Pour le général Soubelet, « nous payons une quarantaine d’années d’inaction, de renoncement et de soumission à la bien-pensance »
Le général Bertrand Soubelet en train de dédicacer son livre « Tout ce qu’il ne faut pas dire », à Saint-Jean-de-Luz le 7 mai 2016. Crédit : NICOLAS MOLLO/AFP/Getty Images.
Après l’attentat islamiste qui a fait quatre victimes à la préfecture de police, l’ancien responsable des opérations et de l’emploi à la Direction générale de la gendarmerie nationale a estimé que les institutions « confrontées à la présence d’individus qui sont sensibles aux causes islamistes et salafistes » devaient « prendre le taureau par les cornes » et réagir avec la plus grande fermeté afin d’écarter sans délai tout personne susceptible de constituer une menace pour la sécurité des Français.
Au cours d’un entretien accordé au média Boulevard Voltaire, le général Soubelet est revenu sur l’attentat islamiste perpétré par le terroriste Mickaël Harpon à la préfecture de police le 3 octobre.
Ancien numéro trois de la gendarmerie nationale en charge des opérations et de l’emploi, Bertrand Soubelet n’avait pas hésité à dénoncer les dérives du système judiciaire français pendant une audition devant la mission parlementaire d’information et de lutte contre l’insécurité de l’Assemblée nationale en 2013.
Le général de corps d’armée avait alors exposé avec franchise les difficultés rencontrées par la gendarmerie dans le cadre de sa lutte contre la délinquance. Un discours de vérité qui lui avait valu d’être écarté, sa carrière connaissant un coup d’arrêt aussi soudain que brutal.
« Personne ne veut parler de peur d’être menacé de harcèlement, d’être soupçonné de racisme ou d’islamophobie »
Un peu plus d’une semaine après l’attentat commis dans l’enceinte de la préfecture de police qui a coûté la vie à trois policiers et à un agent administratif, Bertrand Soubelet est revenu sur le contexte et les conséquences de cet attentat qui a vu pour la première fois un agent des services de l’État ayant épousé la cause de l’islam radical assassiner ses collègues.
« J’ai été marqué, comme tous les Français, par cet événement dramatique. Cet événement est un peu l’illustration de ce qui se prépare dans notre pays depuis de nombreuses années et de ce que, manifestement, les hommes politiques ne veulent pas voir puisque notre pays est dans le déni », a expliqué le général Soubelet à Gabrielle Cluzel.
« Beaucoup d’institutions sont confrontées à la présence d’individus qui sont sensibles aux causes islamistes et salafistes. C’est un sujet qui n’est pas nouveau, que tout le monde connait, mais que personne ne sait traiter correctement. Pour traiter un sujet de cette nature, il faut un minimum de courage et faire en sorte que, lorsqu’il y a des alertes, ce que l’on appelle des signaux faibles, ils soient pris en compte », a-t-il ajouté.
« […] Malheureusement, quand il s’agit de questions d’ordre confessionnel et en particulier de la religion musulmane, une pression psychologique s’exerce sur les uns et les autres. Personne ne veut parler de peur d’être menacé de harcèlement, d’être soupçonné de racisme ou d’islamophobie. Tout ça n’est pas sérieux », poursuit l’ancien élève de Saint-Cyr.
« Nous avons une difficulté dans notre pays : partout il y a des individus qui sont radicalisés, qui ne sont pas toujours identifiés, mais lorsqu’ils le sont, il est du devoir de l’État de prendre des mesures pour que ces individus soient écartés », renchérit l’auteur de l’ouvrage Tout ce qu’il ne faut pas dire : Insécurité, Justice : un général de gendarmerie ose la vérité.
« Il faut ouvrir les yeux, arrêter d’être dans le déni »
Pour le général Soubelet, le temps n’est plus à l’inaction mais à la fermeté vis-à-vis des personnels de l’administration qui présentent des signes de radicalisation : « Il est temps de réagir et de prendre le taureau par les cornes. »
« […] Il ne faut pas tomber dans le jeu des dépôts de plainte pour harcèlement. Vous avez beaucoup de gens qui, lorsqu’ils sont identifiés, disent : ‘Je vais porter plainte pour harcèlement’. Ils engorgent la justice et la judiciarisation de tous ces petits faits pose une vraie difficulté. […] L’administration a suffisamment de moyens pour pouvoir écarter un certain nombre de fonctionnaires qui présentent des difficultés », poursuit l’ancien numéro trois de la gendarmerie nationale.
« La question, c’est la cohérence. C’est-à-dire qu’il faut aller jusqu’au bout et avoir le courage de le faire », ajoute-t-il. « […] Il faut ouvrir les yeux, arrêter d’être dans le déni. »
S’il reconnaît que certains individus soupçonnés d’avoir épousé les thèses islamistes par leurs collègues ou leur hiérarchie n’hésitent pas à épuiser les recours juridiques pour éviter d’être mis à l’écart des administrations dans lesquelles ils travaillent, le général Soubelet estime qu’il est du devoir de l’État de « […] faire en sorte que l’on donne des directives au parquet » afin de les empêcher de profiter des failles du système.
« […] Je rappelle que dans notre pays il y a un parquet qui est hiérarchisé et donc il y a une politique pénale. Et cela fait partie de la politique pénale de dire : ‘Vous ne recevez pas les plaintes de cette nature sauf s’il y a un certain nombre d’éléments matériels probants qui permettent de le faire. Mais aujourd’hui, n’importe qui porte plainte sur ces sujets-là et comme tout le monde à la trouille, on instruit ces affaires et on fait perdre son temps à la justice. »
« Globalement, ce qui manque dans notre pays, mais pas seulement en ce qui concerne ces sujets-là, c’est le courage », estime le haut gradé.
« Il ne faut rien accorder à l’islam politique tel qu’il veut nous être imposé par les salafistes »
Revenant sur le sujet de l’immigration, le général Soubelet a considéré que les responsables politiques n’avaient, une fois de plus, « pas pris leurs responsabilités », préférant « éviter ou contourner » le problème depuis plusieurs années.
« Nous payons aujourd’hui une quarantaine d’années d’inaction, de renoncement et de soumission à la bien-pensance. Nous sommes intoxiqués par tous ces gens qui développent des théories droit-de-l’hommistes complètement stupides et qui vont à l’encontre de l’intérêt de notre pays. Je suis bien entendu pour le respect des droits de l’homme, mais dans tous les sens et ça ne peut pas aller que dans un sens », a-t-il affirmé.
« […] Notre pays est un pays historiquement d’immigration donc ça ne me pose pas de difficultés puisque nous avons déjà connu un certain nombre de vagues et nous en avons besoin, mais pas dans n’importe quelles conditions, pas n’importe comment. L’immigration doit être maîtrisée, après ce sont des choix politiques mais la maîtrise est absolument essentielle. Or, aujourd’hui, nous ne maîtrisons rien du tout, nous ne maîtrisons même pas l’immigration qui s’impose à nous, celle des réfugiés par exemple. Quand à l’immigration illégale, c’est très clair et très net : on ne peut pas pénétrer dans un pays et fonder une relation avec ce nouveau pays en enfreignant la loi au moment où l’on pose le pied sur le territoire. Celui qui est un immigré illégal n’a rien à faire sur notre territoire », poursuit Bertrand Soubelet.
« En revanche, ceux qui sont admis de manière légale, faisons en sorte qu’ils soient accompagnés et que l’on ne fasse pas de tous ces gens qui arrivent pour partager notre destin des gens déçus, maltraités et à qui l’on n’explique pas qu’il y a un certain nombre de règles qu’il faut respecter. Et s’ils ne les respectent pas, cela veut dire qu’ils ne sont pas d’accord avec notre contrat social national et qu’ils n’ont rien à faire chez nous. »
« Soyons clairs, soyons honnêtes, accompagnons ceux qui arrivent chez nous légalement, expliquons-leur les règles et lorsqu’ils ne les respectent pas, ils doivent s’en aller. Le discours doit être clair, il doit être humain, il ne doit pas être brutal mais il doit être clair. Cela fait trop longtemps que nous ne sommes pas clairs. Devenons un pays accueillant, mais aussi ferme et parfois sévère avec ceux qui ne respectent pas la loi », assure celui qui est désormais vice-président du mouvement politique Objectif France.
« Il faut tout accorder aux immigrés, y compris de confession musulmane, en qualité de Français, mais il ne faut rien accorder à l’islam politique tel qu’il veut nous être imposé par les salafistes et il faut être impitoyable sur ce point. »
« Les Français sont extrêmement sensibles aux valeurs que les militaires défendent »
Interrogé à propos des résultats d’un sondage dans lequel Boulevard Voltaire demandait à ses lecteurs de choisir parmi une liste de personnalités celle qu’ils considéraient comme la plus à même de « diriger le pays », Bertrand Soubelet a expliqué qu’il n’était pas surpris que le général Pierre de Villiers soit arrivé en tête des candidats plébiscités par les sondés.
« Ça fait plusieurs années que je sens que les Français sont extrêmement sensibles aux valeurs que les militaires défendent. Les militaires ont ceci de particulier qu’ils ont choisi de sacrifier leur vie pour leur pays. C’est un choix qui a des conséquences très importante sur le comportement, et notamment sur la place que nous accordons à l’homme dans notre réflexion et notre manière d’être. Il ne faut pas oublier qu’un chef a la responsabilité de la vie de ses hommes lorsqu’il part au combat. Cela donne une vision des choses et de la vie qui est totalement différente », a souligné le général de corps d’armée.
« Nous ne pouvons pas, nous militaires, notamment ceux qui ont exercé des responsabilités de haut niveau, avoir la même vision de la vie, de notre pays et de notre société que des hommes politiques parce que partout où nous sommes passés, partout où nous avons exercé des responsabilités, nous avons été responsables de décisions qui emportaient parfois la vie de nos hommes. Et cela change tout. Les Français savent cela et ils savent quelles sont les valeurs qui sous-tendent cette réalité-là. Par conséquent, ils se disent que les militaires sont des gens honnêtes, qui sont droits, qui ont le sens du pays, le sens de la nation, le sens du parcours historique de notre pays et, de manière assez naturelle, ils se tournent vers les militaires parce qu’ils savent qu’un militaire est un homme qui a une parole et qui la respecte. Ce qui n’est pas nécessairement le cas de tous les hommes politiques. »
« Quand il y a un militaire qui se signale par une action particulière, comme cela a été le cas de Pierre de Villiers par exemple, qui a été jusqu’au bout de son engagement, ils s’en souviennent et considèrent que c’est peut-être le modèle qui est susceptible d’apporter une plus-value et de donner une espérance aux Français », observe le natif de Saint-Jean-de-Luz.
« […] Contrairement à ce que certains hommes politiques croient, je pense que les militaires sont les plus grands démocrates de notre pays et probablement beaucoup plus que certains hommes politiques », conclut le général Soubelet.
Source : The Epochtimes.com
Note de la rédaction de Profession-Gendarme :
Rappelons que le général Bertrand SOUBELET a été l’ancien numéro 3 de la Gendarmerie Nationale et qu’en 2013 il avait déjà fait le buzz sur Profession-Gendarme avec l’article suivant : « Je ne veux pas cautionner certains chefs, qui pour être meilleurs que les autres, mettent en péril la santé des personnels. »
Rappelons également que le 1er septembre 2014, suite à son audition à l’Assemblée Nationale (18 décembre 2013) sur l’insécurité et de son constat sur la lutte contre la délinquance qu’il juge « incohérente » et « inadaptée » depuis de nombreuses années le Général Soubelet est sanctionné. Vous pouvez revoir cette audition en cliquant sur le lien suivant : Le général SOUBELET, n° 3 de la Gendarmerie s’exprime
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