Nantes. Ces plaintes pour « violences policières » qui n’aboutissent pas
À la conférence de presse de l’Assemblée des blessé-e-s. À gauche, Yves Monteil, blessé au thorax, présente un livre de photos sur les violences policières, à côté de l’avocat Stéphane Vallée ; à droite, Guillaume Pohu, blessé à la main. | OUEST-FRANCE
L’Assemblée des blessé-e-s par la police défend les personnes blessées lors des manifestations. Mais les plaintes n’avancent pas. Ou sont classés sans suite.
Décembre 2018. Guillaume Pohu, 33 ans, s’apprête à rejoindre un autre groupe de manifestants, dans le centre de Nantes. Rue Kervégan, un tir de lanceur de balle de défense (LBD) l’atteint à la main. Double fracture ouverte, arrachement des tendons extenseurs, 75 jours d’interruption de travail. « J’ai récupéré 50 à 70 % seulement des capacités de ma main », dit-il. Et depuis, le traumatisme est bien présent. Il n’ose plus revenir à Nantes tout seul.
Ils sont plusieurs comme lui, victimes de « violences policières », à être défendus par l’Assemblée des blessé-e-s par la police. Vendredi 28 juin, des membres de l’antenne locale, avec leur avocat, Stéphane Vallée, ont encore dénoncé « l’impunité » dont bénéficieraient les policiers.
« Les dossiers n’avancent pas »
En janvier dernier, l’Assemblée avait déjà attiré l’attention sur le cas d’Adrien, un Nazairien de 22 ans touché à la tête, cours des Cinquante-Otages. « Il reste très handicapé, en garde des séquelles », affirme Emmanuelle Lefèvre, dont le fils a été éborgné, en 2007, par un tir de LBD.
« Sa situation est ubuesque », précise Stéphane Vallée. Aucun élément de l’examen médico-légal n’a permis de déterminer ses jours d’interruption de travail : « Il ne peut pas travailler, pas s’inscrire à Pôle emploi, pas demander le statut de travailleur handicapé. »
« Les dossiers n’avancent pas », regrette l’avocat, qui accompagne six plaignants. C’était déjà le cas avec onze plaintes précédentes, datant des manifestations contre la loi Travail, dont certaines ont été classées sans suite. En l’absence de réponse pénale du parquet, en désespoir de cause, leur conseil s’est tourné vers le tribunal administratif, pour interpeller l’État « dans sa gestion du maintien de l’ordre ».
Source : Ouest-France
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