que Ben Gourion était un homme de bonne volonté. Or, il avait été le compagnon de Jabotinsky durant l’entre-deux-guerres et s’était prononcé pour le nettoyage ethnique de la Palestine. Un livre, paru hébreu en Israël il y a deux semaines et publié par une grande maison d’édition, assure qu’il était tenu au courant des négociations du Hongrois Rezső Kasztner avec Heinrich Himmler et Adolf Eichmann qui durèrent jusqu’à la chute du Reich. Kasztner prétendait acheter la fuite d’un million de juifs hongrois. En réalité, il n’a sauvé que sa famille et ses amis. Surtout, il a extorqué 8,5 millions de francs suisses en or (une somme colossale à l’époque) aux familles juives riches de Hongrie leur faisant accroire à une possible fuite4. Si les documents cités dans ce livre sont exacts, David Ben Gourion serait lui aussi un escroc, ayant trompé son propre peuple.
Les Nations unies proposèrent :
- de ne pas diviser la Palestine (et non pas la «solution Peel à deux États») ;
- d’instaurer un régime républicain, démocratique et représentatif ;
- de garantir les cultures des différentes minorités ;
- de garantir la liberté religieuse des juifs, des chrétiens et des musulmans.
Les conférences et négociations se succédèrent en vain. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies (qui ne comprend alors que 56 États membres) approuve le plan de partage élaboré par une commission spéciale5. Il est immédiatement rejeté par tous les pays arabes.
Le 14 mai 1948 (c’est-à-dire deux mois et demi avant la fin du mandat britannique), David Ben Gourion coupa court aux discussions et proclama unilatéralement l’indépendance de l’État d’Israël. Le lendemain de ce coup de force, alors que les 100 000 soldats britanniques commençaient à se retirer, l’Égypte, la Jordanie, l’Irak, la Syrie, le Liban, l’Arabie saoudite et le Yémen du Nord envoyèrent leurs troupes pour défendre les arabes de Palestine. La confrérie égyptienne des Frères musulmans envoya également un groupe de combattants, sous le commandement de Saïd Ramadan (gendre du fondateur Hassan el-Banna et père de Tariq Ramadan), se joindre à eux. Cependant, à ce moment-là, aucun de ces pays ne disposait d’armée digne de ce nom. Elles sont rapidement défaites. Le mythe de l’invincibilité de Tsahal est né.
Or, ainsi que me l’a raconté mon ami libanais Hassan Hamade, cette narration est mensongère. En réalité, les chefs d’État arabes étaient déjà acquis à Israël et les juifs n’étaient pas plus vaillants que les arabes. Ainsi l’émir Majid Arslan, qui était le ministre de la Défense libanais, a conduit ses troupes sans rencontrer grande résistance jusqu’à Bethléem, qu’il a libéré. Le président libanais, Béchara el-Khoury, lui ordonna immédiatement d’abandonner le champ de bataille, ce qu’il refusa de faire. Il le destitua, mais celui-ci continua la guerre en tant que simple officier. En définitive, ses troupes ne furent pas vaincues par les juifs de Palestine, mais par l’armée «jordanienne» commandée par un général britannique, John Bagot Glubb (dit «Glubb Pacha») et une centaine d’officiers britanniques. En réalité, la Jordanie n’avait aucun soldat, mais la Légion arabe composée par les Britanniques durant la Seconde Guerre mondiale, avait le premier jour de la guerre changé de nom en «armée jordanienne», tout en conservant ses officiers britanniques. Ce sont les Anglais et les Jordaniens qui ont sauvé Israël dès sa création, comme ils viennent de le sauver à nouveau lorsque l’Iran l’a attaqué le mois dernier. Cette guerre n’était pas une tentative d’écraser Israël, mais la première manifestation du sionisme arabe.
Les Nations unies, inquiètes de ces développements dépêchèrent un envoyé spécial, le Suédois Folke Bernadotte, pour récupérer la situation après le coup de force israélien et la guerre israélo-arabe. Dès son arrivée, il comprend que la Commission spéciale qui a élaboré le plan de partage ignorait les réalités démographiques : les Israéliens revendiquent un territoire disproportionné à leur nombre et bénéficient du soutien de gouvernements arabes sionistes qui ont d’abord prétendu jouer les bons offices et ensuite mener une guerre.
Le 17 septembre 1948, les «sionnites révisionnistes» (c’est-à-dire les fascistes juifs) assassinent Folke Bernadotte et le chef des observateurs de l’ONU, le colonel français André Serot. Mon grand-père maternel, Pierre Gaïsset, se trouvait dans la voiture suivante. Il n’a pas été blessé et a remplacé le colonel Serot dans ses fonctions. L’assassin, Yehoshua Cohen, ne sera pas inquiété. Il deviendra deux ans plus tard, le garde du corps attitré du Premier ministre David Ben Gourion. Le chef des «sionnites révisionnistes», Yitzhak Shamir, est immédiatement nommé à la tête d’un département du Mossad. Il mènera des actions secrètes pour le compte du Royaume-Uni et des États-Unis durant toute la Guerre froide, du Guatemala au Congo, puis il deviendra Premier ministre (1983-84 et 1986-92).
Le 29 novembre 1948, le gouvernement Ben Gourion, qui prétend rechercher les assassins de Folke Bernadotte et d’André Serot, dépose une demande d’adhésion aux Nations unies assortie d’une lettre déclarant «que l’État d’Israël accepte par la présente, sans réserve aucune, les obligations découlant de la charte des Nations unies et qu’il s’engage à les observer du jour où il deviendra Membre des Nations unies». Convaincue, le 11 mai 1949, l’Assemblée générale des Nations unies accepte6. Plusieurs États demandent aujourd’hui, au vu du nom respect systématique par Israël de son engagement, que son adhésion soit «suspendue».
L’opération «Déluge d’al-Aqsa»
Venons-en à la période actuelle. Le 7 octobre 2022, la Résistance palestinienne, à l’initiative du Hamas, a lancé une vaste opération contre une base militaire israélienne et également contre des civils. En droit international, les arabes de Palestine forment une «population occupée», au sens des Conventions de Genève Ils ont donc le droit d’attaquer Israël. Cependant, ils ne peuvent attaquer que des cibles militaires, pas des Kibboutz, ni des raves. Le but de l’opération était de faire des prisonniers militaires, et éventuellement aussi des otages civils, afin de négocier la libération des otages palestiniens en Israël, c’est-à-dire des prisonniers administratifs. On ignore le nombre de prisonniers et d’otages qu’ils ont pris, et encore plus la répartition des civils et des militaires. Selon le Hamas, plus de 30 officiers seraient retenus.
Cette opération, «Déluge d’al-Aqsa», a été préparée durant les trois dernières années au vu et au de tous7. Des centaines de kilomètres de tunnels ont été creusés au moyen de tunneliers qui n’ont pu entrer à Gaza qu’avec l’approbation des douanes israéliennes. Au moins 1 million de mètres cubes de terre et de gravois ont dû être évacués sous les yeux des services de sécurité israéliens. Plusieurs camps d’entraînement ont été construits et des entrainements de deltaplane ont été réalisés. Non seulement les services de Renseignement israéliens ont observé tout cela, mais d’autres puissances aussi, comme l’Égypte et les États-Unis. De très nombreux rapports ont été envoyés au Premier ministre, Benjamin Netanyahou. Pourtant, celui-ci n’a pas réagi. Pire, il a révoqué son ministre de la Défense, le général Yoav Galland, en août 2023, parce que celui-ci se plaignait de cette absence de réaction en conseil des ministres. Cependant, compte tenu des réactions du public à ce limogeage, il préféra le réintégrer plutôt que d’avoir à en expliquer le motif.
Israël a accusé le journaliste qui a publié des photographies du 7 ocotbre, bien avant
que les services de sécurité n’interviennent, d’être un membre du Hamas.
Les différentes factions palestiniennes (Jihad islamique, FPLP et Initiative nationale) ont été réveillées par le Hamas à 4h30 pour participer à une opération débutant à 6h30 (c’est-à-dire avant le lever du soleil). Elle a débuté par la destruction de tous les robots de surveillance du Mur de séparation. Donc, dès 6h30, l’alarme était donnée. À 8h00, les agences de presse du monde entier commençaient à diffuser des images de l’attaque8. Pourtant, les forces de sécurité israéliennes ne sont pas intervenues avant 9h45.
Dès le début de leur intervention, les Forces de Défense israéliennes (FDI) ont appliqué la «directive Hannibal» ; une instruction qui ordonne de tuer ses propres militaires plutôt que de les voir faits prisonniers par l’adversaire. Les chiffres des victimes israéliennes diffusées par le gouvernement israélien ne distinguent pas celles qui sont imputables aux attaquants de celles qui le sont aux défenseurs. Identiquement, le gouvernement israélien a fait état d’exactions que des combattants n’ont en principe pas le temps de perpétrer durant une attaque surprise. La Mauricienne Pramila Patten, rapporteuse spéciale des Nations unies sur les violences sexuelles, a auditionné les victimes et les témoins de l’opération Déluge d’al-Aqsa. Elle a conclu que quelques exactions sexuelles ont pu être commises, mais que les accusations les plus graves (notamment la castration de soldats) n’étaient pas crédibles9. Les rapports de décapitation de bébés ont été retirés après une enquête d’Al-Jazeera.
L’opposition israélienne se refuse pour le moment à aborder la question du rôle éventuel du Premier ministre dans l’organisation de cette opération. Elle doit pourtant être posée : Benjamin Netanyahou est le fils du fasciste Benzion Netanyahou, secrétaire particulier de Vladimir Jabotinsky (l’allié de Benito Mussolini, mort au début de la Seconde Guerre mondiale). Il a toujours exprimé son admiration pour ces deux hommes.
Benjamin Netanyahou a toujours soutenu le Hamas, comme un allié tactique permettant de combattre le Fateh de Yasser Arafat. Or, jusqu’en 2017, le Hamas s’affichait comme la «branche palestinienne de la Confrérie des Frères musulmans». Cette organisation a été restructurée en 1949 par les services secrets britanniques sur le modèle de la Grande Loge Unie d’Angleterre10. En 1950, elle a été intégrée au dispositif anglo-saxon de la Guerre froide. C’est à ce moment-là que Sayyed Qutob, le théoricien du jihad, en est devenu la vedette. Certes, en 2017, des gazaouis qui souhaitaient défendre leur pays y ont adhéré, mais ils ont réclamé que le Hamas rompe avec les Frères musulmans et les Britanniques. En définitive, les deux courants ont coexisté11. Le 19 octobre 2022, le président syrien, Bachar al-Assad a reçu Khalil Hayya, leader du courant révolutionnaire du Hamas. Mais il a refusé de recevoir Ismaël Haniyeh et Khaled Mechaal, leaders du courant frériste du Hamas12. D’un point de vue arabe, il n’y a donc pas un Hamas, mais deux. En effet, durant toute la guerre en Syrie, le Hamas s’est battu aux côtés d’Al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaïda), des FDI et des forces spéciales de l’OTAN, contre la République arabe syrienne. Le 9 décembre 2012, des éléments du Hamas étaient notamment venus assassiner à Yarmouk (banlieue de Damas) des leaders du Front de libération de la Palestine (FPLP), dont un de mes amis.13
Non seulement il est faux d’attribuer l’attaque du 7 octobre au seul Hamas, mais il est également faux d’ignorer qu’il y a deux Hamas. Ces mensonges permettent de présenter l’opération «Déluge d’al-Aqsa» comme un vaste pogrom antisémite, selon les mots du président Emmanuel Macron, alors qu’il s’agit d’un acte de Résistance, ainsi que l’a souligné Francesca Albanese, rapporteuse de l’Onu sur les Droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé.
Le massacre des Gazouis avec les Anglo-Saxons
Nous sommes témoins du massacre de 35 000 personnes, de la disparition sous les décombres de 13 000 autres, des graves blessures physiques de 120 000 encore. Toute personne ayant des sentiments humains ne peut qu’être horrifiée. Ceci n’a aucun rapport avec l’identité des victimes, c’est juste une question d’humanité.
Selon le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, il s’agit juste d’une opération de police visant à arrêter les assaillants du 7 octobre, mais tout le monde a compris qu’il n’y aucun rapport entre cette attaque et l’opération israélienne actuelle. Celle-ci vise juste à rendre la vie des gazaouis insupportable jusqu’à ce qu’ils partent d’eux-mêmes. Ce programme était celui de Vladimir Jabotinsky et de son secrétaire, Benzion Netanyahou. Il avait validé par, le négociateur avec les nazis et néanmoins fondateur d’Israël, David Ben Gourion.
Tout au long de ce massacre et aujourd’hui encore, les Anglo-Saxons fournissent des armes à Israël pour le perpétrer.
Cependant, alors que des manifestations ont commencé dans des universités états-uniennes contre le sang versé et qu’elles se généralisent dans le pays puis en France, l’Administration Biden a envisagé de démettre Benjamin Netanyahou au profit du général Benny Gantz. Certes, en droit cette décision ne lui appartient pas, mais Washington a un long passé de coups d’État et de révolutions colorées. Le secrétaire d’État, Antony Blinken, l’a donc invité pour «échanger sur la situation». Benny Gantz a accepté tout en organisant une entrevue avec l’Administration Sunak durant son voyage de retour. Mais les choses se sont mal passées14 : Benny Gantz a parfaitement compris que Washington lui demandait d’arrêter le massacre, ce qu’il approuvait, mais il a tenu à informer ses interlocuteurs de sa volonté de protéger son pays en détruisant le Hamas. Ses interlocuteurs interloqués comprirent que ce n’était pas «un fils de pute, mais notre fils de pute», selon l’expression du président Franklin D. Roosevelt. Ils prévinrent immédiatement le Premier ministre britannique, Rishi Sunak. Lorsque Benny Gantz arriva à Londres rencontrer le conseiller spécial de Sécurité, Sunak s’invita à leur réunion. Il tenta d’expliquer à Benny Gantz, à son tour interloqué, qu’on ne devait pas toucher aux «fils de pute» du Hamas, parce que certains d’entre eux sont «nos fils de pute». Les Anglo-Saxons n’ont donc pas renversé Benjamin Netanyahou.
Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, est venu dire à
Benny Gantz de ne pas toucher à notre Hamas.
Vu de Londres et de Washington, les massacres de civils sont déplorables, mais ne sont que des variables d’ajustement. Dans l’état actuel, Israël est un État indispensable. S’il était pacifié et devenait normal, il ne servirait plus à rien. Comme la République des Corsaires au XVIIIe siècle, Israël permet les plus vastes opérations de blanchiment d’argent et sert de refuge à certains des plus grands criminels de la planète.
Un responsable de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) m’a raconté avoir été serveur au bar de l’hôtel King David à Jérusalem. Un jour, il a été témoin de l’arrivée de quelques diamantaires, venus sans passer par les douanes et véhiculés sous escorte militaire. Ces hommes et quelques clients ont échangé des diamants et de l’argent liquide, puis sont repartis incognito. Ce genre de deal ne pourrait avoir lieu dans aucun autre État.
source : Réseau Voltaire
illustration : Derrière les paravents, le prince de Galles (protecteur des Frères musulmans), voit Dieu et devient le roi Charles III.
- «Deux mondes, mis en scène les 6 et 9 mai», par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 9 mai 2023.
- «Stratégies de gouvernance britanniques : sectes religieuses», Leonid Savin, Geopolilika, 10 avril 2024.
- «Qui est l’ennemi ?», par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 août 2014.
- «L’affaire Kastner resurgit», Réseau Voltaire, 3 mai 2024.
- «Plan de partage de la Palestine», ONU (Assemblée générale) , Réseau Voltaire, 29 novembre 1947.
- «Admission d’Israël à l’Organisation des Nations unies», Réseau Voltaire, 11 mai 1949.
- «Ce qui se cache derrière les mensonges de Benjamin Netanyahou et les esquives du Hamas», par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 novembre 2023.
- «Response from The New York Times to the Office of the Consulate General of Israel Regarding Yousef Masoud», The New York Times, February 24, 2024.
- «Mission report. Official visit of the Office of the SRSG-SVC to Israel and the occupied West Bank. 29 January – 14 February 2024», Office of the special representative of the secretary general on sexual violence in conflicts.
- J’ai présenté une histoire internationale de la Confrérie dans un de mes livres, «Sous nos yeux». Elle est disponible gratuitement sur Internet en six parties.
- A Document of Genéral Principles and Policies, Hamas, May 2017.
- «Comment Netanyahou falsifie l’actualité», par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 21 novembre 2023.
- «Des agents du Mossad dans l’unité d’Al-Qaida qui a attaqué le camp de Yarmouk», Réseau Voltaire, 31 décembre 2012.
- «Washington, Londres et Tel-Aviv empêtrés en Palestine», par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 19 mars 2024.
Source : Reseau International
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