Paris: La transformation de deux casernes de la gendarmerie Nationale en logements fait débat

La caserne des Minimes dans le 3e arrondissement de Paris

La caserne des Minimes dans le 3e arrondissement de Paris – R.LESCURIEUX

«Jamais entendu parler», lance un gendarme en refermant la porte. A la caserne des Minimes (3e arrondissement), le sujet d’une possible récupération des locaux par la Mairie est soit totalement insoupçonné ou au contraire, connu comme le loup blanc.

«Un parking souterrain, une piscine, une caserne de pompiers… Nous avons tout entendu ici. Maintenant ce sont des logements qui vont nous faire partir? Nous verrons», peste un sous-officier de la gendarmerie qui habite depuis dix ans dans cette caserne de la Gendarmerie nationale.

Devant la grille en fonte, un autre gendarme s’indigne: «Nous entendons depuis des années que la caserne est vouée à être cédée à la Ville. Ce n’est pas encore arrivé mais le bail n’est pas définitif et l’Etat fait ce qu’il veut». Car si ce dessein aux accents de serpent de mer n’est pas encore officiel, il avance toutefois à grands pas, dans le sens souhaité par la Mairie.

«Ils ne sont pas dans l’obligation d’être logés à Paris»

«Nous sommes en fin de discussions avec l’Etat sur ce projet qui est en passe d’aboutir pour récupérer deux casernes de la Gendarmerie nationale qui appartiennent à la Ville et sont actuellement louées [les Minines et la caserne Exelmans dans le 16e arrondissement] afin d’en faire des logements, et notamment des logements sociaux», indique à 20 Minutes, un porte-parole de la ville.

Ces négociations interviennent dans le but affiché par la Mairie de produire 10.000 logements chaque année à Paris, dont 7.000 sociaux. La Ville a également signé des protocoles avec la SNCF, la RATP ou encore l’AP-HP. La fin du bail des deux casernes pourrait intervenir plus tôt que prévu, selon la municipalité: 2017 aux Minimes et 2018 à Exelmans, au lieu de 2019.

«Nous utiliserons tous les leviers pour améliorer l’offre locative à Paris». Lire l’interview de Ian Brossat, en charge du logement

Actuellement, dans chacun de ces lieux – en plus de certains services de la gendarmerie – vivent une cinquantaine de gendarmes avec leur famille. «Ils n’interviennent pas sur des missions de services publics sur le territoire parisien, donc ils ne sont pas dans l’obligation d’être logés à Paris», se justifie la Mairie de Paris. De quoi faire enrager certaines personnes possiblement concernées par la mesure.

«Nous avons une activité dans la capitale»

«Nous souhaitons rester là. Je travaille dans le secteur», affirme ce quarantenaire, qui  dit intervenir régulièrement dans le 20e arrondissement.  «Les gendarmes doivent habiter sur leurs lieux de travail, donc si nous intervenions ailleurs, nous ne serions pas logés ici», argumente-t-il. «C’est vrai qu’on ne prend pas part à toutes les missions à Paris mais nous avons une activité dans la capitale», atteste également l’autre sous-officier de la gendarmerie interrogé par 20 Minutes.

De son côté, le groupe UMP au Conseil de Paris monte au créneau pour la défense de ces casernes et de ses résidents. Philippe Goujon, Frédéric Péchenard, Claude Goasguen et Marie-Laure Harel et des élus du groupe UMP, vont en effet déposer un vœu lors du Conseil de Paris qui s’ouvre ce lundi. «La Gendarmerie nationale exerce des missions essentielles pour la sécurité de Paris et des Parisiens [et est] un maillon essentiel pour la gestion des crises comme les Français ont pu le constater en début d’année avec l’intervention du GIGN lors de la vague d’attentats», notent-ils.

La Mairie assure toutefois qu’une cellule de relogement pourrait être mise en place par la Préfecture de police de Paris. «C’est sûr qu’il faudra bien nous reloger», souffle un gendarme.

Source : 20 Minutes

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