Obligation vaccinale : « Ce sont des vies qui sont brisées »
12 janv. 2023 PARIS
Angélique Vidallet exerçait le métier d’assistante sociale du personnel de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, avant d’être suspendue de ses fonctions à la suite de l’entrée en vigueur de l’obligation vaccinale des personnels des établissements sanitaires et médico-sociaux le 15 septembre 2021.
« J’ai été dans un chaos total pendant deux mois, dans l’incapacité de demander de l’aide et de réagir. Et puis j’ai commencé petit à petit à remonter la pente. J’ai intégré des collectifs et je me suis rendu compte que nous étions des milliers à être suspendus et à vivre cette situation. »
« J’ai trouvé un petit boulot saisonnier, ça m’a permis de survivre, de payer mes charges et d’avoir ce qu’il faut pour manger. Même si c’était moins que le SMIC, ça m’a permis de tenir. En avril 2022, j’ai décidé de me lancer en libéral dans ma profession et je me suis immatriculée comme auto-entrepreneur. Ça a pris du temps mais mon activité commence à démarrer, ce qui me permet d’avoir un salaire à peu près normal aujourd’hui », poursuit Angélique Vidallet.
Si la quadragénaire a réussi à rebondir, elle souligne que certains de ses collègues suspendus ont connu des situations dramatiques : « Beaucoup se sont retrouvés à la rue. Certains ont été obligés de vendre leur maison ou leur véhicule. Certains ont mis fin à leurs jours. C’est une réalité que beaucoup de gens essaient de cacher. »
Le jour de sa suspension, Angélique Vidallet a également appris une nouvelle qui l’a bouleversée, le décès de sa collègue Nancy N’Diaye, âgée de 37 ans et mère de deux enfants : « Elle a commencé à convulser chez elle devant son mari et ses enfants. Le temps que le SAMU arrive, il était trop tard, elle avait fait un arrêt cardiaque et ils n’ont pas pu la ranimer. » Pour Angélique Vidallet, le décès de la jeune femme pourrait potentiellement être le fait d’un effet indésirable, sa collègue ayant éprouvé des problèmes de santé inhabituels après sa deuxième injection. « Son décès était tellement anormal qu’une autopsie a été réalisée. Elle était jeune, en parfaite santé. L’autopsie a conclu qu’elle avait fait une embolie pulmonaire, ce qui avait entraîné un arrêt cardiaque. Même si l’autopsie a conclu que son décès restait inexpliqué, quand on est intellectuellement honnête, on ne peut qu’émettre l’hypothèse que ça puisse être lié à la vaccination, même si on ne peut pas être formel. »
Alors que le gouvernement refuse toujours de réintégrer les personnels suspendus, Angélique Vidallet estime que la position des pouvoirs publics n’est pas cohérente. « Des soignants vaccinés peuvent travailler en étant positif, par contre on continue et on persiste à refuser de réintégrer des soignants qui peuvent prouver qu’ils sont négatifs. On refuse de les faire travailler. On est clairement dans un abus incroyable. Il faut tout simplement reconnaître que c’est une erreur. »
Désabusée par le traitement qui lui a été réservé, Angélique Vidallet compte poursuivre le développement de sa micro-entreprise et n’envisage pas de retrouver son poste à La Pitié-Salpêtrière, même si elle venait à être réintégrée. « J’ai fait le deuil de ma carrière au sein de L’Assistance publique des Hôpitaux de Paris. Pour moi, il n’est pas question d’être réintégrée du fait de la manière dont j’ai été suspendue et de l’indifférence dont j’ai fait l’objet. » « On m’a remplacée sans me prévenir, on a mis toutes les affaires qui étaient dans mon bureau – même des affaires personnelles, pas uniquement des affaires de travail – dans des sacs-poubelle et on les a jetées à la déchetterie », explique-t-elle. Pour Angélique Vidallet, le délitement du système de santé ces dernières années serait d’ailleurs le fruit d’une « volonté politique ».
« Tout est en train de péter dans les hôpitaux. Les personnels qui sont sur place sont en service réduit. Il y en a plein qui se mettent en arrêt maladie, même des soignants qui exercent encore aujourd’hui. Les urgences sont complètement débordées, ce qui se passe dans les hôpitaux aujourd’hui est catastrophique et il n’y aucune réaction politique », conclut la quadragénaire.
Retrouvez le témoignage intégral d’Angélique Vidallet dans la vidéo.
00:00 Introduction
02:21 Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce qui est arrivé à votre collègue, Nancy ?
06:32 Quelle a été la réaction des autres membres de votre service en apprenant le décès soudain de votre collègue ?
07:55 Quel a été votre parcours depuis votre suspension ? Avez-vous été en mesure d’engager une reconversion ?
13:26 Quel regard portez-vous sur le refus de réintégrer les professionnels suspendus de la part de l’État ?
15:43 Comment faire le deuil d’un métier auquel vous vous êtes consacrée pendant autant d’années ? 16:40 L’État a-t-il pris la mesure du délitement des hôpitaux publics et des conditions de travail des soignants ?
Source : Youtube
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