Pièges d’Internet : la gendarmerie de Saint-Omer sensibilise les communes

Comme un particulier, une mairie peut être piratée, escroquée sur la Toile. Sans tomber dans la paranoïa, un minimum de bons sens et de rigueur permet de ne pas se retrouver sur la paille et d’éviter d’avoir des comptes à rendre aux administrés, voire à la justice. La compagnie de gendarmerie de Saint-Omer sensibilise les communes.

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La délinquance a toujours existé. Elle s’est adaptée à l’ère du numérique et c’est pourquoi la gendarmerie a décidé de sensibiliser. Les maires de l’arrondissement ont eu droit à une réunion spécifique. Mardi 9 juin, à Esquerdes, ce sont les employés de mairie qui étaient invités.

Pour l’adjudant-chef Frappart, « un code d’accès sur un post-it, c’est aussi risqué qu’une clé sous un paillasson ». Autre credo : la mise à jour régulière des ordinateurs, même si elle paraît longue. Un aspect spectaculaire du piratage est le défaçage. « Ce sont souvent des jeunes du Mahgreb, de 12 à 17 ans, payés grassement, qui changent la page d’accueil pour y mettre par exemple des photos de groupe islamiste et des slogans. Il faut donc aller régulièrement sur son site pour vérifier. J’ai entendu des employés de mairie me dire qu’ils n’y allaient que tous les six mois. »

Se méfier des systèmes partagés

« Il faut se méfier des systèmes partagés sur un disque dur dont le code est connu de nombreuses personnes. C’est un peu comme une voiture utilisée par plusieurs : en cas de procès-verbal, on ne sait pas qui était au volant. Une mairie du Calaisis s’est fait pirater des fichiers de cantine, de demandeurs d’emploi. »

Un ordinateur peut facilement être piraté par des supports externes. « Quand on introduit une clé USB dans une borne, on peut charger des virus. De même avec des appareils photos. Quand un administré ou un représentant arrive avec une clé USB dans une mairie, l’idéal, c’est de refuser. Sinon, il faut passer un antivirus après utilisation. Et méfiance : les trois quarts des antivirus proposés sur Internet sont piratés ! »

« La plus grosse faille entre la chaise et l’écran »

L’adjudant-chef Frappart note que « la plus grosse faille se situe entre la chaise et l’écran. Les pirates, comme aussi parfois les gendarmes, travaillent beaucoup à partir des réseaux sociaux où on apprend beaucoup de choses. Avec des éléments de vie privée, on entre en confiance avec ceux qu’on appelle ». On obtient ainsi des données confidentielles, on peut bénéficier d’un versement en se faisant passer pour un fournisseur.

« Vous êtes responsables de tout ce qui se passe dans une mairie !, insiste l’adjudant-chef Frappart. À chaque fois, il faut s’interroger, s’informer. Il faut signaler les faits à sa brigade de gendarmerie. Et, comme pour un vol pour lequel il ne faut pas nettoyer avant l’arrivée des gendarmes, il ne faut rien toucher pour éviter de faire disparaître des traces. »

Libre service, selfie, maisons ouvertes

Une mairie, pour permettre à des administrés de consulter des sites d’administration, avait mis un ordinateur à disposition, sans contrôle. « Quelqu’un est venu consulter des sites pédopornographiques tranquillement. La gendarmerie s’en est rendu compte lors d’une enquête. »

Ailleurs, une box a été installée à la médiathèque. « De base, une option Pay plus permet des achats sans carte bancaire. Des gamins ont dépensé pour 20 000 euros de jeux. Dans un autre endroit, la box a été retournée et placée contre la fenêtre, laissant apparaître son code. »

Dans une mairie, une employée s’est prise en photo et l’a mise sur Facebook. En arrière-plan, sur un post-it, il y avait le code du coffre-fort dont le contenu a été volé peu après.

L’adjudant-chef Frappart met en garde aussi contre les photos de maison à vendre où on voit des choses tentantes ou encore l’emplacement des systèmes d’alarme. « Évitez les mentions du genre : Nous ne sommes pas là en journée ou nous serons absents de telle à telle date. » Vigilance aussi pour des ventes comme celle d’une remorque. Il ne faut pas donner d’adresse ; mieux vaut convenir d’un rendez-vous sur un parking, car certaines remorques ont été volées au domicile des vendeurs.

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