RAPHAEL LEMKIN ET LE CONCEPT DE GENOCIDE

Le 13 Juin 2022

L’erreur profonde de l’écrasante majorité de nos compatriotes est d’associer obligatoirement le mot de génocide à une extrême violence, une barbarie débouchant à des meurtres de masse. On ne peut raisonnablement leur donner tout à fait tort.

Le massacre des Arméniens de 1915 à 1916, la Shoah durant la deuxième Guerre Mondiale et plus récemment le génocide Cambodgien de 1975 à1979,enfin le massacre des TUTSIS en 1994 sont des exemples récents et frappants pour démontrer que, sans violence inouïe, il ne peut exister de génocide.

Nos compatriotes pensent également qu’un génocide ne peut se produire exclusivement que durant des périodes d’insurrections, de temps troubles ou de guerres.

Là se situe la deuxième erreur . Car, contrairement à ce que tout le monde pense et en est persuadé, un génocide peut tout à fait se produire en temps de paix. Surprenant, mais c’est ainsi.

D’ailleurs, sur ce point précis, la Convention des Nations Unies dans la charte de 1948 établie pour la prévention et la répression du crime de génocide est très claire. Cette précision est même justement indiquée et figure dans l’article premier, et en première position.

Article 1er

« Les Parties contractantes confirment que le génocide, qu’il soit commis en temps de PAIX ou en temps de guerre, est un crime du droit des gens, qu’elles s’engagent à prévenir et à punir. »

La spécification du temps de Paix précède donc bien celle du temps de guerre. C’est un point capital pour le reste qui va suivre.

Article 2

« Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

a) Meurtre de membres du groupe ;

b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;

c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »

Mais revenons à Raphaël LEMKIN, juriste juif Polonais (naturalisé Américain par la suite), celui-là même qui est l’auteur du mot « génocide » en 1943 ; sinon le plus grand spécialiste de la question, du moins un des plus grands penseurs mondiaux du sujet.

Dans un ouvrage intitulé « Raphaël LEMKIN et le concept de génocide », Anson RABINBACH livre au lecteur l’analyse de R. LEMKIN sur les différentes méthodes de procéder à un génocide. En règle générale, il y a essentiellement, d’après l’auteur, deux moyens de procéder à un tel crime :

– « l’expéditive », celle réalisée sur le temps le plus court possible au moyen de meurtres de masse .

– Une seconde, la plus sournoise, la plus lente, la plus discrète, la plus dissimulée, celle effectuée sur le « temps long, voire très long », des décennies et des décennies s’il le faut. Le but est d’atteindre l’objectif final, peu importe le temps passé pour y parvenir, seul le résultat compte. Celle justement qui nous interpelle aujourd’hui.

Nous livrons ici l’analyse de R. LEMKIN :

 » En règle générale, le génocide ne signifie pas nécessairement la destruction immédiate d’une nation, sauf lorsqu’il est réalisé par des meurtres en masse de tous les membres d’une nation. Il entend plutôt signifier un plan coordonné de différentes actions visant à la destruction de fondements essentiels de la vie de groupes nationaux, dans le but d’exterminer les groupes eux-mêmes.

Un tel plan aurait pour objectif :

– la désintégration :

– des institutions politiques et sociales

– de la culture

– de la langue

– des sentiments nationaux

– de la religion

– de la vie économique des groupes nationaux

– ainsi que la suppression :

– de la sécurité personnelle

– de la liberté

– de la santé

– de la dignité

– de la vie des personnes appartenant à ces groupes.

Le génocide vise le groupe national en tant qu’entité, et les actions en question sont dirigées contre des individus, non pas es qualité, mais en tant que membres du groupe national »

Après avoir pris connaissance de l’analyse de R. LEMKIN et avoir pu constater la similitude existante avec tous les grands malheurs qui s’abattent depuis des décennies sur la France et son peuple, les uns après les autres, on ne peut qu’être troublé, inquiet et pensif.

Et si toutes ces destructions et désintégrations de tout ce qui fait société et Nation n’étaient pas le fruit du hasard ?

Nous laissons à chacun le choix d’interpréter comme bon lui semble et de partager ou pas l’analyse de R. LEMKIN.

G. E

SOURCES :

– « Raphaël LEMKIN et le concept de génocide » de Anson RABINBACH, traduit de l’anglais par Claire DREVON https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=RHSHO_189_0511&download=1

https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/convention-prevention-and-punishment-crime-genocide     Date d’adoption 1948 date d’entrée en vigueur 1951

https://www.un.org/en/genocideprevention/documents/Genocide%20Convention-FactSheet-FR.pdf

                                                                                                                                                                                 

– dans « Revue histoire de la SHOAH » (2008/2 n° 189 page 511 à 554)

https://www.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah-2008-2-page-511.htm

– 1949 Raphaël LEMKIN, le crime de génocide – YOUTUBE à 1’40 »

https://www.youtube.com/watch?v=r5pOA133DQo

« Cet assassinat collectif peut être commis de différentes façons :

– soit par la mise à mort de tous les individus qui font partie de l’un de ces groupes ;

– soit par leur « soumission » à des conditions telles que la « disparition » du dit groupe doive s’en suivre dans un « délai plus ou moins long ».

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