Nouveau bras de fer police-gendarmerie à l’Intérieur
Un projet de réorganisation des forces de sécurité dans les régions Corse et Antilles-Guyane met le ministère en émoi, réveillant le vieil antagonisme police-gendarmerie.
Des unités de coordination, à vocation judiciaire, doivent être créées d’ici au mois de septembre en Corse, ainsi que dans la zone Antilles-Guyane.
Sous l’impulsion de Manuel Valls, les directions de la gendarmerie et de la police viennent de « proposer » la création de « structures communes », l’une destinée à lutter contre la criminalité organisée et le terrorisme en Corse, l’autre contre la violence dans les Antilles-Guyane. Ces nouvelles unités judiciaires doivent être opérationnelles en septembre prochain.
L’Intérieur est parti d’un constat difficilement contestable: ces deux régions concentrent des « réalités criminelles spécifiques », que l’Etat ne parvient pas à enrayer. D’où l’idée de mettre sur pied des structures de coordination.
Celle d’Ajaccio serait dirigée par le directeur régional de la police judiciaire, secondé par un gendarme: le commandant de la section de recherches. A l’inverse, dans les Antilles-Guyane, elle aurait à sa tête un général de gendarmerie, avec pour adjoint un policier: le directeur interrégional de la police judiciaire. Des groupes d’enquête mixtes seraient créés. La parité est donc strictement respectée. C’est bien ce qui inquiète les policiers.
Perte d’influence au profit de la gendarmerie
« La police judiciaire compte 5 000 personnes en France contre 1 500 personnes pour les sections de recherches de gendarmerie, insiste Christophe Rouget du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI, représentant les officiers). Mécaniquement, les policiers sont perdants. Une fusion des services induirait de meilleurs résultats. On lieu de cela, on fait du bricolage. » « Nous ne sommes pas opposés à une réforme, affirme pour sa part Emmanuel Roux, du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). Mais les arbitrages pris sans concertation nient les pôles d’excellence de la police judiciaire. »
Les conditions de confidentialité dans lesquelles le projet a été préparé six mois durant ont heurté les syndicats policiers, habitués à une plus grande cogestion du ministère de l’Intérieur. Souvent divisés, surtout dans une année électorale (les élections syndicales se dérouleront en décembre), ils ont cependant lancé une intersyndicale (1) en Corse.
Les gendarmes, eux, se gardent bien d’en rajouter, conscients de la perte d’influence de la police depuis l’arrivée de Manuel Valls place Beauvau.
(1) Synergie, Alliance, SGP Unité police FO, SNIPAT FO, SCSI, SCPN
Source : L’Express
REUTERS/Philippe Wojazer
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