Nîmes : le « gilet jaune » Roland Veuillet incarcéré au terme d’une audience surréaliste
Ambiance surréaliste ce jeudi au tribunal. MIDI LIBRE / H. R.
Jugé en comparution immédiate, le militant et « gilet jaune », Roland Veuillet a été incarcéré jeudi 12 décembre après-midi à l’issue d’une audience surréaliste qui s’est tenue devant le tribunal correctionnel. Le sexagénaire a été déféré jeudi matin après une garde à vue au commissariat pour acte d’intimidation envers un policier.
Il se qualifie « de prisonnier politique »
Annoncé vers 10 h 30 et finalement vers midi, le dossier devait être jugé dans le cadre d’une comparution immédiate où l’ensemble des faits reprochés à Roland Veuillet a été rassemblé pour une même audience. Aussi, l’activiste devait être jugé pour acte d’intimidation, participation à un attroupement après sommation de se disperser, entrave à la circulation des véhicules, rébellion, dénonciation calomnieuse et outrage ; le tout pour une période allant de décembre 2018 à décembre 2019.
Dès son arrivée dans le box, Roland Veuillet s’énerve et dit qu’il est « un prisonnier politique » et n’a rien à faire face au tribunal correctionnel. Dans la salle, de nombreux soutiens issus du monde syndical et de l’univers des Gilets jaunes auquel appartient le prévenu.
Me Salomé Perrier, son avocate demande au président le dépaysement du dossier vu qu’une partie des faits reprochés à son client concerne un policier de Nîmes. Elle pointe « une proximité entre le parquet de Nîmes et la police nîmoise » et le fait qu’au regard de « la justice européenne, le parquet n’est pas une autorité indépendante ».
« Roland, on sort ? » » Non, couchez-vous ! »
L’avocate demande aussi que Roland Veuillet sorte du box des détenus et puisse être jugé à la barre. Le prévenu reste finalement derrière les vitres du box encadré par des policiers. Mais il refuse de répondre au tribunal puis il se couche dans le box face à des policiers médusés et des juges décontenancés par l’attitude du prévenu.
Brouhaha et commentaires dans la salle. Le président demande l’évacuation du public mécontent du huis clos qui s’annonce. Les policiers invitent le public à sortir. Quelques récalcitrants refusent de s’en aller. « Roland, tu veux qu’on sorte ? », lancent-ils au prévenu couché dans le box. « Non ! Couchez-vous ! », répond-il à ses soutiens qui, à la demande des policiers du tribunal, finissent par quitter la salle d’audience sans heurts.
Il traite un fonctionnaire d’ivrogne
Roland Veuillet se relève mais tourne le dos au tribunal. Le président Brice Barbier prévient que s’il persiste à tourner le dos, le prévenu sera évacué dans la cellule. Roland Veuillet ne retourne pas. Son éviction du box est demandée. Il se couche. Les policiers parviennent à l’extraire du box. Le vice-procureur Patrick Bottero demande le placement en détention d’un prévenu qui a cinq précédents (affaires à juger) qui sont le fruit d’une montée en puissance d’infractions depuis le 22 décembre 2018.
Le magistrat évoque le refus de se disperser et un harcèlement à l’égard de certains fonctionnaires de police. « Il traite un fonctionnaire d’ivrogne et met en cause un commissaire », ajoute le parquet qui refuse de remettre en liberté M.Veuillet. « Si vous l’élargissez, il va immédiatement s’en prendre à un policier ». Dans la salle de nombreux magistrats assistent à l’audience marquée par les rebondissements. L’avocate des policiers, Me Castelbou estime que le prévenu est dans la provocation, « Il est dans le cirque ». Il a fait du « trouble à l’ordre public son fonds de commerce, il invective les forces de police ».
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