Philippe, la Bible et le treillis

En paroisse, Philippe Lacotte porte la robe de prêtre. Mais à la BPIA de Chalon, il est en tenue militaire.  Photo B. M.

En paroisse, Philippe Lacotte porte la robe de prêtre. Mais à la BPIA de Chalon, il est en tenue militaire. Photo B. M.

Ancien gendarme, ordonné prêtre il y a un an et demi, Philippe Lacotte partage son temps entre sa paroisse et la base militaire de Chalon-sur-Saône.

Pour Philippe Lacotte, les rangers et le treillis ça n’a rien de très exotique. Le quinquagénaire a porté pendant 17 ans l’uniforme de gendarme, notamment à Louhans. Mais, lorsque les militaires le croisent à la Base pétrolière interarmées de Chalon (BPIA), certains sont peut être intrigués par l’insigne qu’il est le seul à porter : des lauriers entourant une croix. Philippe Lacotte n’est pas soldat. Ordonné prêtre il y a un an, il partage son temps entre son rôle d’aumônier militaire à la BPIA et la vie de la paroisse Notre-Dame en Chalonnais. Un rôle qui reste officieux puisque le prêtre n’est que « prêté » aux armées par le diocèse d’Autun.

L’appel aux âmes

Il y a un an et demi, nous avions rencontré Philippe juste avant son ordination. Il nous avait alors raconté son parcours atypique. L’histoire d’un gendarme, qui adorait son métier, qui n’avait pas mis les pieds à l’église pendant 30 ans, mais qui, un jour, a senti qu’il devait devenir prêtre. Il fut d’ailleurs le premier surpris par son appel, cette conviction logée au fond de son cœur et qui a changé sa vie. Le 30 juin 2013 à Autun, il est devenu le « père Lacotte ». Il préfère qu’on l’appelle simplement Philippe. Celui qui dans sa première vie portait une arme à la ceinture, entend aujourd’hui les fidèles en confession, prêche devant l’autel et consacre les hosties. Il ne cherche pas à être différent de ses collègues ou du curé de sa paroisse, mais il se sent néanmoins atypique : « J’ai encore un regard neuf sur le fonctionnement de l’Église, j’espère que ça durera. » Le CV du nouveau prêtre n’a d’ailleurs pas affolé les paroissiens : « Certains sont rassurés de savoir que j’ai eu dans le passé une autre vie. Ils n’ont pas peur de parler avec moi de sujets en dessous de la ceinture. »

Un prêtre qui aime être au milieu des soldats

En devenant prêtre, Philippe Lacotte n’a toutefois pas tourné le dos à la vie militaire. Deux demi-journées chaque semaine sont consacrées à son rôle d’aumônier. Ces jours-là, il endosse donc le treillis : « Je ne suis pas obligé, mais, en treillis, je suis comme les autres, c’est plus facile. » Dans son bureau de la BPIA, il organise les baptêmes des enfants de militaires catholiques, prépare les soldats au mariage ou échange de manière plus informelle avec ceux qui le sollicitent. Au milieu des soldats, le prêtre se sent plus à l’aise que dans une aumônerie. Il estime que son rôle est aussi de partager le quotidien de ceux qui, jamais, n’oseraient solliciter un rendez-vous à la cure.

Philippe aurait d’ailleurs aimé consacrer tout son temps à l’armée, devenir aumônier militaire à 100 %, vivre sur une base et partir en opération extérieure avec les troupes.

La semaine dernière, on lui a pourtant annoncé qu’il resterait dans sa paroisse à Chalon. Le prêtre s’oriente donc vers la « réserve citoyenne » qui lui permettra de conserver ses heures à la BPIA et sans doute aussi d’officier auprès de la compagnie de gendarmerie de Chalon : « C’est le Seigneur qui choisit ce qui est le mieux pour moi. Lui seul sait là où je suis le plus utile. »

Source : Le JSL

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