Nantes. Deux ans de prison pour un policier qui volait du matériel professionnel
(Photo archives Claude Prigent)
Un ancien adjoint de sécurité (ADS) a été condamné ce lundi à deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Nantes. Pendant plusieurs mois, il avait volé au commissariat central gilets pare-balles, bombes lacrymogènes et système radio, au profit de délinquants d’un quartier nantais.
Alan Dano, qui a déjà fait cinq mois de détention provisoire, ne retournera pas forcément derrière les barreaux d’une prison : il sera convoqué le 4 décembre devant un juge d’application des peines (JAP) qui décidera des modalités d’exécution de sa peine (incarcération, centre de semi-liberté, bracelet électronique…). Ce lundi, il a en effet été condamné pour vols à deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Nantes.
Entre janvier et août 2017, cet habitant de La Chevrolière (44), âgé de 27 ans, avait dérobé dans des bureaux du commissariat central de Nantes, une demi-douzaine de gilets pare-balles, des bombes lacrymogènes ou, encore, un système de radio utilisant les fréquences réservées aux policiers.
Poursuivis pour « association de malfaiteurs »
Il avait finalement été piégé le 27 août 2017 par sa hiérarchie qui avait laissé dans un bureau, de façon ostensible, un gilet pare-balles flanqué d’une balise GPS… Ce gilet, suivi « minute par minute » par les enquêteurs, avait finalement été retrouvé dans les mains d’un dealer notoire du quartier du Clos-Toreau, à Nantes, âgé de 29 ans.
La vidéosurveillance avait permis de constater que l’auteur du vol, qui travaillait à l’époque au commissariat de quartier de la Beaujoire en tant qu’adjoint de sécurité (ADS), avait accès aux locaux du commissariat central de Nantes grâce à un badge visiteur. Un troisième homme, un Nantais de 28 ans, était également mis en cause dans le cadre de l’enquête pour le « recel » du matériel de radio. Le parquet de Nantes avait décidé de poursuivre le trio pour « association de malfaiteurs », dans la crainte de la préparation d’un hold-up ou d’un attentat terroriste.
« J’ai des regrets tous les jours »
Ce lundi, devant le tribunal correctionnel, l’ADS a indiqué qu’il avait fait l’objet de « pressions » et de « menaces » de la part de délinquants du quartier du Clos-Toreau où habitait encore sa fille. Une version démentie par le dealer incriminé qui a juste admis avoir donné « trois sachets d’herbe de cannabis » contre le gilet pare-balles piégé, sans dire ce qu’il aurait pu en faire. « Sur le coup, j’ai été opportuniste », a-t-il assuré aux juges.
« J’ai des regrets tous les jours, dès que je vois une voiture de police passer », a déclaré pour sa part le voleur de matériel professionnel. L’ADS avait déjà fait l’objet d’un avertissement disciplinaire pour « abus de pouvoir », après avoir fait mention de sa qualité de policier lors d’une altercation avec un automobiliste sur le parking d’un magasin. Cet adepte du bodybuilding et de la musculation a aussi reconnu, lors de l’audience, avoir eu recours à des « compléments puissants » quand il était plus jeune. Des produits dopants et des seringues ont d’ailleurs été retrouvés dans l’un de ses sacs de sport.
« Brebis galeuse »… voire « mouton noir »
« Ces gilets pare-balles pouvaient favoriser les règlements de comptes qui ont lieu de manière fréquente et récurrente dans notre agglomération », a souligné de son côté le procureur de la République. « Cette brebis galeuse a délibérément collaboré avec des malfaiteurs… Il a trahi la confiance placée en lui par l’autorité publique et par la population ».
« Ce n’est pas une brebis galeuse, c’est un mouton noir », a ajouté l’avocat du dealer retrouvé en possession du gilet pare-balles. « Il continue de mentir, et de se mentir à lui-même : au moment des faits, il recevait avertissement sur avertissement… Il n’était pas fait pour ces fonctions, malgré ses muscles et son concours ».
Le cinquième policier condamné en un mois à Nantes
Présenté comme un « dépressif plus, plus, plus » par son avocat, l’ancien ADS s’est reconverti aujourd’hui comme artisan dans le bâtiment. Sa condamnation à deux ans de prison ferme a été assortie d’une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant les cinq prochaines années. Il devra aussi verser 150 € de dommages et intérêts à un policier dont le vol du gilet pare-balles avait « failli occasionner une sanction disciplinaire ». Quant au dealer, il a écopé de huit mois de prison ferme pour le « recel » des objets volés.
En l’espace d’un mois, c’est la cinquième condamnation prononcée par la justice qui sanctionne un fonctionnaire de police de l’agglomération nantaise. Le 12 octobre, un policier de nuit au commissariat d’Orvault avait écopé de six mois de prison avec sursis pour avoir pointé son arme de service sur son épouse qu’il harcelait son épouse depuis des années. Le 15 octobre, un autre policier avait été condamné pour avoir percuté un panneau publicitaire alors qu’il conduisait sa voiture en état d’ivresse, en dehors de ses heures de service. Le 25 octobre, un troisième policier avait été condamné pour avoir frappé un suspect en garde à vue au commissariat central. Enfin, le 2 novembre, un policier a été condamné pour des « appels téléphoniques malveillants réitérés », des « menaces de mort » et le « harcèlement » de son ex-compagne, comme lui fonctionnaire de police.
Source : Le Télégramme
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