Quand faire ses courses coûte cher… en PV
Les attestations de circulation ne précisent pas la distance réglementaire pour aller faire ses courses. Des clients en ont fait les frais, et les forces de l’ordre peinent à discerner.
Cyrille s’en souviendra longtemps. Cet habitant de Lanester (56) s’est vu infliger une amende de 135 euros pour être allé faire ses courses à Lorient, et non dans un commerce plus proche de son domicile. À Plougastel-Daoulas (29), Valentine, elle, a été verbalisée pour avoir simplement traversé le pont de l’Iroise, parce qu’elle souhaitait faire un plein de courses dans un magasin spécialisé en produits surgelés… à seulement 4,5 km de chez elle : « Je respecte à fond le confinement, alors ça me met très en colère, cette histoire ! témoigne-t-elle. Je pense que je ne suis pas la seule dans ce cas… »
Et que dire de ces actifs qui, parfois, font leurs courses à proximité de leur lieu de travail, sur le chemin du retour à leur domicile, parfois même dans un département qui n’est pas celui où ils vivent : eux aussi s’exposent, en toute bonne foi, pourtant, à des amendes…
« Discernement »
Dans le Finistère, 150 à 200 contraventions sont dressées chaque jour en zone gendarmerie. En zone police, pour Brest, une centaine. Du côté des commandements des forces de l’ordre, la consigne est pourtant claire : « On demande à nos effectifs de faire preuve de discernement ». Pour autant, la tâche se révèle être « un véritable casse-tête », selon un gendarme. Quand un automobiliste est contrôlé avec des courses, il n’est théoriquement pas verbalisé. Mais si le véhicule est vide et que le conducteur est à plusieurs kilomètres de chez lui, l’amende tombe. « On n’a aucun moyen de contrôler si l’automobiliste est de bonne foi ou pas », poursuit ce gendarme.
« Certains se foutent ouvertement de nous »
Qui déplore le comportement désinvolte de certains : « On voit des gens aller chercher une demi-baguette le matin, puis une autre l’après-midi et une troisième le soir ! s’agace un autre responsable des forces de l’ordre. Certains se foutent ouvertement de nous… »
D’autres cas posent de vraies questions. Comme celui soulevé par un homme de confession musulmane, contrôlé loin de chez lui. « Il n’a pas de boucherie halal à proximité de son domicile. Il doit faire plusieurs dizaines de kilomètres pour aller s’approvisionner dans une grande ville voisine. Que fait-on ? Doit-on considérer qu’il peut manger du poisson ou d’autres aliments ? Et demain, on fait quoi avec les végans ? Et ceux qui mangent bio, sans gluten, sans OGM… ? Voilà à quoi on est confrontés chaque jour des dizaines de fois… »
Un gradé de la police se veut, lui, rassurant : « Tant qu’on n’a pas l’impression de se faire prendre pour des cons, on ne verbalise pas. Mais ce qui est certain, c’est que les consignes ne sont pas suffisamment claires, et induisent en erreur même les personnes les plus respectueuses de la loi ».
Source : Le Télégramme
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