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L’islamologue est convoqué mardi 5 juin pour son premier véritable interrogatoire devant les juges d’instruction. Il est également l’objet de deux plaintes, aux États-Unis et en Suisse.
L’islamologue Tariq Ramadan, le 26 mars 2016, à Bordeaux, lors d’une conférence. (MEHDI FEDOUACH / AFP)
Tariq Ramadan a été extrait de l’hôpital pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne), mardi 5 juin, pour être présenté à ses juges d’instruction. Le théologien musulman doit faire face à son premier véritable interrogatoire depuis qu’a éclaté les premières accusations à son encontre , il y a huit mois. Déjà mis en examen pour deux viols, dont un sur une personne vulnérable, l’intellectuel controversé pourrait l’être à nouveau dans un troisième dossier. On vous résume les trois plaintes visant l’islamologue en France, en plus des deux autres le ciblant aux Etats-Unis et en Suisse.
Henda Ayari : la première accusatrice
Henda Ayari a été la première femme à porter plainte , en octobre. À nouveau entendue fin mai, cette quadragénaire, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, est revenue sur sa version des faits . Elle décrit toujours un viol dans des conditions terribles, mais il ne se serait plus passé à la date ni à l’endroit qu’elle avait indiqué dans sa plainte initiale.
Henda Ayari et Tariq Ramadan ne sont d’accord que sur un point : ils ne se sont rencontrés qu’une seule fois. Pour le théologien, cette rencontre a été brève et sans rapprochement, au Bourget, près de Paris, après l’une de ses conférences. Pour Henda Ayari, c’était un soir, dans un hôtel parisien. Elle avait contacté le théologien pour lui demander des conseils religieux, alors qu’elle se séparait de son mari. Leur entrevue dans la chambre de l’islamologue a viré au viol avec gifle, morsure, crachat et étranglement, accuse-t-elle.
Il s’est jeté sur moi d’une façon très violente et ç’a été très traumatisant. Je me suis sentie en danger de mort. (…) À un moment, il m’a étranglée, il m’a coupé la respiration. J’étais persuadée qu’il me tuerait ce soir-là.Henda Ayarià franceinfo
La plaignante situait d’abord ces faits à la fin mars ou au début avril 2012, à l’Holiday Inn de la gare de l’Est. Elle évoque désormais un viol le 26 mai 2012, à l’hôtel Crowne Plaza, place de la République à Paris. Elle dit s’être souvenue de ces détails après avoir fouillé longuement dans ses notes, agendas et relevés de comptes. « On change d’hôtel, on change de date, bientôt on changera aussi d’auteur des faits. Tout ceci n’est pas sérieux », dénonce l’avocat de Tariq Ramadan, Emmanuel Marsigny.
« Christelle » : la plaignante handicapée
Trois jours seulement après l’ouverture de cette première enquête, une deuxième plainte pour viol est déposée à Paris contre Tariq Ramadan. La plaignante, qui dit avoir été violée par l’islamologue, est une quadragénaire, convertie à l’islam et handicapée, identifiée sous le prénom de « Christelle ».
L’agression remonterait cette fois au 9 octobre 2009 et se serait déroulée dans une chambre d’un hôtel de Lyon, comme le décrit avec force détails « Christelle » à Marianne . Le mode opératoire employé contre « Christelle » est le même que celui utilisé contre Henda Ayari, selon l’avocat Éric Morain, qui défend les deux plaignantes.
Selon le récit glaçant fait par la plaignante aux autorités, rapporté par Le Monde , le théologien l’aurait invitée dans sa chambre. Là, il l’aurait frappée au visage et sur le corps, avant de la forcer à une fellation et une sodomie. Il l’aurait ensuite violée une nouvelle fois à l’aide d’un objet.
Plus je hurlais et plus il tapait (…). Il m’a traînée par les cheveux dans toute la chambre pour m’amener dans la baignoire de la salle de bain pour m’uriner dessus. « Christelle »citée par « Le Monde »
L’alibi invoqué dans un premier temps par Tariq Ramadan est tombé. Le théologien a admis être bien arrivé le matin du 9 octobre 2009 à Lyon et non en fin d’après-midi pour une conférence, ce qu’au moins un témoin, qui était allé le chercher à l’aéroport, a confirmé. L’islamologue continue toutefois de contester les accusations de « Christelle ». Tariq Ramadan déclare l’avoir vue vingt à trente minutes dans le hall de son hôtel à Lyon, le 10 octobre 2009, alors qu’elle dénonce des faits commis la veille.
« Christelle » affirme que l’intellectuel est parti donner une conférence, après l’avoir violée, la laissant « prostrée » et emportant ses habits. La plaignante dit avoir pris la fuite le lendemain matin. La défense conteste cette version des faits. Elle a versé au dossier une photo de cette conférence où la jeune femme au 4e rang serait reconnue au quatrième rang. Une expertise a été demandée sur la photographie. « Absurde » , répond l’avocat de « Christelle ». « Ma cliente (…) n’a pas la même couleur de peau que la personne désignée, qui n’a pas non plus de voile alors que ma cliente le portait à l’époque à la demande de Tariq Ramadan . »
« Marie » : l’ex-escort girl
Une troisième plainte a été déposée en mars par une femme qui a témoigné sur Europe 1 sous le prénom de « Marie » . Cette musulmane vivant dans le nord de la France est une ancienne escort-girl de 45 ans qui a été citée dans l’affaire de proxénétisme du Carlton dans laquelle l’ex-ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn a été mis en cause avant d’être relaxé. « Marie » dit avoir cessé cette activité bien avant sa rencontre avec Tariq Ramadan.
« Marie » a décrit aux enquêteurs le même modus operandi que les autres plaignantes : une phase de séduction sur les réseaux sociaux à un moment difficile de sa vie, puis des rencontres tournant très vite à l’agression sexuelle violente. Les rapports sexuels brutaux et dégradants qu’elle relate auraient eu lieu entre février 2013 et juin 2014, en France, mais aussi à Londres et Bruxelles, souvent en marge de conférences données par le théologien.
Elle affime avoit été violée à neuf reprises et décrit entre autres une fellation forcée au cours de laquelle elle est agrippée par les cheveux, une séance d’humiliation dans une salle de bain où elle accuse Tariq Ramadan d’avoir uriné sur elle. « Marie » dit avoir été sous l’emprise de l’islamologue qui alternait les menaces et les excuses.
Il fallait que je lui obéisse, que je sois disponible 24 h/24, que je fasse tout ce qu’il me dise, prendre des photos dans des positions de soumission, à genoux pour lui demander pardon, l’appeler ‘maître’. »Marie »à Europe 1
« Il la connaît, il a eu une relation avec elle mais qui n’est pas celle qu’elle a décrite » , a déclaré à Reuters l’avocat du théologien. Cette femme a remis aux enquêteurs une robe sur laquelle il y a, selon elle, des traces de sperme de Tariq Ramadan. « Une expertise a été ordonnée » , a précisé Me Emmanuel Marsigny. Le résultat est attendu prochainement. La défense espère convaincre les juges de renoncer à la mise en examen, requise par le parquet.
Source : France TV Info
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