« Raciste »
N’y comprenant plus rien, ne sachant même plus ce qu’est le racisme aujourd’hui, je me réveille honteux de découvrir que ce qui ne l’était pas encore, la veille au soir en m’endormant, l’est devenu depuis. J’en suis presque à me poser cette question, chaque matin, en me rasant devant ma glace : « A l’aurore de ce nouveau matin, suis-je désormais, un gros con de raciste ? ». Pour me rassurer, très vite, sur ces trois qualificatifs, je rejette immédiatement et présomptueusement, les deux premiers. D’abord parce que je ne suis pas gros, même si je confesse être gourmand. Et qu’ensuite, j’ai la prétention de croire que je me considère, loin s’en faut, comme pas plus con qu’un autre. Il me reste donc à statuer sur le dernier point, le plus délicat à jauger, car l’affaire est d’importance et sa compréhension pour le commun des mortels de plus en plus malaisée…
D’abord qu’est-ce que le racisme ? Je prends comme mienne cette définition Wikipédienne : « Le racisme est une idéologie qui, partant du postulat de l’existence de races au sein de l’espèce humaine, considère que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement supérieures à d’autres… ». Bien ! Si ça, c’est dit et bien dit, cela ne répond malheureusement pas à mon interrogation toute personnelle, à cette introspection quotidienne et matinale, à cette autocritique salutaire qui me protège de me mentir à moi-même et de l’autosatisfaction.
D’autant que certains mots me plongent, aussitôt, dans une grande confusion d’esprit. Ainsi « existence de races », existe-t-il ou non des races différentes ? Je croyais que non, mais pourquoi alors, certains utilisent à tout bout de champ, l’expression « nique ta race » ? Que l’on ne vienne pas me laisser sous-entendre, qu’il n’y aurait dans cette expression poétique, qui se veut aussi artistique, qu’une manière détournée et fleurie de prôner un rapprochement entre lesdites « races » et plus si affinité… J’en conclus donc que pour certains, il existe des races et pour d’autres non. Ce qui me classe de facto, parmi les seconds, puisque je ne souhaite en aucun cas, « niquer » qui que ce soit, fussent-ils : amis, proches, voisins, collègues, simples connaissances, lecteurs ou même ceux qui me sont totalement étrangers.
Il y est aussi fait mention, dans cette définition, de : « …certaines catégories de personnes… » qui seraient « …intrinsèquement supérieures à d’autres… ». De quelles catégories parle-ton ? Sans revenir à la préhistoire, dans les civilisations dites « évoluées », est-il possible de trouver trace de ces dernières ? Pour les Grecs (encore eux), l’humanité était divisée en deux groupes inégaux : le monde des Grecs et le monde des Barbares. Pour le gaulois réfractaire que je suis, cela m’en bouche un coin, d’apprendre que je suis né dans le monde des Barbares. Cela nécessiterait peut-être que je demande « réparation » pour cette xénophobie « antécolonialiste », toute Platonienne. Pour les Romains, dont la vocation était de dominer le monde, ils distinguaient simplement, les Romains, puis les « bons » et les « mauvais » Gaulois. En clair, ceux qui étaient avec ou contre eux. Vues les raclés qu’au cours des siècles, ils nous ont mises, nous étions, je le crains, de mauvais Gaulois. C’est surtout au Moyen-âge, que l’on trouve les premières traces sur la prise en compte du racisme, mais là aussi, point de catégories. Il y a les nobles, le clergé et les gueux. Et cette hiérarchie de la société se perpétuera jusqu’à la révolution…Puis sauf erreur de ma part, jusqu’à aujourd’hui, même si on ne distingue plus que deux groupes d’inégales importances : les très riches et les autres, qui se retrouvent aussi, avec cette élégance toute énarquienne et ce dédain à la française, que le monde entier nous envie, dans cette désormais célèbre expression élyséenne : les sans-dents. Donc, si je suis bien « catégorisé » comme le précise cette définition, je ne peux revendiquer, en revanche, sauf à faire preuve de mauvaise foi, une quelconque supériorité aux autres, de par mes origines modestes, mon anecdotique, voire famélique patrimoine fiscale et mes 1 mètre 72, perché sur la pointe de mes deux pieds. Ces infériorités, qu’il me plaît de nommer des normalités, ne m’empêchent nullement, de croiser, il me faut bien le reconnaitre, autant de grandes personnes qui me toisent de toute leur morgue, que de petites gens qui me regardent de haut. Je ne peux donc cocher, dans ces conditions, la case « supériorité ».
Mais alors, comment vais-je savoir si je suis raciste ou non, si même cette simple définition, ne m’apporte pas assez de faits tangibles qui pourraient de manière factuelle, m’enlever ce doute infâme qui pèse sur mes épaules d’homme blanc, à la cinquantaine bien sonnée, hétérosexuel, marié, père de famille, grand-père même et comble du mauvais goût, catholique de surcroit ?
Je ne peux chercher parmi les Grands qui ont écrit notre Histoire de France, puisque tous sans exception, passent ou passeront sous les fourches caudines des antiracistes de tous bords. Pas un poète, un peintre, un compositeur, un acteur qui ne soit désigné par cette vindicte anti-raciale qui réclame vengeance, pour m’aider à m’y retrouver dans ma quête. Je n’attends également et malheureusement, rien de nos historiens, de nos experts, de nos hommes politiques, de nos peoples avec ou sans talent, de nos médias toujours épris d’honnêteté journalistique, de notre pape (sans majuscule), de nos cardinaux en costume, de nos évêques, de nos curés, des rabbins ou des imams pour dénoncer ces absurdités historiques, philosophiques, déontologiques, linguistiques, journalistiques et médiatiques…
Il m’est donc impossible de répondre à cette question, en toute honnêteté avec ma conscience. Mais il paraît que la nuit porte conseil. Peut-être que demain matin, les choses auront évolué et je pourrai alors enfin, sans doute possible, me targuer d’être « raciste ». Car au train où elles vont, ne pas être raciste, sera presque vu comme une tare, une maladie honteuse, une corruption de l’esprit, une déficience intellectuelle, une dégénérescence raciale… Puisque l’on trouve désormais, des racistes et du racisme partout, dans toute chose, ne pas en avoir en moi, pourrait me singulariser et causer ma perte. Etre montré du doigt, insulté, raillé par tous, être interdit de m’exprimer sur les réseaux sociaux, chassé par ces meutes de dégénérés abêtis par leurs propres contradictions et leur insondable ignorance, qui ne veulent plus m’entendre dire : « JE ne suis pas raciste ». Je dois, vous devez désormais, être raciste ! Le reconnaître, c’est enfin donner raison à leurs fantasmes, à leurs obsessions, à leurs divagations. C’est aussi reconnaître que nous sommes tous égaux, dans toute chose, même dans l’infamie. C’est devenue une nécessité républicaine, humanitaire, planétaire. Pour que puisse s’épanouir, enfin, cette cohabitation harmonieuse, ce fameux vivre-ensemble…
Mais vous allez devoir me détester encore un peu plus, car NON, je ne suis pas raciste. J’ai beau essayer de me convaincre d’être comme vous voudriez que je sois, je n’y arrive pas. Je refuse d’entrer dans votre jeu, de faire semblant, de prononcer une hypocrite confession, de singer une génuflexion impie devant vous, madame Assa Traoré et devant tous vos affidés. Mais vous m’avez quand même tout à fait convaincu « qu’au sein de l’espèce humaine », vous avez toute votre place et que « ces catégories de personnes » que vous représentez et qui veulent compter, « sont intrinsèquement supérieures à d’autres », lorsqu’il s’agit de haïr son prochain…
Capitaine (e.r.) Jean-Marie Dieuze, ancien officier à titre étranger.
Source : Le Colonel.net
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