Nouvelles révélations sur les petits arrangements de Richard Ferrand
Le ministre Richard Ferrand fait face à de nouvelles révélations. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Selon « le Monde », l’actuel ministre de la Cohésion des territoires, directeur des Mutuelles de Bretagne de 1998 à 2012, aurait tiré profit de sa fonction pour favoriser, dans le passé, ses propres intérêts et ceux de ses proches.
Les dossiers s’accumulent pour Richard Ferrand. Selon une enquête publiée ce mardi 30 mai dans les colonnes du « Monde », l’actuel ministre de la Cohésion des territoires aurait tiré profit, dans le passé, de sa qualité de directeur général des Mutuelles de Bretagne pour favoriser ses intérêts et ceux de ses proches. La nouvelle tombe au plus mal pour le ministre déjà pris dans une tourmente liée aux révélations du « Canard enchaîné » du 24 mai l’accusant d’avoir favorisé les affaires de sa compagne.
Selon le quotidien du soir, le ministre aurait mêlé, depuis vingt ans, vie publique et affaires privées. Les faits remontent à l’époque où Richard Ferrand officiait en tant que directeur général des Mutuelles de Bretagne de 1998 à 2012.
En 2012, il fait son entrée à l’Assemblée nationale. La même année, Joëlle Salaün, l’une de ses proches collaboratrices, lui succède au poste de directrice générale. Au passage, l’ex-directeur conservera un poste de chargé de mission auprès de la nouvelle directrice, qui lui rapportera 1.250 euros par mois pendant toute la législature, rapporte « le Monde ».
Petits arrangements entre amis
Par la suite, dès son entrée au Palais-Bourbon, le nouveau député embauche comme assistant un certain Hervé Clabon… qui n’est autre que le compagnon de Joëlle Salaün. « Un échange de bons procédés ? », s’interroge « le Monde », qui souligne par ailleurs que ce recrutement ne figure pas dans la déclaration d’intérêts de Richard Ferrand, transmise en 2014 à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Pourtant, Hervé Clabon l’assure : son travail a bien été rémunéré sur l’enveloppe budgétaire du député. Interrogé par le quotidien du soir, l’actuel ministre conteste pourtant toute irrégularité.
Autre petit arrangement : celui qui aurait bénéficié à sa compagne actuelle, Sandrine Doucen. Toujours selon les informations du « Monde », l’avocate de profession aurait bénéficié de plusieurs contrats et aurait même secondé Richard Ferrand à la direction des Mutuelles de Bretagne au début des années 2000. Problème : à l’époque, Sandrine Doucen s’apprêtait seulement à passer le concours d’avocat. Comme elle, l’ancienne épouse du ministre, Françoise Coustal aurait également bénéficié de contrats avec les Mutuelles en 1994, quelques années après le divorce du couple, rapporte encore « le Monde ».
Des marchés d’aménagements favorisés
Françoise Coustal, artiste peintre, aurait bénéficié d’un marché d’aménagement d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ouvert par les Mutuelles à Guilers, une commune proche de Brest. Elle aurait ainsi conçu les installations sonores et visuelles de la résidence. Si l’affaire ne revêt aucun caractère illégal, il reste que 1,66 million d’euros de subventions publiques ont été accordées pour l’équipement de cet Ehpad. Des subventions attribuées par le conseil général du Finistère où siégeait… Richard Ferrand de 1998 à 2011. Vous avez dit mélange des genres ?
Au passage, « le Monde » ajoute que Françoise Coustal a également été missionnée par les Mutuelles de Bretagne pour au moins deux autres chantiers : celui d’un centre d’optique à Concarneau en 2013 et l’aménagement du centre de soins des Mutuelles dans des locaux acquis à Brest par l’actuelle compagne du ministre. Une affaire sur laquelle s’attarde Mediapart, dans un long papier publié également ce mardi.
Ferrand condamne tous les soupçons du « Monde »
Face à ces révélations en série, la réponse du ministre ne s’est pas fait attendre. Dans un (long) communiqué, Richard Ferrand « réfute et condamne tous les soupçons » de l’enquête du « Monde ». Il estime par ailleurs que : « sous couvert de présentation objective de situations, cet article fait des amalgames et laisse place à tous les sous-entendus sans jamais rien démontrer ».
Employé en tant que chargé de mission auprès de la directrice des Mutuelles de Bretagne alors qu’il était à l’époque député, l’intéressé soutient notamment que « des centaines de députés et sénateurs conservent également et parfois pleinement leur activité professionnelle, ce qui me parait totalement bénéfique par opposition à celles et ceux qui ne vivent que de la politique ». Reste à savoir si l’argument sera aussi bien reçu par le président.
Source : L’Obs
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