Organiser le chaos pour empêcher l’alternance, est-ce raisonnable ?
Général (2s) Antoine MARTINEZ
Le verdict du premier tour des élections législatives, tombé le 30 juin au soir, était sans appel pour le président de la République : un désaveu total de sa politique qui s’est traduit par une déroute bien plus lourde qu’il pouvait l’imaginer car elle confirmait non seulement la débâcle de la macronie, distancée par les blocs de gauche et de droite, mais surtout une victoire retentissante de la coalition de droite et en particulier du Rassemblement national (RN) avec un résultat historique pour ce dernier laissant présager une possibilité d’alternance.
Avec un tel résultat, après celui déjà obtenu lors de l’élection européenne quelques semaines plus tôt, on peut imaginer la réaction de dépit et de ressentiment du président de la République qui n’avait pas du tout envisagé que le cordon sanitaire instauré depuis 50 ans à droite de l’échiquier politique sauterait, au moins partiellement, ni surtout que les partis de gauche et d’extrême-gauche extrêmement divisés réussiraient à s’unir en un Nouveau Front Populaire (NFP). Alors que jusqu’au dernier moment, les instituts de sondages confirmaient tous une victoire du bloc national, c’est à un coup de théâtre auquel les Français ont assisté en apprenant à 20h00, avec stupeur, celle du NFP.
En instrumentalisant de façon immorale et inappropriée la Constitution pour dissoudre l’Assemblée nationale – dissolution envisagée comme une mesure de confort – le président a ouvert la boîte de Pandore et plongé le pays dans une période de grande incertitude, de grande confusion sinon de grand danger. Ayant annoncé par anticipation qu’il ne démissionnerait pas quel que soit le résultat et se présentant comme le rempart face au chaos, le président, aux abois devant le verdict du premier tour qui l’a contrarié au plus haut point, a donc décidé de rendre le pays ingouvernable pour empêcher une possible alternance. C’est ainsi que la semaine d’entre-deux tours a été mise à profit pour élaborer des combinaisons politiciennes qui déshonnorent ceux qui se sont prêtés à cette manœuvre inqualifiable et ont conduit à une alliance entre la carpe et le lapin. Le mot d’ordre retenu par cette alliance qui éclatera rapidement, tant les oppositions sont patentes au sein même de NFP, était de tout faire pour faire barrage au RN.
Comment comprendre et comment admettre ce « contrat » de désistement réciproque adopté entre la macronie et le NFP ? Une grande partie des médias se sont d’ailleurs employés pendant cette semaine d’entre-deux tours à relayer et à entretenir avec zèle le discours de propagande de cette alliance contre-nature, avec, il faut bien le reconnaître, un certain succès si on tient compte du résultat.
C’est une véritable stratégie de manipulation des peurs qui a été engagée contre le RN pour détourner les votes et cette méthode sournoise de diabolisation a été appliquée servilement par ces médias. Comment pourrait-il en être autrement dans la mesure où ils ne peuvent continuer d’exister sans les subventions de l’État ?
Cette appréciation n’est d’ailleurs pas un fantasme puisqu’un des derniers ministres de la Santé, qui vient d’être élu sous la bannière du NFP, confirme ce rôle perfide exercé par les médias : « ma gratitude à la presse, je pense en particulier à la presse quotidienne régionale, aux antennes de France bleue et au journal Le Monde, mais aussi La Croix, Libé ou l’Humanité. Leur travail a été indispensable et à la hauteur de ce moment historique ». Devant une telle maltraitance de la démocratie, certains évoquant même un coup d’Etat démocratique, des questions se posent alors : les instituts de sondages qui ont affiché à l’unisson les mêmes tendances depuis plusieurs semaines et ce, jusqu’au dernier moment, ont-ils participé de façon très subtile à cette manipulation, sinon doit-on le coup de théâtre final à des fraudes réalisées au niveau de la centralisation des résultats ?
Par ailleurs, en matière de fraudes, les 3,2 millions de procurations établies (un record) étaient-elles toutes authentiques sachant que leur vérification a été rendue quasi-impossible par les modifications apportées par la loi ?
En tout état de cause, le résultat de cette dissolution décidée pour satisfaire un caprice n’est pas celui escompté. Il est, en outre, plus qu’inquiétant car cette décision débouche sur une situation de blocage avec l’instauration d’un système composé de trois blocs incompatibles sur le fond des dossiers prioritaires qui préoccupent les Français, à savoir le pouvoir d’achat, l’insécurité et l’immigration.
Une Assemblée sans majorité cohérente ne peut conduire qu’à un pays ingouvernable avec un gouvernement introuvable, invisible et d’avance impuissant. C’est une paralysie politique et une accélération de la dégradation de la société française qui sont ainsi annoncées. Le président a joué avec le feu car la France est à droite – la dynamique politique reste en effet à droite – et paradoxalement c’est le bloc gauche/extrême-gauche qui obtient le plus grand nombre de sièges. Comment comprendre et accepter de la part du président une telle alliance avec le NFP, noyauté par les islamo-gauchistes, pour empêcher une éventuelle alternance ?
Pourra-t-il s’accrocher au pouvoir quoi qu’il en coûte – pour faire quoi et avec qui – alors que dans son propre camp certains doutent, voire prennent leurs distances avec lui ? Si la cohabitation avec le RN est écartée, le président n’est pas pour autant sorti de l’impasse car il va falloir trouver, par des compromis, voire des compromissions, un semblant de majorité de circonstance, puis nommer un Premier ministre et un gouvernement.
Cela va prendre du temps. Il va, à n’en pas douter, essayer de gagner du temps grâce à la période des Jeux olympiques qui vient et alimentera les tensions et les divisions au sein du bloc NFP pour imposer ensuite sa vision. Une chose est certaine, les semaines et les mois qui viennent risquent d’être très agités car les Insoumis et leur chef, considérés comme les gagnants de ce second tour avec le bloc NFP, vont passer de la phase d’euphorie actuelle, voulant imposer un Premier ministre pour former un gouvernement et pouvoir, comme ils le croient, gouverner rapidement par décrets, à celle de déception et de frustration, voire de colère quand le président aura fait son choix.
C’est, en effet, lui qui choisira le Premier ministre et personne d’autre et il ne sera probablement pas issu des Insoumis qui prétendent pouvoir diriger le pays avec 75 sièges sur 577. Ils seront les premiers cocus de ce « front républicain » échafaudé pour faire barrage au bloc national.
Au-delà de la décision contestable de dissolution prise par un président plus soucieux de son pouvoir que de la France, le second tour des élections législatives, précédé de tractations méprisables et d’une campagne de propagande abjecte visant à faire barrage au parti arrivé en tête au premier tour, ébranle sérieusement la Vème République.
En effet, il a installé une tripartition incapable de dégager une majorité cohérente, rendant ainsi le pays ingouvernable. En fait, la France a été la grande absente de ces élections et la démocratie a été brutalisée avec l’accomplissement d’un véritable hold-up démocratique car les Français voulaient plus de liberté, plus de sécurité et moins d’immigration. Le résultat, c’est qu’ils pourraient avoir le contraire ! Le président aura réussi à transformer le pays qui penchait nettement à droite en une victoire factice de la gauche et de l’extrême-gauche (RN et alliés 10 110 084 voix ; NFP 7 005 499 voix ; Ensemble 6 314 609 voix). C’est un déni de démocratie qui rend cette nouvelle Assemblée nationale bien peu légitime et c’est impardonnable. Le président ne provoque-t-il pas lui-même le chaos qui vient, non seulement en décidant une dissolution de façon irrationnelle mais surtout, le résultat du premier tour ne lui convenant pas, en empêchant une possible alternance par une alliance avec le NFP ?
Cette démarche indigne ne conduit-elle vers un régime illibéral ?
Alors devant tant de compromissions et d’engagements contre-nature, devant tant de trahisons des institutions et des aspirations légitimes des citoyens, devant un tel fossé entre gouvernants et gouvernés, devant tant de frustrations et de désespoir créés, comment ne pas voir le risque d’une contestation, d’une protestation, voire d’une révolte considérées comme légitimes de la part de citoyens trompés ?
Le président n’a pas pris la mesure des conséquences de son acte. Tiendra-t-il ainsi jusqu’en 2027 ?
Le 09 juillet 2024
Général (2s) Antoine MARTINEZ
Source : Place d’Armes
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