Qu’est devenu l’argent du Fonds Marianne ? Ce qu’ont découvert les journalistes de l’Oeil du 20 heures et Marianne
Le 29 mars dernier, une enquête des journaux Marianne et l’Oeil du 20 heures a révélé des informations concernant l’attribution opaque du Fonds Marianne initié en 2020 par Marlène Schiappa. L’une des associations sélectionnée par le préfet Chistian Grabel aurait obtenu près de 15 % des fonds alloués, soit un montant de 355 000 euros.
Un enquête en collaboration des journaux Marianne et France 2 du 29 mars dernier a révélé des informations sur le Fonds Marianne dont la création avait été annoncée en 2021.
Initié par Marlène Schiappa alors ministre déléguée chargée de la Citoyenneté en 2021, le Fonds Marianne avait été lancé en réaction à l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty le 16 octobre 2020. Il avait pour objectif de défendre les valeurs républicaines face au séparatisme sur Internet.
Durant 9 mois, les journalistes de l’Oeil du 20 heures (France 2) et Marianne ont enquêté sur la mystérieuse évaporation des plus de 2,5 millions d’euros du Fonds.
Une association sportive pour la lutte contre le séparatisme
Afin de soutenir les actions en ligne contre des dérives séparatistes sur Internet, le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), dirigé par le préfet Christian Gravel avait lancé un appel à projets. Près d’un mois plus tard, le préfet annonçait que 17 dossiers d’associations avaient été sélectionnés. Tout ça pour un montant de 2 017 600 millions d’euros.
Parmi elles, une société de production audiovisuelle, une association sportive ou encore un éditeur de bandes dessinées. Des associations dont le statut est assez éloigné de la lutte contre le séparatisme… Et une, a attiré l’attention des deux journaux : l’USEPPM ou Union des Sociétés d’éducation physique et de préparation au service militaire, créée au 19e siècle. Obtenir son nom ainsi que ceux des autres associations n’a pas été une mince affaire pour France 2 et Marianne puisque Christian Gravel refusait de communiquer les noms des lauréats.
Pour autant, selon les révélations des deux médias, 4 de ces organisations se partageraient à elles seules près d’1,3 millions d’euros, soit la moitié du Fonds Marianne.
De grasses rémunérations
Les deux médias ont alors regardé de plus près celle qui possédait la plus importante subvention : l’USEPPM qui aurait obtenu un montant de 355 000 euros soit 15 % des fonds alloués. L’association présidée par Cyril Karunagaran et Mohammed Sifaoui (Directeur de la communication d’Angers SCO) a été passée au peigne fin par les journalistes.
Selon les révélations, l’on reproche aux dirigeants d’avoir été rémunérés parfois 2 à 3 fois par mois. Pour au final atteindre un montant de 120 000 tous les deux. Pourtant ceci est contraire au statut de l’association : « Les membres de l’Union ne peuvent recevoir aucune rétribution à raison des fonctions qui leur sont confiées. » Mais Mohammed Sifaoui aurait assuré avoir embauché une dizaine de salariés en CDD et en piges : « L’argent qui a été capté par l’association est un argent qui a servi principalement aux salaires des geeks – qui ont produit du contenu – et du contre-discours à travers des comptes visibles et d’autres du trolling ». Seulement les relevés bancaires de l’association, que s’est procuré l’Oeil du 20 heures, n’en ont relevé que deux.
Autre flou : les réseaux sociaux de l’association. Un compte Instagram à 138 abonnés et une majorité de vidéos Youtube qui n’atteindrait pas les 100 vues. Depuis, Mohammed Sifaoui a contesté l’enquête menée par les deux médias.
Plusieurs enquêtes ont été lancées
Suite à ces révélations, une partie de la famille de Samuel Paty a réagi dans un communiqué. Celle-ci s’est dite « particulièrement heurtée » et a précisé que « le nom de Samuel Paty ne peut en aucun cas et en aucune manière être l’instrument de tels agissements ».
Le 29 mars denier, le secrétariat d’Etat à la citoyenneté a annoncé à France 2 avoir saisi l’Inspection générale de l’administration. Le ministère de l’Intérieur a lui effectué un signalement au Procureur de la République sur le fondement de l’article 40 du Code de procédure pénale. Et le CIPDR a engagé une procédure de vérification des comptes de l’Union.
Marlène Schiappa n’a pas répondu aux accusations des deux médias. Le cabinet de la ministre déléguée a d’ailleurs estimé que le Fonds Marianne ne relevait plus du domaine de celle qui posera pour la future une de Playboy, désormais chargée de l’économie sociale et solidaire (ESS) et de la Vie associative.
Manon Lozano
Source : Midi Libre
Laisser un commentaire