Racisme, homophobie, ami de Netanyahu.. Qui est Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’Intérieur ?
La nouvelle vient de tomber. Bruno Retailleau, sénateur de Vendée et chef de file des Républicains (LR) au Sénat, va succéder à Gérald Darmanin place Beauvau. Au ministère de l’Intérieur, personne ne pensait voir plus à droite que le mutileur Gérald Darmanin, responsable de nombreux méfaits. Fiasco du Stade de France, menaces contre la Ligue des Droits de l’Homme, chaos à Saint-Soline, répression sanglante contre les Gilets jaunes et le mouvement social, loi Immigration votée avec le Rassemblement national, entre autres. Et pourtant, Bruno Retailleau prend sa place.
Réactionnaire, attaques contre la LDH (aussi) et contre le droit de manifester, vote contre l’interdiction des thérapies de conversion touchant les personnes LGBT+, opposé à la constitutionnalisation de l’IVG, parlant de « Français de papier », de « régression vers les origines ethniques» dans les banlieues d’« apartheid sexuel » au sujet du voile, entre autres. Sachant son pouvoir plus délégitimé que jamais, Emmanuel Macron souhaite avoir comme chef de la Police un personnage bien plus droitier que Darmanin, pour organiser la répression contre le mouvement social. Notre article.
Retailleau, « la droite qui s’assume »
Son nom était évoqué par plusieurs journalistes depuis quelques jours. L’annonce officielle du Gouvernement a clos le faux suspense. Bruno Retailleau, chef de file des Républicains (LR) au Sénat, va prendre la suite de Gérald Darmanin place Beauveau. Ce réactionnaire vendéen mérite amplement son portrait dans l’insoumission.fr.
Né dans le Maine-et-Loire, il est vite repéré par Philippe de Villiers (soutien d’Éric Zemmour lors de la présidentielle de 2022), qui en fait son second au Puy du fou. Il suit aussi Philippe de Villers au sein de son parti, le Mouvement pour la France (MPF), dont il prend rapidement la vice-présidence. Il devient sénateur de Vendée en 2004, ce qu’il était encore jusqu’à aujourd’hui. En 2010, il s’éloigne du MPF pour rejoindre l’UMP (ex-LR, ndlr) en 2012. Il devient président du groupe UMP au Sénat en 2014.
Parmi les premiers soutiens de François Fillon, il est l’un des principaux cadres de sa campagne. Malgré les multiples défections suite au PenelopeGate, il fait partie de ceux qui restent sur le Titanic. Candidat pour la primaire de LR, en vue de l’élection présidentielle de 2022, il retire finalement sa candidature. Au 2ᵉ tour, arguant que « la droite n’est pas soluble dans le macronisme », il n’appelle pas à voter pour le chef de l’État. Inlassablement, il plaide pour une « refondation intellectuelle » de la droite.
À l’échelle internationale, Bruno Retailleau l’assume sans détours : « Il faut protéger le droit d’Israel à se défendre ». L’homme n’a pas supporté le mandat d’arrêt requis par le procureur de la CPI à l’encontre de Benjamin Netanyahu et a exprimé sa solidarité envers son régime génocidaire sur tous les tons.
IVG, PMA, thérapies de conversion : les (très) inquiétantes positions de Bruno Retailleau
Le nouveau ministre de l’Intérieur est connu pour être très conservateur. Ses nombreuses prises de positions sur les droits humains le confirment. Il s’oppose notamment à la loi autorisant le mariage homosexuel. « Je défendrai ma conception de la famille et la nécessité pour un enfant d’être élevé par un père et une mère », écrit-il le 12 septembre 2012. À la tribune du Sénat, il déclare : « Les grands perdants de cette réforme seront les enfants ! Je ne crois pas à la République des désirs ».
Témoignage de son aversion pour tout qui touche de près ou de loin aux personnes LGBT+, Bruno Retailleau retire en 2016 une subvention au centre LGBT de Nantes, organisant à l’époque le Cinépride. Bruno Retailleau étant, lui, président du Conseil régional des Pays de la Loire. Sans surprise, le nouveau ministre de l’Intérieur est opposé à la PMA. En 2021, il vote contre une loi dont l’objectif est d’interdire les thérapies de conversion visant les personnes LGBT+. Il s’oppose également à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, qu’il considère comme « superfétatoire », c’est-à-dire d’inutile.
À l’Intérieur, Bruno Retailleau sera pire que Darmanin
Pour Bruno Retailleau, le danger vient de « l’extrême gauche ». En mars 2023, il déclare : « Je me souviens qu’hier cette extrême gauche battait le pavé aux côtés des islamistes, et aujourd’hui ils battent la campagne aux côtés des cagoules noires. Je pense que la menace vis-à-vis de la République et de nos institutions vient de cette partie de l’échiquier politique ». Sans surprise, il ne donnera pas sa voix, jamais, au Nouveau Front Populaire.
L’extrême droite et ses petits nazillons qui défilent dans les rues peuvent dormir sur leurs deux oreilles. De même que les forces de l’ordre qui se rendraient coupables de violences policières. Pour le désormais premier flic de France, circulez, il n’y a rien à voir : « Je conteste le terme de violences policières ».
Comme son prédécesseur, il menace la Ligue des Droits de l’homme (LDH) de lui couper ses financements. Nous vous en parlions déjà dans nos colonnes. « Je pense qu’il faut remettre en cause les subventions de l’association si son action n’est plus conforme à son objet social », explique le nouveau ministre de l’Intérieur en avril 2023, estimant que la LDH « se perd dans les querelles et un certain nombre de problématiques d’extrême-gauche ».
Fervent défenseur de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il trouvait Manuel Valls trop mou, vis-à-vis du soutien de l’État au projet. Il qualifie les opposants au projet, tenants de la célèbre ZAD éponyme, de « minorité bornée et ultra-violente ». Il s’était alors dit prêt à utiliser la force pour expulser les zadistes.
Bruno Retailleau a été le premier à porter la fameuse loi dite « anticasseurs » au Sénat. Au départ, la loi visait à conférer le pouvoir au préfet d’interdire à une personne de manifester si elle représenterait une « menace pour l’ordre public » (article 3 de la loi). Des formules larges pour une répression maximale. Le Conseil constitutionnel avait fini par censurer la disposition, au grand dam de Bruno Retailleau.
Le nouveau locataire place Beauvau défend également une « révolution pénale » : peines de prison dès les premiers délits, majorité pénale à 16 ans, suspension des aides pour les parents n’assumant pas leurs « responsabilités éducatives ». Défenseur d’une ligne calée sur l’extrême droite à propos de l’immigration, il est partisan d’un référendum sur le regroupement familial. Il ne s’est pas gêné pour utiliser l’expression raciste « Français de papier » en juillet 2023. Après la mort du jeune Nahel, tué par un policier, il déclarait que c’étaient des « Français de papiers » qui avaient participé aux révoltes urbaines, parlant d’une « sorte de régression vers les origines ethniques ». Définitivement, Bruno Retailleau sera pire que Darmanin.
Par Nadim Février
Source : L’Insoumission
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