Municipales : la circulaire Castaner attaquée en justice, le Conseil d’État saisi
Conséquence d’une circulaire adressée aux préfets, seules les villes de plus de 9 000 habitants seront prises en compte dans les résultats nationaux par partis, excluant ainsi 96% des communes françaises du calcul.
Le gouvernement ne recule devant aucun subterfuge pour rendre La République en marche plus forte qu’elle n’est réellement, quitte à grossir artificiellement le score du parti présidentiel. C’est en tout cas l’intention du ministère de l’Intérieur, dont la circulaire remise aux préfets change les règles de classification des candidats, révèle France 2 dans son JT de 20 heures du 15 janvier. Dorénavant, le calcul national qui compile les scores en fonction des appartenances politiques ne s’opérera plus que pour les communes de plus de 9 000 habitants, soit 4% des localités françaises. Une manière de faire la part belle à LREM, qu’on sait plus populaire dans les villes qu’à la campagne.
Qu’à cela ne tienne : deux élus LR d’Auvergne-Rhône-Alpes, Alexandre Nanchi et Elisabeth Laroche, conseillers municipaux de deux communes exclues du dispositif, ont formé un recours en référé devant le Conseil d’État, rapporte L’Opinion le 18 janvier. Il sera examiné vendredi prochain, en vue d’une éventuelle suspension du texte controversé.
54% des électeurs écartés des statistiques
La stratégie de Christophe Castaner vise là à induire un biais statistique dans les résultats finaux, dont on sait qu’ils peuvent influencer l’opinion des Français. En temps normal, chaque candidat, qu’il soit investi par un parti ou sans étiquette, se voit attribuer par les préfectures une nuance politique, parmi une vingtaine existantes : Divers Gauche, Socialiste, Républicains, Régionaliste, etc. À l’issue du scrutin, leurs voix sont additionnées pour calculer les performances de chaque formation. Jusqu’alors, le calcul excluait déjà les scores des communes de moins de 1 000 habitants. En mettant 96% de ces localités de côté, c’est également le vote de 54% des électeurs que l’exécutif refuse de prendre en compte.
Interrogé par franceinfo, Olivier Marleix, député LR, n’est pas dupe de cette manœuvre. « On ne présentera pas le résultat complet du vote des Français, on présentera le résultat du vote des Français qui arrange le gouvernement », déplore-t-il. Pour se rendre compte de la manipulation, les dernières élections européennes sont un parfait exemple : en France, sur 34 listes candidates, le Rassemblement national était arrivé premier (23,3%), devant LREM (22,4%). Mais si l’on ne devait s’intéresser qu’aux communes de plus de 9 000 habitants (avec les sous-préfectures), le parti présidentiel caracolerait en tête (24,2%) avec presque 5 points de plus que le RN (19,4%).
« Cacher la faiblesse inévitable de LREM »
En mettant l’accent sur les chiffres de cette France des villes, « plus macroniste » que les campagnes, il y a « peut-être la tentation », de la part du gouvernement, de « cacher la faiblesse inévitable de LREM » aux municipales, selon le politologue Pascal Perrineau, joint par franceinfo. Également contacté, le ministère de l’Intérieur, lui, explique que les candidats dans les petites communes étant plus rarement affiliés à un parti, leurs scores n’ont pas grande importance dans les chiffres partisans.
Source : Valeurs actuelles
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